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Sri Lanka

Retour sur la voie du dialogue

Le médiateur norvégien Erik Solheim à sa descente d'hélicoptère à Kilinochchi, au cœur de la rébellion tamoule.(Photo: Mouhssine Ennaimi/RFI)
Le médiateur norvégien Erik Solheim à sa descente d'hélicoptère à Kilinochchi, au cœur de la rébellion tamoule.
(Photo: Mouhssine Ennaimi/RFI)
Le gouvernement et la guérilla séparatiste tamoule sont d'accord pour se rencontrer dès le mois prochain afin de re-discuter d'une meilleure mise en œuvre du cessez-le-feu signé en 2002. Il aura fallu plus de 200 morts dont une centaine de civils et une série de violences sans précédent pour que le gouvernement et la guérilla séparatiste prennent de nouveau le chemin du dialogue. Sous l'égide du médiateur norvégien, Erik Solheim, les deux parties ont accepté une rencontre au sommet à Genève.

De notre corresponsdant à Colombo

«Les deux parties sont d'accord pour se rencontrer afin de re-discuter de l'accord de cessez-le-feu et de sa meilleure mise en œuvre», annonce Erik Solheim, le ministre norvégien chargé de la médiation entre le gouvernement sri lankais et la guérilla séparatiste tamoule. Après plus de deux heures de négociations avec les caciques de la guérilla (dont Velipulai Prabhakaran, leader militaire du LTTE), l'émissaire scandinave est apparu devant la cinquantaine de journalistes venus pour l'occasion à Kilinochchi, au cœur de la rébellion tamoule. Les Tigres acceptent l'offre du gouvernement et la future rencontre devrait avoir lieu à Genève, dès le mois de février, soit quasiment quatre ans après la signature des accords de cessez-le-feu en 2002.

Depuis l'élection à la présidence de Mahinda Rajapakse, en novembre dernier, le pays connaît une vague de violence sans précédent. Plus de 200 personnes ont perdu la vie dont une centaine de civils. Attaques à la mine, attentats ciblés, batailles navales, le cessez-le-feu n'existait plus que sur le papier. Jaffna, Trincomalee, Manar, Vavuniya, Batticaloa, à l'exception de la capitale -Colombo-, aucune des grandes métropoles n'échappent aux agressions et aux violations flagrantes de la trêve. Au poste frontière, les soldats scrutent les véhicules.

Genève, la ville du compromis

Le gouvernement et les Tigres de Libération de L'Eelam Tamoul (LTTE) se livraient également à une véritable guerre de propagande en se renvoyant systématiquement la responsabilité des actes violents. Chacun martelait qu'il devenait urgent de se rencontrer, seul moyen d'arrêter la spirale infernale dans laquelle le pays s'enferme de plus de plus. Mais voila, aucune capitale mondiale ne convenait à la fois aux autorités et à la guérilla séparatiste. La venue d’Erik Solheim avait pour but de trouver un compromis. «Si les parties n'arrivent pas à trouver une table pour parler, comment voulez-vous qu'ils fassent la paix?», s'interroge Rangan, restaurateur à Vavunya près de la zone sous contrôle des Tigres.

En début de semaine, Erik Solheim a rencontré le président Mahinda Rajapakse avant de s'envoler à Kilinochchi pour discuter avec les dirigeants du LTTE. La nouvelle s'est propagée comme une traînée de poudre dans toute la ville et dans le tout le pays. «Vous savez, la plupart des gens pensait qu'il y allait avoir la guerre. Mais aujourd'hui la situation est complètement différente. Tout le monde sourit, les gens sont soulagés, de bonne humeur et la journée ensoleillée! Nous allons vers un nouveau climat politique», dit Gajendra, marchand de sandales au marché de Kilinochchi.

Des «éléments» contre la paix

«De notre côté, nous nous engageons à ce qu'il n'y ait pas d'actes violents causés par le LTTE et nous attendons la même chose de l'armée», affirme Anton Balasingham, responsable des négociations pour la guérilla. Dans une interview accordée à rfi.fr, le mentor de la cause tamoule, venu spécialement de Grande-Bretagne où il séjourne pour des raisons de santé, admet également que le tsunami a été une occasion ratée pour la réconciliation. Dans un élan de bonne volonté, la rébellion a même libéré un des trois policiers détenus en zone contrôlée par les Tigres.

Cependant, les problèmes de fonds ne sont pas résolus. Seule la ville où les délégations officielles doivent se rencontrer a été choisie. Il va falloir débattre des problèmes de fonds qui minent le processus de paix : la présence de groupes paramilitaires sur le terrain ainsi que la radicalisation des esprits. De plus, il est impératif de restaurer la confiance entre les deux parties tout en ne perdant pas de vue qu'il y a des éléments contre la paix. Peu de temps avant la visite d'Erik Solheim à Kilinochchi, plusieurs grenades ont explosé à Colombo. Elles n'ont occasionné aucun blessé mais elles montrent qu'il existe de réelles manœuvres hostiles à la réconciliation. Reste à espérer que cette nouvelle étape ne soit pas uniquement un sursis dans un conflit qui a fait plus de 60 000 morts en deux décennies.


par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 29/01/2006 Dernière mise à jour le 29/01/2006 à 19:58 TU