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Bénin

Kerekou-Soglo, troisième !

Une fois de plus, le second tour de la présidentielle béninoise opposera Nicéphore Soglo à Mathieu Kérékou. Selon les résultats officiels, le chef de l'Etat sortant frôle la réélection au premier tour en remportant 47% des suffrages contre un peu moins de 29% pour son challenger. Compte tenu du report éventuel de voix des autres candidats, l'issue du scrutin s'annonce serrée.
Dix ans après l'élection qui mit fin à près vingt ans de régime militaire, le casting du deuxième tour de la présidentielle béninoise ne brille pas par son originalité. Au terme d'une semaine d'attente, la Cour constitutionnelle a finalement rendu publics dans la nuit de dimanche à lundi les résultats du premier tour du 4 mars dernier. Le chef de l'Etat sortant Mathieu Kerekou devance largement ses principaux challengers, avec 47, 06% contre 28, 94% à Nicéphore Soglo et 13, 47% au président de l'Assemblée nationale, Adrien Houngbedji. La surprise est venue de Bruno Amoussou, qui n'a obtenu que 4,01% des voix, contre 7% en 1996, et est même devancé dans son fief du sud-ouest du pays. Quant à la seule femme en lice, Marie-Elise Gbédo, elle n'a recueilli que 8125 voix, soit 0,36% des suffrages.

Retard de Nicéphore Soglo

Contrairement à la présidentielle de 1996, où les deux rescapés du premier tour étaient au coude à coude avec 35% des voix chacun, Nicéphore Soglo accuse un retard important par rapport à Mathieu Kerekou. Le leader de la Renaissance du Bénin peut toutefois compter sur le soutien d'Adrien Houngbedji, qui a appelé ses électeurs à reporter leurs suffrages sur l'ancien chef de l'Etat. En 1991 et 1996, le président de l'Assemblée nationale avait contribué à la chute de Nicéphore Soglo en soutenant Kerekou au second tour. Son changement de position tient, explique-t-il, essentiellement à la «corruption, la mauvaise gestion et la mauvaise gouvernance lors du dernier quinquennat», mais aussi au respect d'un engagement de désistement conclu avec Soglo et à son «souhait d'une alternance au pouvoir». La plupart des petits candidats suivent la même ligne que le président de l'Assemblée nationale, excepté son frère Gatien Houngbedji, qui soutient Mathieu Kerekou.

La principale inconnue concerne la décision de Bruno Amoussou, qui n'avait pas encore annoncé en début de matinée pour quel candidat il appellerait à voter. Et pour cause, il conteste ses maigres 4,01%, bien éloignés des 8,79% annoncés auparavant par la CENA. Sa capacité à peser sur le second tour dépendra pour une large part de l'issue des recomptages entamés par la Cour constitutionnelle.

Au terme de ce premier tour, le président Kerekou peut déjà se targuer d'avoir raté de justesse une réélection et de jouir d'une popularité non négligeable, près de trente après le putsch qui l'amena une première fois à la tête du pays en 1972 et malgré les «affaires» qui ont terni la fin de son mandat. Autre enseignement du premier acte de cette présidentielle 2001: le Bénin, généralement présenté comme le laboratoire de la démocratie africaine, ne faillit pas à sa réputation. Alors qu'on pouvait craindre que la polémique s'amplifie face à la lenteur des travaux de la Commission électorale nationale autonome (CENA), la Cour constitutionnelle, institution respectée au Bénin, a coupé court au débat, en annonçant finalement elle-même les résultats définitifs.

Le second tour, prévu pour le 18 mars prochain, signera aussi la fin d'une époque. Les deux dinosaures de la politique béninoise s'affrontent en effet pour la dernière fois. Quelle que soit l'issue de cette présidentielle, ni Kerekou, ni Soglo ne pourront se représenter en 2006.



par Christophe  Champin

Article publié le 13/03/2001