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Mittal-Arcelor : l'Inde suit l'affaire de près

Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath : «&nbsp;<em>L’Inde surveille attentivement le déroulement de la proposition de rachat d’Arcelor lancée par Mittal Steel</em>&nbsp;».(Photo : AFP)
Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath : « L’Inde surveille attentivement le déroulement de la proposition de rachat d’Arcelor lancée par Mittal Steel ».
(Photo : AFP)
Suite aux propos acerbes en provenance d’Europe, Kamal Nath, le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, s’est dit « préoccupé », en particulier à cause de la réaction française. Paris tente de s’opposer au rachat d’Arcelor, fleuron de l’acier européen, par le plus grand producteur d’acier au monde, Mittal Steel, dirigé par le milliardaire indien Lakshmi Nivas Mittal.

« L’Inde surveille attentivement le déroulement de la proposition de rachat d’Arcelor lancée par Mittal Steel ainsi que les commentaires et les réactions du gouvernement français à ce sujet », a fait savoir Kamal Nath, ministre indien du Commerce et de l’Industrie. « En tant qu’Indien, je suis heureux que la proposition ait été faite par un Indien », précise-t-il, ajoutant toutefois : « nous avons de très bonnes relations avec la France ». Le ministre s’est aussi empressé de rappeler que « lorsque Lafarge, le groupe français de la construction s’est emparé d’une partie de l’industrie du béton en Inde, la nouvelle a été bien accueillie par le gouvernement indien ». La déclaration est à prendre avec prudence, puisque la polémique éclate à trois semaines de l’arrivée du président Jacques Chirac en Inde.

Mais si la presse française a souligné l’incident, l’affaire a fait moins de vagues parmi les médias du sous-continent, excepté vendredi dernier lorsque Lakshmi Nivas Mittal a lancé son offre de rachat sur le groupe français Arcelor. Là, il s’agissait de flatter le nationalisme indien, tel que l’écrit un journaliste du Times of India, un des principaux journaux quotidiens, qui a été le seul à placer l’affaire Mittal à la une du journal. Il a ainsi titré : « Le Roi Mittal en passe de devenir empereur ». Si les autres journaux ont choisi d’en parler dans les pages économiques, ils ont tout de même employé tour à tour ces termes, « tsar », « ambitieux », « totale souveraineté ». Les photos étaient particulièrement flatteuses, montrant l’homme à son avantage, sourire confiant, doigt pointé vers l’avant, prêt à partir à la conquête du monde. Mais jusqu’à ce jeudi, la presse indienne n’a pas été très causante sur le sujet, elle s’est seulement contentée de rapporter les déclarations du ministre du Commerce et de l’Industrie. Seul le Times of India, sur le ton très emphatique qui le caractérise, a souligné depuis une correspondance londonienne que « c’est une extraordinaire guerre du nationalisme économique opposant l’Inde à l’Europe » et n’a pas hésité pas à titrer « Mittal Steel se bat pour prouver qu’il est européen ».

Connu pour ses côtés philanthropiques

Mais Lakshmi Mittal est un pur héritier indien, à l’image des entreprises à gestion familiale « traditionnelle-monoculturelle », comme que l’a vertement dénoncé le patron d’Arcelor, Guy Dollé. Plusieurs grands groupes industriels indiens sont en effet issus de dynasties familiales, comme les Tata ou les Birla, et « c’est justement ce qui ennuie les Européens, remarque Jean-Louis Defaye, chef de secteur de la mission économique française de New Delhi, les sociétés familiales ne sont pas contrôlables ». Les analystes ici estiment que cette image pourrait aider à décomplexer certains industriels indiens et les aider à décloisonner le marché vers l’Asie et le reste du monde, pour profiter de la croissance économique indienne - proche de 8% - et exporter leur capital.

Reste que Lakshmi Mittal se fait encore discret en Inde, où son empire est quasiment inexistant. Il s’est seulement illustré en octobre dernier en investissant 7,4 milliards d’euros dans la construction d’un site de production et d’extraction de minerai de fer dans l’Etat du Jharkhand, à l’est de l’Inde. Un investissement considéré comme le plus important du sous-continent dans le secteur sidérurgique. Mais dans la société de son pays d’origine, l’homme est plutôt connu pour ses côtés philanthropiques. Il s’implique dans des projets caritatifs, comme cette fondation, lancée en octobre dernier, destinée à déceler et à soutenir les jeunes talents sportifs en vue des Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Coût de l’opération : 7,5 millions d’euros.


par Marie  Perruchet

Article publié le 03/02/2006 Dernière mise à jour le 03/02/2006 à 10:50 TU

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