Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Bénin

Présidentielle : pressions et incertitudes

Le 5 mars 2006, les Béninois devront choisir leur prochain président parmi 26 candidats.(Photo : AFP)
Le 5 mars 2006, les Béninois devront choisir leur prochain président parmi 26 candidats.
(Photo : AFP)
La campagne électorale pour l’élection présidentielle du 5 mars prochain est officiellement ouverte et sera closes le 3 mars au soir. Les agitations dans les différents états-majors et les panneaux publicitaires pris d’assaut par les candidats contrastent avec les inquiétudes exprimées autant par la Commission nationale autonome (CENA) que par les partenaires au développement (bailleurs de fonds) du Bénin.

L’Union européenne, l’Allemagne, la France, le Danemark et les Pays-Bas ont transmis un communiqué à l’AFP dans lequel ils expriment «leurs inquiétudes face à des blocages dans l’organisation de l’élection présidentielle du 5 mars». Alors que cette échéance ne doit rien à la surprise puisqu’elle correspond à la fin d’un mandat prévue dans les textes, les autorités béninoises ont adopté un comportement passif et n’ont rien entrepris pour que les délais soient honorés. Par exemple, le ministre de l’Economie et des Finances, Cosme Sèhlin déclarait en novembre dernier que l’Etat béninois ne disposait pas des fonds nécessaires à l’organisation du scrutin. La volonté réelle du président Kérékou et surtout de son entourage à quitter le pouvoir est alors mise en doute. N’ayant pas pu, comme ailleurs, modifier la Constitution pour permettre au président sortant, frappé par la limite d’âge (70 ans) de se représenter, les uns et les autres ont multiplié les obstacles pour compromettre la tenue du scrutin. 

Mais l’enjeu et le symbole pour le reste du continent ont poussé les partenaires traditionnels du Bénin à mettre la main à la poche. Ils ont alloué au Bénin pour l’organisation du scrutin une somme de 4,6 milliards de francs CFA, alors que le Bénin lui-même apportait 1,6 milliard de francs CFA. L’affectation tardive des fonds a entraîné des retards dans l’établissement des listes électorales, auxquels s’ajoutent les grèves des personnels qui réclamaient le règlement des primes et une uniformité de traitement entre les employés des différentes antennes de la CENA.

C’est sûr, le «caméléon» n’est pas candidat !

Les mouvements d’humeur au sein de certaines antennes de la CENA ont entraîné des perturbations dans la délivrance des cartes d’électeurs dans de nombreuses agglomérations, poussant Sylvain Nouwatin, le président de la CENA à demander à la Cour constitutionnelle une prorogation des délais fixés par la loi afin de procéder à une distribution régulière des cartes. Mais le «non» catégorique de ladite cour est intervenu au moment où des rumeurs circulent sur les embûches que certains «esprits malveillants» auraient sciemment créées pour faire échec au scrutin du 5 mars.

Par ailleurs, le limogeage du ministre des Affaires étrangères Rogation Biaou qui serait impliqué dans des malversations financières liées à la vente du domaine de l’ambassade du Bénin aux Etats-Unis, s’ajoute au retour comme ministre d’Etat à la Défense, de Martin Dohou Azonhiho, ancien ministre de l’Intérieur et grand ordonnateur de la police politique sous la dictature des années 70 et 80, pour troubler la quiétude du citoyen lambda. A quoi joue le «caméléon» (sobriquet du général président Mathieu Kérékou) ?, s’interrogent les Béninois qui toutefois se rassurent en constatant que son nom ne figure pas parmi la liste des 26 prétendants à sa succession.           


par Didier  Samson

Article publié le 17/02/2006 Dernière mise à jour le 17/02/2006 à 17:55 TU