Tchad-Soudan
Deby appuyé par ses pairs de la CEMAC
(Photo : AFP)
De notre correspondante à N’Djamena
« Il serait judicieux que le gouvernement soudanais se préoccupe du sort de sa population du Darfour plutôt que de chercher à détruire le Tchad. » Le président tchadien s’est une nouvelle fois attaqué vivement au Soudan. Après avoir formulé le vœu que les réfugiés « croupissant sous le poids de la misère et de la psychose regagnent rapidement leur pays d’origine », il a lancé un appel afin que la province soudanaise soit placée sous mandat de l’ONU. Un discours vigoureux à la tonalité ferme, dans le sillage des propos et des démarches de l’Etat tchadien depuis l’attaque d’Adré, le 18 décembre dernier.
En l’espace de quelques jours, le Tchad a en effet déclaré qu’Omar el Bechir ne méritait pas d’exercer la présidence de l’Union africaine et que le Tchad ne se rendrait pas au sommet prévu dans moins de trois semaines a Khartoum. Au regard de cette position, la déclaration finale des chefs d’Etat d’Afrique centrale était donc très attendue. D’autant qu’en réussissant à faire venir, pratiquement au pied levé, trois chefs d’Etat africains, dont les deux poids lourds de l’Afrique centrale, Omar Bongo du Gabon et Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Idriss Deby a réussi un joli coup diplomatique. Par la même occasion, il a fait annuler purement et simplement le sommet qui devait se tenir a Tripoli sur le même thème avec Omar el Bechir.
« Le sommet de la CEMAC arrive trop tard »
Cependant, étant donné les attentes de ce sommet, les déclarations sont restées de portée assez générale et ont posé plus de questions qu’elles n’ont apporté de réponses. Les chefs d’état ont réitéré leur soutien au Tchad dans la crise que traverse le pays. « Il est inacceptable que, directement ou indirectement, par rebelles interposés, un pays déstabilise le Tchad, a affirmé Sassou Nguesso dans son long discours de clôture. Nous en appelons au conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour qu’il se saisisse dans l’urgence de ce dossier. » Preuve d’un soutien marquant, la CEMAC a également « pris acte de la décision du Tchad de modifier la loi 001 sur le pétrole et a incité la Banque mondiale a privilégier le dialogue avec le Tchad ».
Pas une seule fois le mot Soudan n’a été prononcé. Alors que le Tchad refuse d’assister au sommet de l’Union africaine, prévu à Khartoum dans un peu moins de trois semaines, les membres de la CEMAC n’ont toutefois pas prévu de le boycotter. Le Tchad refuse qu’Omar el Bechir prenne la présidence de l’Union africaine, mais rien n’a été dit sur cet aspect. Est-ce justement pour faire pression à plusieurs et réclamer qu’on élise un autre président ?, s’interrogeaient certains diplomates étrangers à la sortie du sommet. « Les pays africains sont conservateurs, ils n’aiment pas qu’on chamboulent leurs plans au dernier moment », soufflait l’un d’eux. « Le sommet de la CEMAC arrive trop tard, analysait un haut responsable tchadien. Vingt jours, ce n’est pas suffisant pour changer les esprits ». D’autres observateurs estimaient qu’au contraire cette solidarité affichée de la CEMAC allait porter ses fruits au moment du sommet de Khartoum et voyait comme un présage le fait que le président congolais Sassou Nguesso soit le seul chef d’Etat a avoir pris longuement la parole à la clôture du sommet.
par Stéphanie Braquehais
Article publié le 05/01/2006 Dernière mise à jour le 09/01/2006 à 19:26 TU