Tchad – Soudan
« Etat de belligérance »
(Carte : RFI)
De notre correspondante à N’Djamena
La tension monte chaque jour un peu plus sur la frontière entre le Tchad et le Soudan. N’Djamena se considère désormais en « état de belligérance » avec son voisin et prend à témoin la communauté internationale au moment où Khartoum s’apprête à prendre la présidence de l’Union africaine.
Jeudi dernier, Idriss Deby s’en prenait à son homologue soudanais Omar el-Béchir pour dénoncer une tentative de déstabilisation de son régime. Sur les lieux des derniers combats, à Adré (dans l’est du Tchad), le président tchadien s’est adressé à ses soldats mais aussi à la communauté internationale pour l’inviter à prendre clairement position. « Omar el-Béchir ne mérite pas d’assurer la présidence de l’Union africaine et encore moins d’accueillir le
L’UA (Union africaine) a annoncé l’envoi d’une mission de bons offices dans les deux capitales dans le but de désamorcer la tension. La délégation de l’organisation panafricaine est dirigée par Baba Gana Kingibe, le représentant spécial de l’UA au Soudan. L’UA dispose d’un contingent de plusieurs centaines de soldats déployés au Soudan, dans le Darfour (région frontalière du Tchad) qui est en proie à une guerre civile depuis de longs mois.
Le ton monte chaque jour
Le ton monte d’un cran chaque jour depuis une semaine, c’est-à-dire depuis l’assaut lancé par le Rassemblement pour la démocratie et la justice dirigé par Mahamat Nour contre la ville tchadienne d’Adré. Cette offensive a opposé les rebelles et les forces loyalistes pendant toute une journée.
Le bilan officiel, sans cesse revu à la hausse par les autorités tchadiennes, et « exagéré » selon certains observateurs, fait état de plus d’une centaine de morts. A l’hopital d’Adré, il n’y avait qu’une trentaine de blessés au lendemain des événements.
De la part du Tchad, le ton est sciemment guerrier. Pour autant, la « belligérance » ne signifie pas, si l’on en croit le porte-parole du gouvernement, que le Tchad est prêt à attaquer le Soudan mais que l’armée se réserve le droit de poursuite au Darfour et, si besoin est, combattra les forces gouvernementales soudanaises.
L’ambassadeur du Soudan à N’Djamena a été convoqué au ministère tchadien des Affaires étrangères et un « aide-mémoire » lui a été remis détaillant toutes les agressions subies par le Tchad ces derniers temps. Pendant ce temps, à New York, le représentant du Tchad auprès de l’ONU a écrit une lettre au Conseil de sécurité pour exprimer la position du Tchad et demander à la communauté internationale de l’appuyer.
Alors que les Tchadiens s’agitent et multiplient les déclarations, à Khartoum le ton est celui de la dénégation. Nous ne nous impliquons pas dans les affaires intérieures du Tchad , ont déclaré en substance les autorités soudanaises. « Nous sommes très surpris par tout cela », assure le secrétaire d’Etat soudanais aux Affaires étrangères, « tous les canaux de communication sont ouverts entre nos deux pays », ajoute Al Samani Ouassilah.
De son côté, le ministre tchadien de la Communication s’est également adressé aux Tchadiens de l’intérieur : « l’opposition légale doit prendre clairement position. Les Tchadiens doivent se mobiliser derrière leurs troupes. Toute attitude contraire serait synonyme de trahison, de complicité avec l’ennemi », a-t-il déclaré au cours de sa conférence de presse. Mention spéciale a été faite aux journaux privés qui, selon lui, encouragent la propagande faite par « l’ennemi extérieur ».
par Stéphanie Braquehais
Article publié le 25/12/2005 Dernière mise à jour le 26/12/2005 à 12:04 TU