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Bénin

Kérékou réélu sans surprise

Le président sortant Mathieu Kérékou a été réélu pour cinq ans avec 84% des suffrages. Son «adversaire», repêché du premier tour Bruno Amoussou a obtenu près de 16% des voix, contre 8,6% au premier tour. Devant le manque d'enjeu réel à ce scrutin la participation des électeurs a chuté de 85% à 53,4% entre les deux tours. Le général Kérékou entame ainsi son dernier mandat car, en 2006, date de la prochaine élection présidentielle, il aura atteint la limite d'âge.
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Après les désistements successifs de Nicéphore Soglo et du président du Parlement Adrien Houngbédji, le ministre d'Etat Bruno Amoussou avait accepté, finalement, de figurer au second tour de la présidentielle, jeudi 22 mars, face à Mathieu Kérékou. Il affirmait vouloir éviter «une remise en cause du processus démocratique».

A Cotonou, certains se demandaient combien de candidats la Commission électorale allait devoir solliciter. Le président sortant, Mathieu Kérékou, arrivé largement en tête du premier tour, craignait de se retrouver seul sur le ring. Il avait déjà vu deux de ses adversaires se désister successivement. D'abord son grand rival Nicéphore Soglo, qui s'est retiré de la course vendredi 16 mars en dénonçant des «fraudes massives», ensuite le président du Parlement Adrien Houngbédji, trois jours plus tard, et pour des raisons similaires, refusant de se prêter à une «mascarade» .

Tous les espoirs se portaient donc vers le suivant sur la liste des recalés du premier tour, le ministre d'Etat Bruno Amoussou. Allait-il, lui aussi, déclarer forfait ? Après vingt-quatre heures de suspense et de consultations politiques tous azimuts, la réponse est tombée. Il a finalement dit oui, mardi 20 mars, à la Commission électorale nationale autonome (CENA). «M. Amoussou nous a adressé par lettre sa décision de se présenter au second tour de l'élection présidentielle», a déclaré Charles Djkrèpo, le président de la CENA. «Le scrutin est maintenu au jeudi 22 mars, les bulletins pour les Béninois de l'étranger sont déjà prêts, et seront acheminés à partir de 15h00 (locales, 14h00 TU). D'autres vont être également distribués dans le pays. Tout sera prêt jeudi matin 07h00, pour le début du scrutin.»
A la fois partisan et adversaire
Voilà donc le président du Parti démocrate (PSD), arrivé en quatrième position au premier tour le 4 mars dernier, avec 8,59% des suffrages, en course pour affronter le président sortant, qui a obtenu selon les résultats officiels 45,42% des voix. Le directeur de campagne de Bruno Amoussou, Emmanuel Golou, a confirmé, à la mi-journée, la candidature de son champion. «Ce n'est plus un secret pour personne, tout le monde sait que nous y allons». Ne reste-t-il que moins de quarante-huit heures pour faire campagne ? «Cela ne pose pas un problème important».

A moins que cette réponse ne reflète, hypothèse peu probable, une extrême confiance en la victoire de Bruno Amoussou, elle en dit long sur l'ambiguïté de sa candidature. Au lendemain du premier tour, le ministre d'Etat avait appelé à voter Kérékou au second. Aujourd'hui, position délicate s'il en est, il se retrouve à la fois adversaire et partisan du président sortant, condamné à se déjuger s'il l'attaque, à jouer les faire-valoir s'il le ménage. Le seul élément positif résidant, pour lui, dans le fait que la campagne sera courte.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 25/03/2001