Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis

George Bush tente de remonter la pente

Georges Bush enregistre dans les sondages 43% d'opinions favorables. A ce jour, aucun président américain, à l'exception de Nixon, n'a connu une cote de popularité aussi faible.(Photo: AFP)
Georges Bush enregistre dans les sondages 43% d'opinions favorables. A ce jour, aucun président américain, à l'exception de Nixon, n'a connu une cote de popularité aussi faible.
(Photo: AFP)
Enlisé dans les sondages, George Bush a dressé un tableau optimiste de la situation des Etats-Unis, tant sur le plan intérieur que sur le front irakien, lors de son discours sur l’état de l’Union.

De notre correspondante aux Etats-Unis

A l’exception de Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, aucun président n’avait, en entamant sa sixième année de présidence une cote de popularité plus basse que celle de George W. Bush aujourd’hui. A la même époque, Ronald Reagan enregistrait 65 % d’opinions positives, Bill Clinton volait à 68 %. Le président américain actuel campe lui à 43 %, soit selon CNN huit points perdus depuis son discours sur l’état de l’Union de 2005.

Dans son discours de l’Union, George Bush a donc cherché à remonter la pente en cultivant l’image qui lui avait réussi pour sa campagne de réélection : celle d’un dirigeant aux commandes. A 18 reprises, il a répété le mot « leader » et ses dérivés. Le chef de l’Etat a défendu les choix les plus controversés de sa présidence, de la guerre en Irak jusqu’aux écoutes secrète de l’agence de sécurité américaine NSA, en réclamant la reconduction des lois anti-terroristes qui forment le Patriot Act. La formulation était sinueuse : la lutte contre le terrorisme est le sujet sur lequel George Bush et le parti républicain affichent la plus large avance sur leurs rivaux, mais la guerre en Irak est de moins en populaire, y compris chez les Républicains. A 16 reprises, il a parlé de l’Irak et des Irakiens, mais a parlé plus souvent de « victoire » (cinq fois) que de « guerre » (deux fois). Lorsqu’il a refait le point sur « l’avancée de la liberté » et des nouvelles démocraties, George Bush a insisté plus volontiers sur les élections égyptiennes et libanaises que sur celles de Palestine, qu’il a mentionnées pour appeler le Hamas à désarmer.

Depuis une semaine, la Maison Blanche est passée de la défense à l’attaque sur la question du programme d’écoutes secrètes de la NSA. Le discours de l’Union a poursuivi  dans cette ligne. Défendant ses prérogatives présidentielles, George Bush a affirmé que deux des pirates de l’air du 11 septembre avaient eu des conversations téléphoniques avec des membres d’Al-Qaïda avant les attaques, « mais nous n’avons pas connu leurs plans avant qu’il ne soit trop tard », laissant entendre que les écoutes permettraient de détecter de nouvelles menaces à temps.

L’échéance de novembre 2006

Loin des déclarations spectaculaires du précédent discours de 2002, où il avait dénoncé la présence d’un «axe du mal», son intervention d’hier, plus modérée, était aussi celle d’un chef de parti, alors que les élus républicains s’inquiètent de l’impact de la chute de la popularité du président sur leur sort aux élections de mi-mandat de 2006. Le président s’est montré optimiste sur l’économie américaine «en bonne santé et vigoureuse», saluant la création de plus d’emplois aux Etats-Unis au cours des 30 derniers mois «qu’au Japon et dans l’Union européenne réunis». La Nouvelle-Orléans a été survolée en quelques phrases, sans que le mot de Katrina ne soit prononcé.

George Bush a mis un bémol sur certaines de ses marottes qui pourraient lui aliéner les électeurs aux élections de novembre. Sur le terrain de l’immigration par exemple, sujet de division chez les Républicains, il n’a plus parlé de son programme de visas temporaires accordés à des clandestins mais de la nécessité d’une meilleure «protection des frontières.»

Gages à droite et gestes au centre

La présence dans la salle de la nouvelle Cour suprême, un cran de plus vers la droite grâce à la confirmation le matin même de la nomination du nouveau juge conservateur Samuel Alito, a galvanisé sa base : les représentants républicains se sont déchaînés en applaudissements à chaque mention de la Cour.

George Bush est aussi revenu sur la nécessité de réformer le régime des retraites par une pirouette : il a mentionné l’arrivée à l’âge de la retraite d’une génération de 78 millions de baby-boomers, parmi lesquels « deux des préférés de mon père : moi et le président Bill Clinton.» A la mention de son mari, la sénatrice de l’Etat de New York a cligné des yeux dans la salle. A un autre moment, les caméras ont inopinément filmé Hillary Clinton mâchant un chewing-gum. Ce fut un des seuls moments de surprise de la soirée.


par Guillemette  Faure

Article publié le 01/02/2006 Dernière mise à jour le 01/02/2006 à 12:32 TU