Bénin
L'opposition gagne les municipales
Les premières élections communales et municipales du 15 décembre au Bénin ont tourné à l'avantage de l'opposition. Elle a remporté la plupart des sièges à pourvoir dans les grandes villes. L'ampleur de la victoire a surpris la coalition de mouvance présidentielle.
De notre envoyé spécial à Cotonou
«Nous avons gagné, nous avons gagné!» scandaient dès les premières heures de la soirée les militants de la Renaissance du Bénin, le parti de l'ancien président de la République, Nicéphore Soglo. Amassés devant le «QG» du parti à Gbégamey, un quartier populaire de Cotonou, les militants y ont passé la nuit, se congratulant les uns les autres pour la performance réalisée. Aucun doute dans les esprits, ils sont tous persuadés d'avoir frappé un grand coup. Dans les bureaux du quartier général, les téléphones portables n'arrêtent plus de sonner. Personne ne semble agacé par les sonneries aiguës et stridentes des cellulaires.
Un homme, dans cette ambiance d'effervescence, tient dans ses mains trois téléphones. En blaser bleu marine malgré la chaleur, il passe de bureau en bureau, écoute tout le monde et surtout chuchote ses informations au creux de l'oreille de son président-candidat à la mairie de Cotonou qui ponctue ses confidences par un léger sourire. Cette pièce maîtresse du dispositif du candidat Soglo s'appelle Candide-Armand Azannaï. Épuisé, les traits tirés, ce professeur de philosophie a mis au point un système de marquage et de contrôle par des experts désignés à chaque étape du processus électoral: de l'établissement des listes électorales dans chaque circonscription à l'impression des bulletins de vote en passant par la distribution des cartes d'électeurs. «Je ne supporte plus qu'on nous traite continuellement de contestataires invétérés», dit-il, se félicitant d'avoir mis un coup d'arrêt à la fraude ne serait-ce qu'à Cotonou.
52 000 électeurs privés de vote
Le cas le plus flagrant a été celui de la 12e circonscription de Cotonou, où Nicéphore Soglo se présentait contre Sévérin Adjovi, un ancien ministre du gouvernement de Mathieu Kérékou, président de la République. A l'ouverture des bureaux, à 8 heures locales, point d'urnes! «Un petit retard certainement», lance de la foule amassée un esprit optimiste. Mais d'un naturel suspicieux, Candide-Armand Azannaï, préfère aller mobiliser ses militants pour une surveillance stricte de tous les mouvements autour du bureau de vote. La tension monte.
Vers la fin de la matinée apparaît un véhicule transportant des urnes et les bulletins de vote. Il est tout de suite pris en chasse par les militants surexcités de la RB qui ont reconnu le véhicule appartenant au candidat Sévérin Adjovi, adversaire de leur leader. Bris de glaces, jets de pierres. Pour les supporteurs de Soglo, la tentative de fraude est évidente. Les échauffourées ont poussé le président de la Cena (Commission électorale nationale autonome) à se rendre sur les lieux, mais il a été accueilli par des projectiles. L'intervention des forces de l'ordre a ramené le calme, mais le vote n'a pas eu lieu dans ce fief de Nicéphore Soglo, où 52 000 électeurs n'ont pas accompli leur devoir civique.
Au siège de la Cena, Kent Aguiar, chargé de la Communication et des relations publiques, déplore ces accrochages et ratés, et rappelle qu'il ne «s'agit que d'un seul cas de problème posé par un seul bureau de vote sur les 546 circonscriptions que compte le pays».
La Cena se refuse à tout autre déclaration et se donne une semaine pour apprécier les procès verbaux qui lui sont envoyés. Elle se réserve le droit de proclamer les résultats définitifs en même temps que l'annonce de ses décisions sur les cas litigieux. Mais les grands partis ont pris les devants en publiant leur propres résultats sur la base des procès verbaux issus des bureaux de vote. Les instituts de sondage et les médias publient également des résultats et annoncent tous le raz-de-marée réalisée par l'opposition dans les grandes villes du sud et centre du pays. Cotonou, Abomey, Bohicon, Calavi, Ouidah et de nombreuses autre agglomérations de taille moyenne seraient au mains de l'opposition.
Le score le plus spectaculaire serait réalisé à Porto-Novo, la capitale, par la liste conduite par le président de l'Assemblée nationale, Adrien Houngbédji. La totalité des sièges de conseillers municipaux à pourvoir, 29 au total, lui seraient déjà entièrement acquises. Il se dit «serein et confiant» avant la confirmation définitive des résultats par la Cena. Dans le nord du Bénin, la mouvance présidentielle a confirmé ses scores traditionnels. Pour les leaders de l'opposition, il s'agit maintenant de transformer leurs fiefs électoraux et leur nouvelles implantations en citadelles imprenables lors des prochaines échéances électorales. La prochaine consultation après les municipales est fixée au 30 mars 2003 pour les législatives.
«Nous avons gagné, nous avons gagné!» scandaient dès les premières heures de la soirée les militants de la Renaissance du Bénin, le parti de l'ancien président de la République, Nicéphore Soglo. Amassés devant le «QG» du parti à Gbégamey, un quartier populaire de Cotonou, les militants y ont passé la nuit, se congratulant les uns les autres pour la performance réalisée. Aucun doute dans les esprits, ils sont tous persuadés d'avoir frappé un grand coup. Dans les bureaux du quartier général, les téléphones portables n'arrêtent plus de sonner. Personne ne semble agacé par les sonneries aiguës et stridentes des cellulaires.
Un homme, dans cette ambiance d'effervescence, tient dans ses mains trois téléphones. En blaser bleu marine malgré la chaleur, il passe de bureau en bureau, écoute tout le monde et surtout chuchote ses informations au creux de l'oreille de son président-candidat à la mairie de Cotonou qui ponctue ses confidences par un léger sourire. Cette pièce maîtresse du dispositif du candidat Soglo s'appelle Candide-Armand Azannaï. Épuisé, les traits tirés, ce professeur de philosophie a mis au point un système de marquage et de contrôle par des experts désignés à chaque étape du processus électoral: de l'établissement des listes électorales dans chaque circonscription à l'impression des bulletins de vote en passant par la distribution des cartes d'électeurs. «Je ne supporte plus qu'on nous traite continuellement de contestataires invétérés», dit-il, se félicitant d'avoir mis un coup d'arrêt à la fraude ne serait-ce qu'à Cotonou.
52 000 électeurs privés de vote
Le cas le plus flagrant a été celui de la 12e circonscription de Cotonou, où Nicéphore Soglo se présentait contre Sévérin Adjovi, un ancien ministre du gouvernement de Mathieu Kérékou, président de la République. A l'ouverture des bureaux, à 8 heures locales, point d'urnes! «Un petit retard certainement», lance de la foule amassée un esprit optimiste. Mais d'un naturel suspicieux, Candide-Armand Azannaï, préfère aller mobiliser ses militants pour une surveillance stricte de tous les mouvements autour du bureau de vote. La tension monte.
Vers la fin de la matinée apparaît un véhicule transportant des urnes et les bulletins de vote. Il est tout de suite pris en chasse par les militants surexcités de la RB qui ont reconnu le véhicule appartenant au candidat Sévérin Adjovi, adversaire de leur leader. Bris de glaces, jets de pierres. Pour les supporteurs de Soglo, la tentative de fraude est évidente. Les échauffourées ont poussé le président de la Cena (Commission électorale nationale autonome) à se rendre sur les lieux, mais il a été accueilli par des projectiles. L'intervention des forces de l'ordre a ramené le calme, mais le vote n'a pas eu lieu dans ce fief de Nicéphore Soglo, où 52 000 électeurs n'ont pas accompli leur devoir civique.
Au siège de la Cena, Kent Aguiar, chargé de la Communication et des relations publiques, déplore ces accrochages et ratés, et rappelle qu'il ne «s'agit que d'un seul cas de problème posé par un seul bureau de vote sur les 546 circonscriptions que compte le pays».
La Cena se refuse à tout autre déclaration et se donne une semaine pour apprécier les procès verbaux qui lui sont envoyés. Elle se réserve le droit de proclamer les résultats définitifs en même temps que l'annonce de ses décisions sur les cas litigieux. Mais les grands partis ont pris les devants en publiant leur propres résultats sur la base des procès verbaux issus des bureaux de vote. Les instituts de sondage et les médias publient également des résultats et annoncent tous le raz-de-marée réalisée par l'opposition dans les grandes villes du sud et centre du pays. Cotonou, Abomey, Bohicon, Calavi, Ouidah et de nombreuses autre agglomérations de taille moyenne seraient au mains de l'opposition.
Le score le plus spectaculaire serait réalisé à Porto-Novo, la capitale, par la liste conduite par le président de l'Assemblée nationale, Adrien Houngbédji. La totalité des sièges de conseillers municipaux à pourvoir, 29 au total, lui seraient déjà entièrement acquises. Il se dit «serein et confiant» avant la confirmation définitive des résultats par la Cena. Dans le nord du Bénin, la mouvance présidentielle a confirmé ses scores traditionnels. Pour les leaders de l'opposition, il s'agit maintenant de transformer leurs fiefs électoraux et leur nouvelles implantations en citadelles imprenables lors des prochaines échéances électorales. La prochaine consultation après les municipales est fixée au 30 mars 2003 pour les législatives.
par Didier Samson
Article publié le 17/12/2002