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Etats-Unis

Bush prône l’indépendance énergétique

Georges Bush veut développer les énergies non polluantes afin de réduire la dépendance énergétique des Etat-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient.(Photo: AFP)
Georges Bush veut développer les énergies non polluantes afin de réduire la dépendance énergétique des Etat-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient.
(Photo: AFP)
Dans son discours annuel sur l’état de l’Union, le président américain a décidé qu’en 2025, les importations de pétrole en provenance du Moyen-Orient auront diminué de 75%. Il s’agit pour les Etats-Unis de moins dépendre d’une région «instable». Les énergies alternatives et le nucléaire vont être développés. Des mesures qui rejoignent la lutte contre l’effet de serre.

Le président Bush veut réduire de 75% la dépendance de son pays à l’égard du pétrole en provenance du Moyen-Orient. Le président américain donne vingt ans à son pays pour atteindre cet objectif. Le pari semble audacieux. Les services fédéraux de l’Administration d’information sur l’énergie estiment cet objectif pratiquement impossible à atteindre. Pour eux, en 2025, le quart du pétrole disponible dans le monde viendra de cette région du Moyen-Orient. Il sera difficile pour les Etats-Unis de s’en passer. En tout cas, comme dans la lutte contre le réchauffement de la planète, le président américain compte, cette fois encore, sur les nouvelles technologies pour atteindre son objectif et réduire la dépendance énergétique de son pays.

« Nous avons un grave problème : l’Amérique est trop dépendante du pétrole qui vient souvent de régions instables du monde », a déclaré George W. Bush au cours de ce discours annuel. Des statistiques récentes montrent d’où vient le pétrole consommé aux Etats-Unis : Canada (numéro un), puis Mexique, Arabie Saoudite, Nigeria et Venezuela. Ces cinq pays représentent 67% des besoins américains.

L’Arabie Saoudite est le pays essentiellement visé par cette volonté de réduire les importations. Diminuer des trois-quarts la quantité importé de cette région du monde représentera un défi pour l’économie américaine. Le président Bush a d’ailleurs souligné que « garder l’Amérique concurrentielle demandera une énergie bon marché ». Actuellement, sans qu’il y ait de problème d’approvisionnement, les Américains sont déjà confrontés à l’augmentation du prix du baril. Les cours restent en permanence élevés sur les marchés mondiaux. Et l’essence a fortement augmenté, provoquant le mécontentement des automobilistes américains.

Pour dépendre moins du pétrole venant de l’étranger, les Etats-Unis vont donc relancer le nucléaire et développer des sources d’énergie alternatives. Dans son discours, le président Bush a déclaré : « La meilleure voie pour mettre fin à notre dépendance est la technologie. Depuis 2001, nous avons dépensé plus de 10 milliards de dollars pour développer des sources d’énergie plus propres, meilleur marché et plus fiables et nous sommes au seuil d’avancées extraordinaires ». Le chef de l’Etat américain fait allusion à la mise au point du moteur à hydrogène. La recherche avance à grand pas mais aucun prototype ne fonctionne encore avec cette nouvelle source d’énergie. Les spécialistes l’estiment prometteuse bien que sa mise au point pose encore de multiples problèmes. Cette innovation technologique, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du monde, sera décisive. Car s’il existe de multiples solutions pour produire de l’électricité ou du chauffage sans passer par le pétrole, pour le moment, les transports restent totalement dépendants de cette énergie fossile.

L’hydrogène, l’éthanol

Autre solution évoquée par le président américain pour échapper aux carburants fabriqués avec du pétrole : l’éthanol. George W. Bush appelle au développement de ce carburant végétal, « non seulement à partir du maïs, mais aussi de copeaux de bois, de plantes, d’herbes ». La biomasse pourrait donc sortir de la confidentialité et produire une partie des carburants. Le Brésil a montré, après le premier choc pétrolier de 1973, que des céréales transformées en alcool peuvent servir de carburant et réduire la dépendance au pétrole. Autres avantages, ces essences à base de végétaux sont renouvelables. La culture de ces plantes donne de nouveaux débouchés aux agriculteurs. Et en plus, ces essences ne polluent pas. « Notre but est de rendre ce genre d’éthanol utilisable et compétitif en moins de six ans », a précisé le président américain.

Dans son discours sur l’état de l’Union, George W. Bush a également annoncé une augmentation de 22% des fonds consacrés à la recherche sur les énergies non polluantes. Il s’agit du charbon propre, un procédé qui consiste à capter le gaz carbonique au moment de la combustion, avant qu’il ne s’échappe dans l’atmosphère. Comme les Européens, les Américains ont un important programme de recherche dans ce domaine. Le solaire et l’éolien devraient également se développer. Confrontée à des problèmes de pollution chronique et à un déficit en énergie, la Californie est déjà très engagée dans ces filières.

Le dernier volet de ce programme de développement d’énergies non fossiles est le nucléaire. Le président Bush souhaite la relance de cette «énergie propre et sûre ». Les Etats-Unis n’ont pas construit de nouvelle centrale nucléaire depuis l’accident de Three Mile Island, en 1979. Périodiquement, Washington annonce le redémarrage d’un programme nucléaire civil mais aucun projet n’a encore vu le jour.

Un plan bon pour la planète

En réduisant la part du pétrole dans leur approvisionnement énergétique, les Etats-Unis vont faire d’une pierre deux coups. S’ils parviennent à utiliser moins d’énergie fossile, leur part dans la pollution atmosphérique diminuera d’autant. « Notre pays peut améliorer de manière spectaculaire notre environnement, dépasser une économie basée sur le pétrole et faire de notre dépendance à l’égard du pétrole du Moyen-Orient une chose du passé », a résumé le président Bush.

La plupart de ces orientations concernant la stratégie énergétique américaine figurent déjà dans la loi sur l’énergie adoptée par le Congrès en août 2005. « Le président doit en finir avec des promesses creuses et agir véritablement pour réduire notre dépendance à l’égard du pétrole étranger, l’avenir des Etats-Unis en dépend », a commenté le démocrate Ed Markey, élu du Massachusetts à la Chambre des représentants.

Autre commentaire, celui du sénateur démocrate de New York, Chuck Schumer : « Le président a déclaré que les Américains étaient dépendants du pétrole, mais son administration est dépendante des compagnies pétrolières et nous n’arriverons jamais à cette indépendance énergétique tant que l’administration n’aura pas brisé sa dépendance ». L’opposition démocrate doute de la sincérité du président américain, issu des milieux pétroliers texans. George W. Bush a la réputation d’agir sous l’influence du lobby pétrolier.


par Colette  Thomas

Article publié le 01/02/2006 Dernière mise à jour le 01/02/2006 à 17:51 TU