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Politique

Villepin veut « tenir le cap »

Dominique de Villepin a mis en avant les&nbsp;contrats «nouvelle embauche»&nbsp;et «première embauche» comme exemples d’«&nbsp;<i>instruments efficaces à la disposition des entreprises pour développer l’offre d’emploi&nbsp;</i>».(Photo : AFP)
Dominique de Villepin a mis en avant les contrats «nouvelle embauche» et «première embauche» comme exemples d’« instruments efficaces à la disposition des entreprises pour développer l’offre d’emploi ».
(Photo : AFP)
Lors de sa huitième conférence de presse mensuelle, le Premier ministre Dominique de Villepin a axé son rendez-vous sur l’emploi, la politique industrielle et les crises sanitaires. Cette conférence était placée sous des auspices peu favorables. Alors que le ministre est confronté à des sondages en berne indiquant que 46% des Français interrogés (+ 7% en févier par rapport à janvier) ont une mauvaise opinion de son action, le Premier ministre a défendu sa politique sociale et affirmé qu’il « tiendra le cap » de la bataille de l’emploi; il a prôné le « patriotisme économique » français sur la scène internationale; il a assuré une « mobilisation à la hauteur des besoins » sanitaires.

Chômage, politique industrielle, aviaire, chikungunya : ouvrant sa huitième conférence de presse mensuelle sur une énumération de différents défis à relever en même temps, le Premier ministre Dominique de Villepin a souligné, d’emblée, la « volonté et la détermination » du gouvernement à « garder le cap » de sa politique, alors que dans le même temps, les sondages affichent une chute de sa cote de popularité dans l’opinion française.

L’emploi

Reconnaissant que la hausse du chômage en janvier -après 9 mois de baisse consécutive- est un résultat « décevant », le Premier ministre a toutefois assuré que « la tendance reste bonne : avec 160 000 demandeurs d’emplois en moins depuis 10 mois, le taux de chômage est passé de 10,2% à 9,6% de la population active ». Cependant, a-t-il souligné, le chiffre doit « appeler à davantage de mobilisation encore dans la bataille de l’emploi », et implique que « tous les outils disponibles » soient utilisés pour tendre vers « une société de plein emploi où chacun [serait] formé, accompagné, et aidé par le service public ».

      -    Les contrats nouvelle embauche (CNE) et les contrats première embauche (CPE) ont été mis en avant comme exemple d’« instruments efficaces à la disposition des entreprises pour développer l’offre d’emploi ». « Trois cent cinquante mille CNE ont déjà été conclu depuis sa création, et le rythme ne ralentit pas ; dans un tiers des cas, l’embauche n’aurait pas été conclue », a précisé le ministre.

      -    Quant au CPE réservé aux moins de 26 ans, adopté la nuit dernière au Sénat : (un dossier d’autant plus épineux qu’il est passé sans concertation sous le coup de l’article 49-3 de la Constitution), Dominique de Villepin a défendu vigoureusement son intérêt dans la lutte contre le chômage des jeunes, assurant qu’il visait à « sortir des demi-mesures et des demi-solutions du passé »; il a par ailleurs rassuré l’opinion sur la vigilance particulière qui sera prêtée aux « abus de licenciement qui iront devant les tribunaux », et rappelé que « les règles du droit du travail s’appliquent à tous les contrats, sans exception », et il a mis l’accent sur le fait que « la période de consolidation de l’emploi [sera] de deux ans maximum, que les périodes de stages, de CDD et d’alternance [seront] décomptées des deux années. Ensuite, les employeurs [auront] la possibilité de réduire avec le salarié la période de consolidation ». Par ailleurs, une charte des stages, prévoyant une « rémunération des stages au-delà de trois mois », devrait être élaborée d’ici la fin mars pour assurer une « sécurisation du parcours » et une « meilleure valorisation des stages ».

Politique industrielle

Attendu sur le dossier de la fusion contestée de GDF-Suez, le Premier ministre a insisté sur le fait que la France était la « première terre d’accueil des entreprises étrangères avec 40 milliards d’euros d’investissements en 2005 », et qu’il ne fallait pas pour autant oublier de « défendre les intérêts nationaux » sur la scène internationale. Le ministre a justifié l’intérêt industriel du rapprochement entre les deux sociétés par échange d’actions et non au comptant, et en se référant au rachat en 2000 par France Télécom du groupe Orange qui a « pénalisé la capacité d’investissement (de France Télécom), freiné l’emploi, et coûté 10 milliards d’euros de recapitalisation ». Il s’est défendu de vouloir faire du « protectionnisme économique », et il a affirmé qu’il s’agissait d’un « projet industriel cohérent » qui permettra à la France de disposer « de l’un des premiers groupes mondiaux de l’énergie et de l’environnement ».

Répondant aux inquiétudes des salariés qui craignent une restructuration de Gaz de France et une vague de licenciements, le Premier ministre a assuré que « l’Etat gardera un contrôle fort sur les décisions stratégiques du nouvel ensemble », et qu’il serait « à l’écoute de tous les salariés », qu’il donnerait à cette entreprise « les moyens de son développement », et qu’il y aurait un accompagnement du projet social : « l’emploi sera maintenu, et le développement du groupe devrait générer de nouveaux emplois ».

Dans le but de soutenir la croissance et la consommation, Dominique de Villepin a annoncé un projet de loi sur l’actionnariat salarié qui soutiendrait la croissance et la consommation : « Je demande à Jean-Louis Borloo de recevoir les partenaires sociaux pour valoriser les efforts des salariés et améliorer leur pouvoir d’achat par le biais d’une redistribution plus équitable des bénéfices ». Ce projet de loi sera présentée le 16 mars prochain. Le Premier ministre a par ailleurs assuré que les efforts seront axés sur « la croissance des PME » par le biais d’une meilleure attractivité fiscale. Il a demandé à Thierry Breton « d’examiner avec la Caisse des dépôts et consignations » comment augmenter « significativement les placements en actions de la Caisse ».

Le Premier ministre a annoncé également la création d’un « Conseil de stratégie industrielle » qui regroupera les structures traitant  des questions industrielles et d’innovation, une instance qui sera chargée, en outre « d’éclairer la décision publique ».

Crises sanitaires

Face aux deux grandes crises sanitaires (grippe aviaire et chikungunya), Dominique de Villepin a assuré que dans les deux cas la mobilisation est et sera « à la hauteur des moyens ». Alors que le chikungunya  -qui a pris « une ampleur considérable depuis deux mois (…) qu’on ne pouvait pas prévoir »- a déjà fait 160 000 victimes, le ministre a assuré que les mesures prises pour lutter seront « inscrites dans la durée » : priorité sera accordée à la prévention avec distribution accrue des répulsifs anti-moustiques, augmentation des campagnes de démoustication et remboursement à 100% des frais de soin liés à l’épidémie qui touche l’île de la Réunion. Il a assuré par ailleurs que des dispositifs seront mis en place pour « vérifier l’efficacité des actions engagées ».

Dominique de Villepin a réaffirmé son souci de « transparence » pour « prévenir l’extension et les effets de la grippe aviaire ». Il a déclaré que la France était « aujourd’hui l’un des pays les mieux préparés (…) avec des antiviraux et des masques en grand nombre », pour lutter contre l’épizootie et pour faire face à une éventuelle mutation du virus H5N1. Aux vaccinations préventives, à l’information soutenue auprès de l’ensemble de la population il a ajouté son intention d’indemniser les éleveurs en débloquant 52 millions d’euros comme mesure de soutien.

Le Premier ministre a terminé son intervention par une déclaration politique, insistant sur un nécessaire « rassemblement » et « resserrement des liens entre les Français » appelés à « l’exigence dans l’action ».


par Dominique  Raizon

Article publié le 01/03/2006 Dernière mise à jour le 01/03/2006 à 18:14 TU