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Centrafrique

Patassé accusé d’instrumentaliser les coupeurs de route

Le régime du président Bozizé est peut-être aux prises avec une rébellion naissante dans le Nord du pays.(Photo : AFP)
Le régime du président Bozizé est peut-être aux prises avec une rébellion naissante dans le Nord du pays.
(Photo : AFP)
Mutineries, coups d’Etat et rébellions sont habituels et cycliques en République centrafricaine. Après avoir conduit une rébellion et renversé le président Ange-Félix Patassé, en 2003, le général François Bozizé qui s’est fait élire en mai 2005 est aussi aux prises à des mouvements insurrectionnels dans le nord du pays.

De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) avaient déjà signalé la dégradation de la situation, tant sur le plan humanitaire que sécuritaire dans le quart nord de la Centrafrique. Elles ont aussi établi par endroit une corrélation entre les deux phénomènes. Mais selon la région où ces gens en armes commettent leur forfait, la sanction ou l’intervention de l’autorité publique reste variable. En janvier 2006, le pouvoir centrafricain a réagi en dépêchant dans le Nord-Ouest, des détachements de la sécurité présidentielle « qui s’en sont pris aux populations civiles », regrettent les ONG humanitaires. Ces populations ont été accusées de protéger « des bandes armées non identifiées ». Les députés du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), parti d’opposition et de l’ancien président Patassé, ont à leur tour accusé l’armée d’avoir perpétré « un massacre », alors que le Premier ministre, Elie Doté, salue plutôt l’action de l’armée nationale qui a mâté « une insurrection de certains Centrafricains désireux de s’emparer du pouvoir ». 

Le MLPC avance un chiffre de 104 tués, alors que le Premier ministre parle de violences qui auraient fait « au moins 27 morts ». Le constat global des organisations humanitaires et des droits de l’Homme est plus sévère. Villages brûlés, populations déplacées, selon elles, les forces publiques n’ont pas fait de détail dans la répression au nord-ouest du pays, au-dessus Bozoum, vers la frontière tchadienne, fief de l’ancien président Ange-Félix Patassé, en exil au Togo. Cette région est considérée comme hostile au pouvoir de Bangui. Les organisations de défense des droits de l’Homme, à travers un communiqué ont réitéré leur demande d’une commission d’enquête internationale et sollicitent un arbitrage de la Cour pénale internationale.

(Carte : Darya Kianpour/RFI)
(Carte : Darya Kianpour/RFI)

Attention danger !

Par ailleurs, ces organisations avaient prévenu contre les dérapages communautaires si des réponses durables n’étaient pas apportées aux problèmes de misère et de circulation incontrôlée des armes. En effet, les Kaba, de l’ethnie de l’ancien président Patassé se sentent visés par le pouvoir de Bangui, ce qui a poussé certains irréductibles à passer du statut de «coupeurs de route» à celui de « rebelles » contre le pouvoir du président François Bozizé. La présidence de la République a annoncé l’arrestation du « lieutenant Larma » qui serait le chef  d’une rébellion baptisée « Armée pour la restauration de la République et la démocratie, (APRD) ». « Lydie-Florence Ndouba, sœur d’un porte-parole de M. Patassé et Sosthène Guétel, proche de l’ancien président ont été aussi arrêtés », rapporte l’AFP.

Le 8 mars dernier, en pleine nuit, le véhicule de Jean-Bruce Guénéféï, maire de la ville de Bossangoa (Nord), est tombé dans une embuscade à quelque 150 km de sa ville. Il y a trouvé la mort. Selon la gendarmerie, cet acte est imputable aux « coupeurs de route ». Mais quelques jours plus tard il a été revendiqué par un communiqué du Mouvement populaire pour la renaissance du peuple centrafricain (MPRPC) qui affirme avoir agi en représailles aux événements du mois de janvier. « Très touchés par les massacres des civils à Paoua, nous avons décidé de tendre des embuscades aux forces gouvernementales pour protéger les populations », affirme le porte-parole du MPRPC, Steve Guéret. 

Les « coupeurs de route » qui ne sont que quelques groupuscules disséminés dans le nord du pays, bien loin de la capitale Bangui, agissent en toute impunité et se comportent réellement comme en terrain conquis. A un moment ou à un autre, ces gens désœuvrés ont été des supplétifs de mouvements de rébellion et ont servi de forces d’appoint dans les multiples coups d’Etat. « Les pouvoirs installés nous ont toujours laissés pour compte » ; c’est la grande excuse de ces gens en armes qui versent dans le grand banditisme « pour survivre », disent-ils.


par Didier  Samson

Article publié le 13/03/2006 Dernière mise à jour le 13/03/2006 à 19:01 TU

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