Guinée
Le président Conté est rentré chez lui
(Photo: AFP)
De notre envoyé spécial à Conakry
Quinze heures vingt, vendredi après-midi. Un avion privé atterrit sur le tarmac de l’aéroport Gbessia de Conakry. A son bord, Lansana Conté et sa première épouse Henriette. Dans le hall, la police veille et la descente d’avion du chef de l’Etat guinéen se fait à l’abri du regard des journalistes, à l’exception de ceux de la télévision nationale. Quelques minutes plus tard, le long cortège présidentiel, protégé par les bérets rouges de la garde rapprochée de Lansana Conté, s’ébranle sous les acclamations de quelques milliers de sympathisants venus l’accueillir.
Dans la file : une énorme voiture 4X4. L’une des vitres fumées s’abaisse. C’est le président guinéen qui salue ses sympathisants. Le convoi emprunte ensuite les 14 km d’autoroute qui mènent au centre-ville. Sur les côtés, une foule majoritairement composée d’enfants ou d’écoliers l’applaudit. Etape ensuite au quartier administratif de Kaloum pour un bain de foule au camp Samory Touré, siège de l’Etat major des armées où se trouve aussi la résidence privée de Lansana Conté. Direction ensuite le petit palais présidentiel où il reçoit l’ensemble du gouvernement et de hauts responsables de l’Etat.
Souriant mais amaigri et fatigué
A la radio nationale, l’événement est commenté en direct. « C’est un moment historique, notre président a fait un retour triomphal qui dément toutes les rumeurs », s’exclame, louangeur, un journaliste. Dans la soirée, les téléspectateurs guinéens découvrent à la télévision nationale les premières images de Lansana Conté. L’air souriant, mais amaigri et visiblement fatigué, il reçoit, assis dans un grand fauteuil, les nombreux visiteurs venus lui souhaiter la bienvenue.
Dans l’opposition, ce retour est interprété diversement. Pour Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines, « il est triste que quelqu’un souffre dans sa chair, mais la réalité c’est que 8 millions de Guinéens sont dans une précarité absolue. Et cette misère doit trouver une solution immédiatement. » De son côté, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Mamadou Bâ, renchérit : « Il faut considérer que Lansana Conté n’est déjà pas en mesure d’exercer ses fonctions depuis plus de deux ou trois ans. Dans un pays normal, on aurait déjà décidé - et lui-même aurait déjà décidé - de se retirer ». Pour le pouvoir guinéen, en revanche, l’objectif de ce retour spectaculaire est clair : il s’agit de montrer que c’est bien le président Conté qui est toujours aux commandes de la Guinée.
par Christophe Champin
Article publié le 25/03/2006 Dernière mise à jour le 25/03/2006 à 14:59 TU