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Territoires palestiniens

Le Hamas vainqueur

Les sympathisants du Hamas se sont regroupés pour fêter leur victoire.(Photo : Manu Pochez/RFI)
Les sympathisants du Hamas se sont regroupés pour fêter leur victoire.
(Photo : Manu Pochez/RFI)
Avec 76 sièges, sur 132, les islamistes du Hamas obtiennent la majorité absolue au parlement palestinien. Le parti historique Fatah, du défunt leader Yasser Arafat, obtient 43 sièges. Cette victoire du Hamas aux élections législatives de mercredi plonge la région dans une situation politique inédite. Si la nouvelle configuration régionale suscite l'espoir parmi les Palestiniens, elle soulève l'inquiétude au sein de la communauté internationale.

L’administration palestinienne sortante a reconnu sa défaite dès jeudi matin et le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï en a tiré les conséquences en démissionnant de ses fonctions. «Le président (Mahmoud) Abbas va charger le Hamas de former le nouveau gouvernement, auquel le Fatah ne participera pas», a indiqué le négociateur Saëb Erakat à l’issue d’un entretien entre le président de l’Autorité palestinienne et son chef de cabinet démissionnaire.

De son côté, le chef de file du Hamas a annoncé l’intention de son mouvement de «commencer très prochainement d’intenses consultations avec le président (…), les frères du Fatah et les autres groupes palestiniens pour s’entendre sur la nature du partenariat politique de la prochaine étape». Ismaïl Haniyeh a déclaré son intention de travailler avec le Fatah et les autres groupes palestiniens, y compris les radicaux du Jihad islamique afin de parvenir «à une formule satisfaisante pour tout le peuple palestinien».

Les réactions occidentales sont marquées par la surprise, l’inquiétude, l’embarras et la retenue. Le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère Javier Solana a renvoyé à lundi, date de la réunion du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères, le commentaire des Européens. De son côté, le chef de la diplomatie britannique a appelé le Hamas a faire un choix entre la voie du terrorisme et celle de la démocratie. «Est-ce qu’il parviendra à se transformer en un parti politique pacifique ? Si c’est le cas, il bénéficiera d’un soutien de la communauté internationale, qu’il aura mérité», a déclaré Jack Straw. Le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, a estimé pour sa part que cette victoire serait «très très négative», si elle se confirmait officiellement. Le ministre des Affaires étrangères français a, quant à lui, salué «une victoire de la démocratie», et appelé toutes les forces palestiniennes à «renoncer à la violence». Le président américain a déclaré de son côté qu’il refuserait de discuter avec le Hamas tant qu’il ne renoncerait pas à la destruction d’Israël.

Les réactions dans le monde arabe sont plutôt discrètes en raison de la menace politique que les islamistes font peser sur les régimes en place. Mais les commentateurs de la presse arabe estiment que les Etats-Unis et Israël, qui considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, évolueront sur le jugement qu’ils portent à l’égard du nouveau parti dominant palestinien, de la même façon qu’ils avaient modifié leur position vis-à-vis de Yasser Arafat.

Israël, enfin, a exhorté l'Union européenne à adopter une position ferme contre la création d'un «gouvernement terroriste». La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a lancé cet appel après avoir rencontré des responsables de l'UE, le plus important contributeur à l'aide financière aux territoires palestiniens. «Après la prise en charge de l'Autorité palestinienne par le Hamas, il incombe à l'Union européenne de parler sans équivoque et de dire qu'il n'y aura de la part de l'Europe aucune compréhension envers un processus qui signifierait la mise en place d'un gouvernement terroriste», a déclaré Tzipi Livni dans un communiqué.

par Georges  Abou (avec AFP)

Article publié le 26/01/2006 Dernière mise à jour le 27/01/2006 à 09:14 TU

Audio

Ovadia Sofer

Ancien ambassadeur d'Israël en France

«Les Palestiniens font marche arrière et élisent par une majorité écrasante un mouvement terroriste.»

[27/01/2006]

Ilan Halevy

Ancien vice-ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne

«Je ne suis pas surpris de la victoire du Hamas, je suis surpris de l’étendue de cette victoire.»

[26/01/2006]

Dominique Roch

Correspondante de RFI à Ramallah

«D’ores et déjà les responsables du Fatah affirment que le Fatah ne fera pas partie d’une coalition avec le Hamas.»

[26/01/2006]

Mahmoud Labadi et Pierre Shapira

L'ancien directeur général du Parlement palestinien et l'observateur européen des élections

«C’est plutôt une sanction du Fatah que la victoire du Hamas.»

[26/01/2006]

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