Economie
Fusion surprise Suez-GDF
(Photos: AFP)
La fusion Suez-GDF est menée tambour battant. Les conseils d'administration des deux groupes ont approuvé samedi soir le rapprochement annoncé quelques heures auparavant par Dominique de Villepin. Ces conseils d’administration se réunissent une nouvelle fois dimanche soir pour préciser, cette fois, qui va juridiquement absorber l'autre. En bonne logique boursière, Suez, qui pèse 43 milliards d'euros devrait manger Gaz de France, qui ne capitalise pour sa part que 29 milliards d'euros. Mais le gouvernement pourrait préférer que, politiquement, le groupe public GDF apparaisse comme l'acheteur de son partenaire, et non l'inverse. L'Etat, qui détient actuellement 80% de GDF, gardera environ 34% du capital.
Le Parlement va être rapidement amené à voter les modifications qui s'imposent. Les syndicats de GDF ont été surpris par cette annonce soudaine qui constitue, en fait, une riposte à la menace d'OPA de l'italien Enel sur Suez. CGT, CFDT et FO dénoncent une privatisation déguisée de la société publique GDF et craignent pour le statut privilégié des salariés. Thierry Breton, ministre de l'Economie, doit recevoir dès lundi les représentants des syndicats pour tenter de les rassurer et apporter des garanties sur l'avenir des personnels.
Dans une déclaration surprise, prononcée avant de s'envoler pour l'île de La Réunion , le Premier ministre Dominique de Villepin avait annoncé la fusion entre le groupe Suez et la société publique Gaz de France. Sans l’avouer ouvertement, c’est là une nouvelle manifestation du « patriotisme économique » prôné par le gouvernement.
Le secteur de l’énergie bouge en Europe
Cette fusion est en effet la méthode qui a été choisie pour empêcher que le groupe franco-belge Suez soit victime d'une OPA hostile du groupe italien d'électricité Enel. Gaz de France, société publique, vient donc à la rescousse pour créer, avec Suez, l'un des plus gros groupes mondiaux de l'énergie. Dominique de Villepin a justifié cette fusion par la priorité que constitue, pour le gouvernement, l'indépendance énergétique de la France. Mais surtout cette annonce intervient trois jours après que l'italien Enel ait manifesté son intention de mettre la main sur Suez. La fusion Suez-GDF impose la privatisation de GDF, aujourd'hui société publique détenue à 80% par l'Etat. C'est pourquoi le Parlement sera rapidement amené à voter les modifications législatives nécessaires. Ce réflexe de patriotisme économique évoque bien évidemment la résistance du groupe sidérurgique Arcelor à son concurrent Mittal Steel. Cette fusion s'inscrit aussi dans les grandes manoeuvres en cours dans le secteur de l'énergie en Europe. Le numéro un allemand de l'énergie E.ON vient de lancer une OPA hostile sur le premier groupe espagnol d'électricité Endesa.
par Francine Quentin
Article publié le 26/02/2006 Dernière mise à jour le 26/02/2006 à 14:50 TU