Social
CPE : la balle dans le camp de Chirac ?
(Photo : AFP)
Après les banlieues, le CPE. Jacques Chirac est décidément très sollicité ces derniers temps pour rétablir le dialogue avec les Français. La crise provoquée par l’adoption du contrat première embauche est, en effet, en train de prendre une tournure tellement conflictuelle que l’intervention du chef de l’Etat dans ce débat est de plus en plus souhaitée. A commencer par le Premier secrétaire du Parti socialiste. François Hollande a, en effet, demandé plusieurs fois que le président de la République persuade son Premier ministre de revenir en arrière sur le CPE.
Mais il n’est pas le seul. François Sauvadet, le porte-parole du groupe UDF à l’Assemblée nationale -qui avait appelé à voter contre le texte- a lui aussi lancé un appel au chef de l’Etat pour qu’il demande un réexamen de la loi instaurant le contrat première embauche. Une requête déjà transmise à Jacques Chirac par le biais d’une lettre envoyée par un autre député UDF, Jean-Christophe Lagarde, qui réclamait une nouvelle lecture du texte au nom de «l’unité nationale». Bruno Julliard, le président de l’Unef, le principal syndicat étudiant, est allé dans le même sens en sollicitant l’intervention de Jacques Chirac en faveur du retrait du CPE.
Chirac solidaire
Pour le président de la République, il s’agit bel et bien d’une «patate chaude». D’une part, parce cela montre que l’une des mesures phares de son gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes provoque une énorme hostilité. Ce qui ne va pas contribuer à le faire remonter dans les sondages. D’autre part, parce qu’en lui demandant d’intervenir, on lui demande surtout de désavouer le Premier ministre, donc en quelque sorte de se désavouer lui-même. Pour le moment, il ne semble pas en être question. De Berlin où il participait à un conseil des ministres franco-allemand, le chef de l’Etat interpellé sur ce sujet lors de la conférence de presse, a réaffirmé son «soutien total et sans réserve» à Dominique de Villepin et au gouvernement. Refusant de s’étendre sur cette question -Jacques Chirac ne souhaite généralement pas évoquer la politique intérieure lors de ses déplacements-, il a simplement ajouté : «Dans ce domaine [l’emploi des jeunes], il est vrai que le contrat première embauche est un élément important de cette politique».
Le mouvement étudiant s’est durci
Il paraît peu probable que cela sera suffisant pour calmer le jeu. Car depuis l’intervention télévisée de Dominique de Villepin, le dimanche 12 mars, pour essayer d’expliquer sa détermination à maintenir le CPE, les opposants à cette mesure ont radicalisé un peu plus leur position. Le Premier ministre n’a pas du tout réussi à rétablir le dialogue et sa fermeté est de plus en plus critiquée. Dans les universités, le mouvement s’est durci. Mardi, entre 30 (Education nationale) et 50 (Unef) universités étaient perturbées, pour certaines bloquées. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont même eu lieu notamment à la Sorbonne, à Paris. Et la semaine est loin d’être finie. Après la journée d’action de mardi, étudiants et lycéens doivent de nouveau descendre dans la rue jeudi, puis retrouver l’ensemble des salariés samedi pour manifester encore une fois contre le contrat première embauche.
Le gouvernement est donc sans conteste entré dans une épreuve de force avec les opposants au CPE. Et sa marge de manœuvre pour essayer de sortir de la crise est d’autant plus réduite que Dominique de Villepin semble incapable de faire passer des messages aux Français. Dans ce contexte, si Jacques Chirac décide d’intervenir, il se livrera à un exercice à haut risque. Mais s’il ne le fait pas, il s’exposera aussi à de vives critiques…
par Valérie Gas
Article publié le 14/03/2006 Dernière mise à jour le 14/03/2006 à 16:20 TU