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Pays-Bas

Solde migratoire négatif

Rita Verdonk, ministre néerlandaise de l'Intégration et de l'Immigration, s'est rendue célèbre par une série de mesures restrictives en matière d'immigration.(Photo: AFP)
Rita Verdonk, ministre néerlandaise de l'Intégration et de l'Immigration, s'est rendue célèbre par une série de mesures restrictives en matière d'immigration.
(Photo: AFP)
Jamais, depuis 1954, les Pays-Bas n’avaient été un pays de si forte émigration. En 2005, 110 250 résidents ont quitté le pays des polders, alors que 91 000 nouveaux immigrants s’y sont installés. Signe particulier de cette nouvelle vague migratoire : la moitié des candidats au départ ne sont pas des Néerlandais.

De notre correspondante aux Pays-Bas

Stabilisée autour d’une moyenne de 63 000 personnes par an entre 1994 et 2004, l’émigration a fortement augmenté ces trois dernières années, avec 69 000 personnes en 2003 et 75 000 en 2004. Cette tendance, conjuguée à une forte baisse de l’immigration, a abouti à un solde migratoire négatif depuis 2003.

Alors que le débat fait rage aux Pays-Bas autour de l’intégration des « allochtones non occidentaux », la moitié des émigrants n’est pas d’origine néerlandaise. Signe tangible d’un mouvement de retour des immigrés : 4 000 Turcs, 4 000 Antillais, 2 600 Marocains et 1 000 Surinamais ont quitté les Pays-Bas en 2004, selon les statistiques officielles. Ces dernières années, seules deux communautés issues de l’immigration traditionnelle ont vu leur nombre de ressortissants diminuer fortement : les Turcs (passés de 202 000 à 100 000 nationaux entre 1993 et 2003) et les Marocains (de 164 000 à 91 000 personnes).

« Partir, c’est la grande discussion du moment », confirme Abou Menebhi, à la tête d’Emcemo, l’une des principales associations marocaines d’Amsterdam. « Même les jeunes qui sont nés ici et qui ont de bons diplômes n’ont plus que cette idée en tête », ajoute-t-il. Le chômage, qui frappe 22 % des actifs dans la communauté marocaine, contre une moyenne nationale de 6,3 %, n’explique pas tout. « Dans la vie quotidienne, à la télévision, le climat s’est dégradé, poursuit Abou Menebhi. De nouvelles mesures sont sans cesse annoncées par Rita Verdonk, la ministre de l’Intégration, explicitement dirigées contre les étrangers ».

L’instauration d’un examen de « citoyenneté » obligatoire, en 2005, pour tester les connaissances en langue et culture néerlandaises de quelque 375 000 étrangers non naturalisés et arrivés dans le pays après 1975, a renforcé le sentiment d’exclusion. Un rejet plus durement ressenti par les communautés noires, originaires du Surinam et des Antilles néerlandaises. Selon une étude publiée en août dernier par le bureau d’études Intelligence Group, de plus en plus d’Antillais (78 %) et de Surinamais (53 %) âgés de 15 à 35 ans se sentent plutôt appartenir à la catégorie des « étrangers » qu’à celle des « Néerlandais ».

L’aventure est chez le voisin

La plupart des émigrants « autochtones », eux, sont poussés à partir par la crise économique. La récession et le climat politique, perturbé par les assassinats du leader de droite Pim Fortuyn en 2002 et du cinéaste Theo van Gogh en 2004, ont provoqué une crise de confiance chez les Néerlandais de souche. Les pays lointains et prospères qui faisaient rêver dans les années 1950, Canada et Etats-Unis en tête, ne sont plus à la mode aujourd’hui. L’aventure se joue désormais chez les voisins, à quelques heures de voiture. L’Allemagne, où résident 117 000 Néerlandais, est suivie par la Belgique (98 000 résidents) et les pays scandinaves.

En 2005, 45 000 entretiens d’embauche ont été dénombrés par l’Agence nationale pour l’emploi (CWI) pour des contrats à l’étranger, la plupart dans des pays d’Europe. Par ailleurs, sur les 700 000 Néerlandais qui résident à l’étranger, 200 000 sont des retraités, eux aussi adeptes de la proximité. Ils sont plus nombreux, aujourd’hui, à choisir la Belgique ou la Grande-Bretagne que l’Indonésie ou l’Afrique du Sud.


par Sabine  Cessou

Article publié le 10/01/2006 Dernière mise à jour le 10/01/2006 à 18:07 TU