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Etats-Unis

Cour suprême : Samuel Alito tente de convaincre

Samuel Alito répond à la question d'un sénateur durant une audition à Washington, le 11 janvier 2006.(Photo: AFP)
Samuel Alito répond à la question d'un sénateur durant une audition à Washington, le 11 janvier 2006.
(Photo: AFP)
Les auditions du juge Samuel Alito devant le Sénat, pour sa nomination à la Cour suprême, se poursuivent à Washington. Les démocrates, qui le considèrent comme très conservateur, n’ont pas encore montré qu’ils étaient capables de lui barrer la route. Le président George W. Bush a choisi ce catholique conservateur pour remplacer la juge démissionnaire Sandra Day O'Connor, qui établissait jusque-là l’équilibre parmi les neuf membres de la Cour. Son entrée à la Cour ferait donc pencher l’institution un peu plus dans le camp conservateur.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Extrêmement prudent pendant ces deux premiers jours d’auditions par la commission sénatoriale des affaires judiciaires, le juge a produit des réponses suffisamment évasives pour ne pas passer pour un extrémiste. Principal sujet d’inquiétude des démocrates : le droit à l’avortement. Samuel Alito, y est opposé à titre personnel, ce qui lui vaut le soutien de la droite chrétienne. Mais, parmi les dix républicains et huit démocrates que compte la commission des Affaires judiciaire, la plupart des démocrates et des républicains modérés y sont favorables. Pendant le jeu des questions-réponses, des sénateurs démocrates ont insisté pour savoir s’il chercherait à revenir sur la décision de la Cour suprême de 1973 légalisant le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Samuel Alito est resté volontairement vague, indiquant qu’il reconnaissait la force des précédents avis de la Cour, mais aussi qu’il comptait garder l'« esprit ouvert » sur le sujet.

Autre sujet brûlant qu’il a prudemment contourné : celui des écoutes sans mandat, autorisées par le président Bush. Interrogé sur les limites du pouvoir du chef de l’exécutif, le candidat a bien reconnu que le président n’était pas au-dessus de la loi, mais n’a pas voulu se prononcer lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que la Maison Blanche avait été trop loin en court-circuitant l’autorisation du Congrès. Il a dit ne pas en savoir suffisamment sur le cas pour pouvoir produire un avis.

Le passé disséqué

Faute d’obtenir un faux-pas sur les grands sujets, ses détracteurs démocrates se sont, après avoir épluché sa carrière judiciaire, concentrés sur son appartenance, du temps où il était étudiant à l’université de Princeton, à un club d’étudiants conservateurs opposé à l’entrée des femmes et des minorités à l’université. Samuel Alito a justifié sa carte de membre de l’époque en expliquant qu’il était alors, comme tous les membres du club, opposé à l’interdiction des entraînements militaires sur le campus. Le ténor démocrate Ted Kennedy insiste pour obtenir plus de documents de cette période. Alors qu’un républicain compatissait sur l’épreuve que pouvait représenter la dissection de ces années-là pour le candidat, l’épouse d’Alito a rapidement quitté la salle en larmes.

Seul sujet sur lequel Samuel Alito s’est montré précis : son refus des décisions de justice fondées sur la jurisprudence étrangère. La Constitution selon lui, ne doit pas être « interprétée en sondant les autres pays du monde. » La remarque était une critique implicite de la dernière décision de la Cour suprême interdisant l’exécution de criminels mineurs puisque la décision votée à 5 voix contre 4, s’appuyait entre autres sur les standards internationaux.

Les auditions devaient reprendre jeudi. La commission judiciaire du sénat devra ensuite se prononcer mardi pour ou contre la nomination de Samuel Alito, avant que le Sénat en séance plénière soit appelé à voter à son tour.


par Guillemette  Faure

Article publié le 12/01/2006 Dernière mise à jour le 12/01/2006 à 11:52 TU