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Proche-Orient

Violents duels d’artillerie au sud du Liban

L’artillerie et l’aviation israéliennes ont riposté en bombardant collines et vallons situés à proximité des hameaux de Chebaa.(photo : AFP)
L’artillerie et l’aviation israéliennes ont riposté en bombardant collines et vallons situés à proximité des hameaux de Chebaa.
(photo : AFP)
Le Hezbollah et l’armée israélienne se sont livrés à de violents duels d’artillerie deux jours après la mort d’un berger libanais sous les balles de Tsahal.

De notre correspondant à Beyrouth

Un véritable déluge de feu s’est abattu vendredi sur des positions israéliennes situées dans les fermes de Chebaa, occupées par Israël, revendiquées par le Liban et considérées syriennes par les Nations unies. Le Hezbollah a tiré quelque 500 obus et roquettes en l’espace de 45 minutes, concentrant ses tirs sur la position de Roueissat al-Alam, où un soldat israélien a été blessé, selon une porte-parole de l’armée, le commandant Avital Leibovich.
 
L’artillerie et l’aviation israéliennes ont riposté en bombardant collines et vallons situés près des villages de Kfarchouba, Habbariyé, Kfar Hamam et Halta, limitrophes aux hameaux de Chebaa. C’est dans ces régions que seraient dissimulées les rampes de lancement de roquettes du Hezbollah. Commencés en début d’après-midi, les duels d’artillerie se sont poursuivis jusqu’à la tombée de la nuit.
 
Cette flambée de violence intervient au lendemain de la découverte du cadavre d’un berger libanais tué par l’armée israélienne, mercredi. Le corps criblé de balles d’Ibrahim Youssef Rahil avait été retrouvé 24 heures après sa disparition par une patrouille du contingent indien de la force intérimaire des Nations unies déployée au Sud-Liban (Finul), secondée par des habitants de la région. Le jeune homme de 17 ans a été tué par les membres d’un commando israélien infiltré en territoire libanais. Il se trouvait à 500 mètres du côté libanais de la «Ligne bleue» tracée par l’Onu au lendemain du retrait israélien du Sud-Liban, en mai 2000. Cette version des faits a été confirmée par le représentant personnel du secrétaire général de l’Onu au Liban. Geir Pedersen a précisé que l’enquête menée par la Finul a conclu que le berger a été tué à l’intérieur du territoire libanais.
 
La porte-parole de l’armée israélienne a quant à elle expliqué que «les soldats avaient ouvert le feu sur un individu qui avait tiré sur eux, en s'approchant de leur position et qui ensuite a pris la fuite».

Pressions du Conseil de sécurité

Quelques heures après la disparition du berger, le secrétaire général du Hezbollah a prévenu que son parti «punirait les auteurs sans demander l'autorisation de quiconque». Cheikh Hassan Nasrallah a mis ses menaces à exécution au lendemain de l’enterrement du jeune homme.

Cette détérioration de la situation sur le terrain survient deux jours après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1655 recommandant la reconduction du mandat de la Finul pour une période de six mois. Routinière depuis la création de cette force en 1978, la procédure s’est accompagnée cette année d’une demande ferme au gouvernement libanais de prendre en charge la sécurité tout au long de la frontière internationale où sont déployés des centaines de combattants du Hezbollah. A dix reprises, le texte de la résolution demande à l’Etat d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire et de «monopoliser l’usage de la violence». La résolution 1655 rejoint d’une manière indirecte une autre résolution du Conseil de sécurité, la 1559, votée en septembre 2004 à l’initiative de la France et des Etats-Unis. Ce texte exige le désarmement des milices libanaises et non libanaises, en allusion au Hezbollah et aux organisations palestiniennes. Or depuis son vote, la 1559 a provoqué de profondes dissensions entre les Libanais. Elle est à l’origine de la dernière crise politique qui a secoué le pays ces sept dernières semaines. Les cinq ministres chiites du Mouvement Amal et du Hezbollah, qui boycottaient le gouvernement depuis le 12 décembre, refusaient de réintégrer le cabinet tant que le Premier ministre ne proclamait pas que la «résistance anti-israélienne (le Hezbollah) n’est pas une milice» et n’est donc pas concernée par la 1559. De peur de se brouiller avec la communauté internationale qui a promis d’organiser une conférence mondiale des bailleurs de fonds, Fouad Siniora a d’abord refusé de satisfaire cette demande.

Après des tractations de plusieurs semaines et une médiation menées par l’Arabie saoudite et l’Egypte, la situation s’est finalement débloquée. M. Siniora a partiellement accédé à la demande des ministres chiites, jeudi. Devant le Parlement, il a déclaré que le Hezbollah avait toujours été considéré au Liban comme une organisation de résistance. Il n'a pas prononcé le mot de milice. «Nous n'avons jamais appelé et nous n'appellerons jamais la résistance par un autre nom que résistance et il s'agit d'une résistance nationale et nous n'utiliserons pas d'autre expression pour la décrire», a lancé Siniora sous les applaudissements. La mort du berger sous les balles israéliennes a sans doute accéléré la sortie de crise.


par Paul  Khalifeh

Article publié le 04/02/2006 Dernière mise à jour le 04/02/2006 à 11:56 TU