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Guinée

Vives tensions sociales

Plusieurs villes de Guinée sont touchées par la grève lancée par deux centrales syndicales contre « <em>la cherté de la vie</em> ».(Carte : DK/RFI)
Plusieurs villes de Guinée sont touchées par la grève lancée par deux centrales syndicales contre « la cherté de la vie ».
(Carte : DK/RFI)
La confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), après avoir réalisé une entente intersyndicale au mois de janvier 2006, ont lancé en commun un premier mot d’ordre de grève générale à partir du 27 février pour une durée de cinq jours. De nombreuses manifestations de rue violemment réprimées ont accompagné cette grève très suivie.

A Conakry, où le mouvement de grève est le plus suivi, les grévistes ont investi les rues pour manifester leur mécontentement. C’est un ras-le-bol que crient les manifestants qui ne sont pas seulement des fonctionnaires mais également des travailleurs, des commerçants, des étudiants et autres taximen. Toutes les grandes villes, Boké, Kindia, Mamou, Faranah Kankan, etc. ont été touchées par le mouvement de grève. La protestation contre la cherté de la vie est aggravée, selon les manifestants par « l’indifférence des pouvoirs publics face à la misère de la population ». 

C’est dans la capitale que les manifestations ont dégénéré ces derniers jours en affrontements avec les forces de l’ordre faisant un mort. Les manifestants ont érigé des barrages sur les voies d’accès à la capitale des communes de Bambéto et d’Hamdallaye. A coups de cailloux ils tentaient d’empêcher les véhicules d’accéder au centre-ville « pour ne pas casser la grève », disent-ils. De nombreux véhicules, surtout administratifs ont subi des bris de glace et la police est intervenue au troisième jour de grève à Conakry en tirant des grenades lacrymogènes mais aussi des balles réelles.

Les Guinéens sont sensibles au mot d’ordre de grève des syndicats

Les Guinéens ont été très sensibles à cette prise en compte de leurs difficultés par les syndicats qui exigent du gouvernement l’ouverture de négociations immédiates pour un seul ordre du jour : l’augmentation des salaires. En effet, dans un pays qui ne connaît ni pénurie alimentaire, ni déficit de production, il est désormais impossible pour un citoyen lambda de manger à sa faim, parce que les produits de base sont devenus inaccessibles. Par exemple, le salaire mensuel d’un travailleur moyen (100 000 francs guinéens, soit environ 12 000 francs CFA et 18,50 euros) ne suffit plus à acheter un sac de 50kg de riz qui se négocie aujourd’hui à 110 000 francs guinéens.

Les partis politiques prennent fait et cause pour les grévistes et fustigent unanimement la politique du gouvernement conduite par le Premier ministre Cellou Dalien Diallo. « Vingt-deux ans de pouvoir du général Lansana Conté ont ruiné le pays. Nous exigeons du pouvoir qu’il aille immédiatement aux négociations avec les partenaires sociaux », déclare Lansana Chérif Aïdara de la section Europe du Rassemblement du peuple guinéen (RPG). La mobilisation générale contre le gouvernement a conduit ce dernier a initié très rapidement des rencontres avec les principaux acteurs sociaux pour éviter une paralysie générale du pays. Le gouvernement a appelé à la reprise du travail en affirmant son souci de « préserver l’unité et la paix et la concorde de la nation ». Des médiateurs ont été désignés pour travailler à « l’homologation des prix des denrées de première nécessité », affirme le gouvernement qui espère ainsi désamorcer la crise.


par Didier  Samson

Article publié le 02/03/2006 Dernière mise à jour le 02/03/2006 à 16:16 TU

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