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Manifestations anti-CPE : faire plier Villepin

Des centaines de milliers d'étudiants, lycéens et salariés ont exprimé leur opposition au CPE dans toute la France.(Photo : AFP)
Des centaines de milliers d'étudiants, lycéens et salariés ont exprimé leur opposition au CPE dans toute la France.
(Photo : AFP)
Les manifestations organisées dans toute la France, le 18 mars, ont réuni environ un million de manifestants selon les organisateurs (500 000 selon la police), dont 350 000 à Paris et 130 000 à Marseille. Des heurts avec les forces de l’ordre ont eu lieu en fin de cortège dans quelques villes mais ils ont été moins violents que le 16 mars. Les syndicats de salariés, les organisations étudiantes et lycéennes opposés au contrat première embauche (CPE) ont donc réussi une nouvelle fois à faire descendre les Français massivement dans la rue pour protester contre cette mesure dont ils estiment qu'elle accentue la précarité pour les jeunes. Après cette démonstration de force, c’est désormais au Premier ministre, Dominique de Villepin, de reprendre la main pour essayer de sortir de la crise. Les syndicats n’entendent de toute manière pas lui laisser le choix : ils ont déjà fait planer la menace d’un appel à la grève générale.

Resserrer l’étau de la rue sur le Premier ministre : c’est ce que les manifestants anti-contrat première embauche (CPE) voulaient réussir en battant une nouvelle fois le pavé. Cette troisième journée de mobilisation en dix jours a remporté encore plus de succès que les précédentes. L’objectif est donc atteint. Si Dominique de Villepin en doutait encore, il a eu la preuve que la mobilisation des opposants au CPE ne faiblissait pas.

Dans le cortège parisien, les syndicalistes n’ont pas dissimulé leur satisfaction. Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a par exemple déclaré : «Nous sommes un tiers de manifestants de plus que le 7 mars, on sera de toute façon plus nombreux. La demande de retrait du CPE prend encore plus de force. 70% des Français demandent son retrait, dont 80% de jeunes. Le gouvernement est dans une impasse, il y a aura des suites au mouvement».

«A quoi sert d’attendre la prochaine manifestation ?»

Les responsables politiques de gauche, qui ont participé à des cortèges à Paris ou en Province, ont eux aussi insisté sur l’ampleur de la mobilisation et le signal d’alerte lancé au gouvernement. François Hollande, le Premier secrétaire du Parti socialiste, qui a défilé dans sa ville de Tulles puis à Paris, a estimé que Dominique de Villepin devait «entendre le message de la raison en retirant le CPE». Et d’ajouter : «Quand il y a des milliers et des milliers de citoyens, jeunes ou moins jeunes, quand toutes les organisations syndicales, représentées sans exception, quand de nombreuses associations d’étudiants et de parents d’élèves, sont aussi mobilisés, à quoi sert d’attendre la prochaine manifestation ? »

C’est aussi l’opinion des présidents d’université, que Dominique de Villepin a rencontré la veille des manifestations. Ces derniers lui ont fait part de leur inquiétude concernant l’évolution de la situation dans les établissements d’enseignement supérieur. «Nous lui avons dit que le mouvement était en train de s’accroître. Nous lui avons dit que la semaine prochaine était la semaine de tous les dangers», a indiqué Yannick Vallée, premier vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU). Les présidents d’université ont aussi pris l’initiative de faire une proposition à Dominique de Villepin : prendre le temps de la réflexion en organisant durant les six prochains mois des débats sur «l’université, ses liens avec les professions, l’orientation, la qualité de l’université, l’emploi des jeunes». S’il n’est pas question de demander directement au Premier ministre de tirer un trait définitif sur son projet, cela signifie au moins qu’il consente à en suspendre l’application pendant un temps. Le temps de calmer le jeu.

«Un geste significatif», mais lequel et quand ?

Dominique de Villepin ne leur a pas répondu. Mais Yannick Vallée est ressorti de l’entrevue plutôt optimiste concernant la position du Premier ministre, allant même jusqu’à affirmer que celui-ci semblait «prêt à un geste significatif» sur le contrat première embauche. Il est vrai qu’il va lui falloir trouver quelque chose pour «ouvrir au plus vite le dialogue» avec les jeunes comme le président Chirac le souhaite. Car s’il y a aussi des étudiants qui refusent de participer au mouvement de protestation et qui essaient de se faire entendre pour pouvoir continuer à aller en cours malgré les tentatives de blocages dans les universités, il semble peu probable qu’ils réussissent à démobiliser ceux qui ont engagé un bras de fer avec le gouvernement, dont la détermination est renforcée par l’élan commun qui les réunit aux lycéens et aux salariés.

Les organisations syndicales ont d’ailleurs décidé de se réunir toutes ensemble (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC,Unsa, Solidaires, FSU) avec les représentants des jeunes, samedi soir, afin de décider de la suite à donner au mouvement. L’hypothèse d’un appel à la grève générale, si le gouvernement reste sur ses positions, est envisagée sérieusement. La FIDL, une des organisations lycéennes, a quant à elle annoncé, sans attendre le résultat de cette réunion, son intention de se remobiliser le 23 mars. Et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a appelé les partis politiques de gauche et les syndicats à répondre «dans l’unité» à la proposition d’une journée de grève interprofessionnelle. Histoire de battre le fer de la protestation tant qu’il est chaud pour faire plier Villepin.


par Valérie  Gas

Article publié le 18/03/2006 Dernière mise à jour le 18/03/2006 à 18:48 TU

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Reportage de clarisse Verhnes

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