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France

CPE : situation bloquée

Le Premier ministre Dominique de Villepin reçoit les étudiants à Matignon, le 20 mars 2006.(Photo: AFP)
Le Premier ministre Dominique de Villepin reçoit les étudiants à Matignon, le 20 mars 2006.
(Photo: AFP)
Jacques Chirac a apporté une nouvelle fois son soutien à Dominique de Villepin dans son projet, contesté par la rue, de créer un nouveau contrat de travail pour les jeunes de moins de 26 ans. Tandis que le chef de l’Etat appelait au dialogue, le Premier ministre a consulté une bonne partie de la journée. Et les syndicats ont cherché à maintenir le mouvement de protestation.

Pour la quatrième fois en moins d’une semaine, le président Chirac a apporté son soutien à Dominique de Villepin, son Premier ministre. Il refuse, malgré la journée de protestation de samedi, la plus massive, de retirer son projet de contrat première embauche (CPE). Les syndicats d’étudiants, de lycéens et de salariés luttent contre le CPE depuis plusieurs semaines, estimant que la période d’essai de deux ans qu’il prévoit institutionnalise la précarité.

Plusieurs fois déjà, Jacques Chirac est venu au secours de son Premier ministre pour soutenir son projet de contrat première embauche. Lundi, alors que le roi Abdallah de Jordanie était à l’Elysée, le chef de l’Etat s’est à nouveau exprimé sur ce contrat de travail destiné aux jeunes de moins de 26 ans. « L’enjeu des jours qui viennent, c’est d’ouvrir un dialogue constructif et confiant, qui peut permettre d’améliorer le CPE. Je sais que c’est la volonté du Premier ministre et du gouvernement et je ne peux que l’approuver », a-t-il déclaré.

Dialoguer avec les jeunes

Lundi après-midi, Dominique de Villepin a reçu 16 jeunes. La rencontre avait pour but de trouver une issue à la crise provoquée par le CPE. Les participants avaient été choisis, a précisé l’entourage du Premier ministre, de manière à constituer le panel « le plus représentatif possible » de la jeunesse française. Des chômeurs et des étudiants ont participé à cette réunion ainsi que des jeunes issus de l’immigration.

Les ministres de l’Education, Gilles de Robien, et de la Recherche, François Goulard, ont tenté de mettre en œuvre le dialogue social voulu par Jacques Chirac. Ils ont invité les organisations étudiantes. L’Unef, le syndicat étudiant le plus représentatif, a dit non. « On ne discute pas tant que le projet n’est pas retiré », a déclaré un porte-parole de l’organisation étudiante. La Confédération étudiante n’était pas non plus au rendez-vous auquel s’est joint le Premier ministre. « Je viens à leur écoute pour dialoguer avec eux et évoquer leurs préoccupations et les différentes propositions qui peuvent être faites pour améliorer le contrat première embauche, qui a été voté », a déclaré Dominique de Villepin à son arrivée au ministère de l’Education. Trois organisations ont dialogué avec le chef du gouvernement.  

Samedi, de nouvelles manifestations, aussi bien à Paris qu’en régions, ont montré combien la mobilisation reste forte contre ce nouveau contrat de travail dont l’objectif est de faire baisser le chômage des jeunes et de donner de la flexibilité aux employeurs. Dominique de Villepin ne semblant pas décidé à retirer le CPE, les syndicats se rencontraient ce lundi pour choisir comment ils vont poursuivre le mouvement. Du côté des syndicats de salariés, il n’y a pas d’unanimité sur un appel à la grève générale. Certains voudraient la programmer jeudi. Pour d’autres, cette date présente l’inconvénient d’être le jour où les travailleurs du secteur de l’énergie sont appelés à manifester contre la fusion entre Gaz de France et le groupe Suez.

« La CFDT ne souhaite pas mélanger les genres. Ceux qui souhaitent mélanger Gaz de France et le problème des jeunes, aujourd’hui, souhaitent politiser le mouvement », a déclaré François Chérèque, le secrétaire général de ce syndicat, tout en réclamant une nouvelle fois le retrait du contrat première embauche. La CGT et Force ouvrière se sont montrées favorables à la journée de grève générale pour obtenir le retrait de la loi.

Des assouplissements possibles

Dans la matinée, Dominique de Villepin a reçu une vingtaine de dirigeants de grandes entreprises pour parler avec eux de « l’insertion professionnelle des jeunes ».  Parmi eux, Claude Bébéar, patron du groupe d’assurances Axa. En novembre 2004, ce PDG a fait un rapport pour le gouvernement sur l’accès à l’emploi des jeunes de banlieues. Au cours de leur réunion avec le Premier ministre, ces patrons se sont dit « pour la plupart favorables » à l’introduction de plusieurs assouplissements au CPE. Le licenciement devrait avoir un motif et la période d’essai serait réduite à un an au lieu des deux prévus dans ce nouveau contrat de travail.

Alors que la réunion entre les syndicats de salariés n’avait pas encore eu lieu, une organisation lycéenne appelait à manifester à nouveau mardi en province et jeudi à Paris. Peu avant la concertation syndicale, le président de l’Unef, Bruno Julliard, indiquait qu’il allait solliciter les syndicats de salariés pour qu’ils « passent à une étape supérieure de la mobilisation ».

En visite à Ajaccio, en Corse, Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, a estimé que le retrait éventuel du CPE n’appartient qu’au Premier ministre. « Ce n’est pas une décision qui m’appartient, c’est celle du Premier ministre. Je m’en suis longuement entretenu avec lui hier (dimanche), je lui ai donné mon point de vue, mais permettez que je garde le contenu de notre conversation pour lui et pour moi ». Nicolas Sarkozy a profité de son déplacement en Corse pour rencontrer une délégation d’étudiants et de lycéens.

C’est dans cette situation apparemment sans issue que l’hospitalisation d’un syndicaliste a été annoncée. Blessé dans des heurts à la fin de la manifestation de samedi, cet homme de 39 ans, militant du syndicat Sud, est actuellement dans le coma.


par Colette  Thomas

Article publié le 20/03/2006 Dernière mise à jour le 20/03/2006 à 17:55 TU

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Brice Teinturier

Directeur des études politiques et d'opinion à l'Institut TNS Sofres

«La difficulté pour Dominique de Villepin est de trouver des logiques de sortie de crise, alors que face à lui, les syndicats font du retrait du CPE le préalable à toute négociation.»

[20/03/2006]

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