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Kosovo

Discussions cruciales, statut incertain

Les négociations sur l'avenir du Kosovo s'annoncent difficiles.DR
Les négociations sur l'avenir du Kosovo s'annoncent difficiles.
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Un mois après la mort d’Ibrahim Rugova, les pourparlers directs sur l’avenir du Kosovo commencent ce lundi à Vienne. Les possibilités de compromis politique entre Serbes et Albanais semblent toujours aussi minces.

De notre correspondant dans les Balkans

Alors que des pèlerins venus de tout le Kosovo continuent, jour après jour, de se recueillir auprès du mausolée d’Ibrahim Rugova, sur les hauteurs de Velania qui dominent la ville de Pristina, la majorité des Albanais pensent que les négociations devraient déboucher sur la reconnaissance d’une indépendance, certes probablement  « conditionnelle », du Kosovo.

Dans un article récent, le journaliste Veton Surroi, également député du petit parti d’opposition ORA et membre de l’équipe de négociation, explique ainsi que « l’indépendance n’est plus la question », mais la nature de la société que deviendra le Kosovo, en soulignant qu’il faudrait que les minorités du Kosovo – les Serbes, les Roms ou les Slaves musulmans – perçoivent enfin le Kosovo comme leur pays.

On est toujours bien loin du compte. Dans l’enclave serbe de Preoce, à quelques kilomètres de Pristina, Atlan Gidzic, responsable d’une association rom, affirme sans hésiter que son peuple fuira le Kosovo en cas d’indépendance. « Nous n’avons rien contre les Albanais, mais à leurs yeux, nous sommes des ennemis, uniquement parce que nous vivons dans les enclaves serbes. Nous avons longtemps gardé l’espoir d’une normalisation, mais les émeutes du 17 mars 2004 nous ont fait perdre tout espoir et toute confiance envers les Albanais. »

Atlan Gidzic explique que beaucoup de Serbes du Kosovo ont réussi à acquérir des biens en Serbie depuis 1999, en vendant leurs terres aux Albanais, et qu’ils partiront dès que le mot d’indépendance sera signé. Les Roms, qui ne possèdent rien en Serbie, seront obligés de suivre le mouvement.

Le glas de la présence serbe au Kosovo ?

La communauté internationale continue d’afficher l’objectif d’un « Kosovo multiethnique », mais en privé, certains responsables de la Mission des Nations unies (MINUK) reconnaissent eux-mêmes que tous les investissements dans les enclaves serbes ont été quasiment suspendus ces derniers mois.

Un point essentiel des discussions de Vienne devrait tourner autour de la décentralisation, c’est-à-dire des possibilités qui seraient offertes aux Serbes de disposer d’une auto-administration locale et de relations privilégiées avec Belgrade. Les dirigeants serbes ont néanmoins refusé jusqu’à présent d’examiner la plate-forme proposée par les représentants albanais sur ce point.

Ces derniers insistent sur la fin des « institutions parallèles » serbes. En effet, dans les enclaves du Kosovo, les systèmes d’éducation et de santé continuent de dépendre de Belgrade, qui paie les salaires des employés des administrations publiques, ainsi que les retraites et les pensions sociales. L’arrêt de ces financements sonnerait probablement le glas de la présence serbe au Kosovo.

À Vienne, les efforts internationaux vont surtout viser à faire accepter aux Serbes la pilule amère d’une accession progressive du Kosovo à l’indépendance, et la marge de manœuvre de Belgrade paraît bien étroite. Tomislav Nikolic, le chef du Parti radical serbe (extrême-droite nationaliste), réclame que la Serbie proclame le Kosovo « territoire occupé », et les subtils marchandages qui caractérisent la vie politique serbe pourraient entraîner une chute rapide du gouvernement de Vojislav Kostunica, ce qui retarderait le processus de négociation.

La semaine dernière, Sanda Raskovic-Ivic, la dirigeante du Centre de coordination serbe pour le Kosovo et Metohija, a également lancé l’idée d’organiser un référendum en Serbie, si l’évolution des discussions était trop défavorable aux intérêts serbes, ce qui conforterait la position des négociateurs serbes, qui tiennent à ce que le Kosovo continue de faire formellement partie de la Serbie.

Le mouvement « Non aux négociations – autodétermination » de l’ancien dirigeant étudiant albanais Albin Kurti intensifie son action. Après avoir couvert les murs du Kosovo de graffitis, les militants s’en prennent maintenant directement aux symboles de la présence internationale, en crevant les pneus de véhicules tout-terrain de l’ONU ou de l’Union européenne… Pour ces jeunes militants indépendantistes, la présence « coloniale » de la mission internationale est de plus en plus insupportable, et ils redoutent un compromis politique qui ne satisferait par leur revendication d’une indépendance complète et immédiate.


par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 19/02/2006 Dernière mise à jour le 19/02/2006 à 17:46 TU

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