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Aide humanitaire

L’ONU assure l’Éthiopie contre la sécheresse

L'Éthiopie est actuellement frappée par une sévère sécheresse. Dans la région de Geladid (photo), dans le sud-ouest éthiopien, des nomades en quête d'eau.(Photo : AFP)
L'Éthiopie est actuellement frappée par une sévère sécheresse. Dans la région de Geladid (photo), dans le sud-ouest éthiopien, des nomades en quête d'eau.
(Photo : AFP)
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam) a annoncé avoir signé le premier contrat d'assurance pour l'aide humanitaire afin de parer aux effets d'une nouvelle sécheresse en Éthiopie. Le contrat, conclu avec l'assureur français Axa Ré, prévoit le déblocage d'une aide financière d'urgence de sept millions de dollars, en cas de sécheresse extrême en Éthiopie pendant la saison agricole 2006. D’autres pays pourraient bénéficier de ce nouveau procédé si l’expérience s’avère positive.

S’assurer contre les aléas climatiques, l’idée n’est pas tout à fait nouvelle. Le secteur du tourisme, notamment, se couvre contre le risque d’intempéries (les parcs de loisirs par exemple), tandis que les stations de ski se prémunissent contre le manque de neige. Des garanties « retard pour cause de mauvais temps » sont proposées aux clients des compagnies maritimes.

Mais c’est la première fois que ce principe est appliqué à l’aide humanitaire. Après un appel d’offres auquel sept grandes compagnies d’assurances ont répondu, un contrat a été passé entre le Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam) et l’assureur français Axa Ré. La prime s'élève à 930 000 dollars. Elle a été financée conjointement par le Danemark et les Etats-Unis. L’accord prévoit, en contrepartie, le déblocage d'une aide financière d'urgence de sept millions de dollars en cas de sécheresse extrême en Éthiopie pendant la saison agricole 2006.

Le Pam, comme d'autres agences humanitaires de l'ONU, lance régulièrement des appels de fonds pour financer ses opérations d'urgence. Mais les bailleurs donnent en général trop peu, et trop tard. « L’idée, c’est d’anticiper au lieu de courir derrière les catastrophes, explique Cécile Sportis, directrice du bureau de liaison du Pam à Paris. Des études nous ont permis de déterminer qu’en débloquant des fonds très rapidement, nous économisions 30% du budget nécessaire à une opération. »

Le dispositif pourrait s’étendre au Kenya ou au Niger

L'Éthiopie est actuellement frappée par une sévère sécheresse. Depuis une semaine, vingt-six stations météos réparties sur le territoire éthiopien collectent les données sur la pluviométrie de mars à octobre 2006. Si les précipitations sont en deçà des niveaux moyens, laissant supposer une très mauvaise récolte, l'aide sera débloquée par l'assureur.

Plusieurs autres pays d'Afrique de l'Est sont touchés, et plusieurs millions de personnes y sont menacés de famine. Ainsi au Kenya, le Programme alimentaire mondial a annoncé la semaine dernière être contraint, faute de financement, de réduire immédiatement de 20% les rations alimentaires distribuées à 230 000 réfugiés somaliens et soudanais établis dans le pays.

Si l’expérience éthiopienne, conçue comme un projet-pilote, est concluante, ce type de contrat  pourrait donc progressivement se généraliser, et le dispositif s’étendre au Kenya ou au Niger. Et, à l'avenir, offrir un moyen de se prémunir contre les effets dévastateurs des sécheresses avant qu'elles ne réduisent « des millions de familles à la misère », a déclaré à Addis Abeba le directeur du Pam, James T. Morris, lors de la présentation du projet.

Le recours à l’assurance privée viendrait alors en complément des améliorations prévues par l’ONU à travers la récente création, début mars, du Fonds central d’intervention d’urgence (Cerf) qui doit fournir des fonds rapidement afin de faciliter les opérations dans les premiers jours suivant une catastrophe.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 21/03/2006 Dernière mise à jour le 21/03/2006 à 17:32 TU