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Etats-Unis

Le conservateur Alito en route pour la Cour suprême

Les dix républicains siégeant au comité judiciaire du Sénat, soit la majorité, ont approuvé la nomination du juge conservateur Samuel Alito à la Cour suprême.(Photo : AFP)
Les dix républicains siégeant au comité judiciaire du Sénat, soit la majorité, ont approuvé la nomination du juge conservateur Samuel Alito à la Cour suprême.
(Photo : AFP)
Le comité judiciaire du Sénat a approuvé sa nomination. Elle n’a plus qu’à être approuvée par l’ensemble des sénateurs dont la majorité lui est acquise.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Alors que des représentants de groupes de planning familial manifestaient devant le Sénat, le juge conservateur Samuel Alito a fait un pas de plus vers son entrée à la Cour suprême lorsque sa nomination a été approuvée lors d'un vote de la commission judiciaire du Sénat. Les dix républicains siégeant à la commission ont voté pour lui, contre aucun des huit sénateurs démocrates. Si le vote en séance plénière, qui doit avoir lieu en fin de semaine ou en début de semaine prochaine, suit aussi fidèlement les lignes partisanes, la majorité républicaine du Sénat devrait confirmer sans problème la nomination de Samuel Alito.

Seul dernier recours démocrate possible : un «filibuster», le droit donné à la minorité de débattre indéfiniment, équivalent à un pouvoir de blocage. Mais les sénateurs de l’opposition n’ont pas laissé entendre qu’ils prévoyaient d’utiliser cette manœuvre politique. L’opinion américaine ne serait probablement pas disposée à les suivre : un sondage CNN-USA Today indique que 54 % des Américains sont favorables à la nomination d’Alito à la Cour suprême. Les républicains ont déjà défendu leur candidat en dénonçant le pouvoir d’obstruction des démocrates. John Cornyn,  sénateur républicain du Texas, a ainsi brandi la photo prise lors des auditions de la femme d’Alito en larmes alors que son mari passait sur le grill des questions démocrates.

Un rôle central

La dernière nomination d’un juge de la Cour Suprême, John Roberts, avait été approuvée avec 78 votes contre 22, dont la moitié des votes des démocrates au Sénat. Cette fois-ci, près de cinq mois plus tard, un seul sénateur démocrate s’est déclaré prêt à voter pour Alito. Le premier vote était politiquement moins controversé pour plusieurs raisons. D’abord John Roberts, conservateur présumé, devait remplacer William Rehnquist, également conservateur : l’équilibre politique de la Cour ne changeait pas. Tandis que Samuel Alito, conservateur assumé, va hériter du siège de Sandra Day O’Connor, jusque-là le centre idéologique d’une Cour à neuf votes, alignant sa position tantôt sur celle de la gauche, tantôt sur celle de la droite. Les neuf sages de la Cour suprême étant nommés à vie et le juge Alito ayant 55 ans, c’est pour de longues années que sa nomination pourrait ancrer la Cour à droite.

Enjeux politiques

«Ce président veut emmener cette cour encore plus à droite qu’elle ne l’a jamais été au cours des dix dernières années», s’est inquiétée la sénateure démocrate de Californie Dianne Feinstein. Enfin, même si son simple choix par George Bush laissait entendre que John Roberts partageait sa couleur politique, il n’avait pas encore eu beaucoup d’occasions d’exprimer ses positions politiques dans sa carrière. Tandis que, de l’avis démocrate, le travail d’Alito pour le gouvernement Reagan et les décisions qu’il a rendues pendant ses 15 ans de carrière comme juge fédéral porteraient les traces de ses intentions de renverser le droit à l’avortement, de sa «vision expansive» de la fonction présidentielle et de ses dispositions à rogner sur les libertés individuelles.

A défaut d’arriver à bloquer sa candidature, les démocrates tentent de faire de la nomination d’Alito un épouvantail républicain en vue des prochaines élections du Congrès qui doivent avoir lieu en fin d’année. «J'ai peur que cette nomination menace les droits et libertés fondamentaux de tous les Américains, maintenant, et pour les générations à venir», a ainsi déclaré le sénateur démocrate Patrick Leahy, numéro deux de la Commission. Le sénateur républicain de Caroline du sud, Lindsey Graham, s’en est pris aux démocrates qui reprochent à Alito ses sensibilités conservatrices en déclarant : «Qu’est-ce que vous espériez que le président Bush ferait après sa victoire ?».


par Guillemette  Faure

Article publié le 25/01/2006 Dernière mise à jour le 25/01/2006 à 13:04 TU