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Israël

Kadima, grand favori des législatives

Affiches électorales dans les rues de Jérusalem.(Photo: AFP)
Affiches électorales dans les rues de Jérusalem.
(Photo: AFP)
Le parti Kadima, créé par Ariel Sharon avant son attaque cérébrale, est devenu incontournable sur la scène politique israélienne. Selon les sondages, il devrait remporter les élections législatives de mardi prochain qui renouvèleront les 120 députés de la Knesset. Son dirigeant, Ehud Olmert, prépare déjà son équipe de gouvernement.

De notre envoyé spécial en Israël

Kadima comptera-t-il quarante députés dans la prochaine Knesset ? C’est à cette question arithmétique que pourrait pratiquement se réduire la campagne pour les élections législatives israéliennes du mardi 28 mars. Un peu plus de trois mois après sa création, le parti fondé par Ariel Sharon est devenu incontournable sur la scène politique israélienne. La maladie de celui qui était alors Premier ministre et son remplacement par Ehud Olmert, pourtant moins charismatique, ne semblent pas devoir détourner les électeurs d’une formation appelée à dominer le prochain gouvernement.

En créant Kadima à la suite de dissensions avec ses opposants au sein du parti de droite Likoud, Ariel Sharon a provoqué une recomposition idéologique du paysage politique israélien. Chaque parti a été appelé à se positionner vis à vis d’un nouveau parti qui se veut tout centriste et pragmatique. Déserté par bon nombre de ses cadres, le Likoud, sous la houlette de l’ancien Premier ministre Benyamin Netanyaou, a décidé de faire de son opposition à tout nouveau retrait israélien des territoires palestiniens occupés le thème central de sa campagne. Réorganisé autour des opposants au démantèlement des colonies de Gaza, le parti fondé en son temps par Ariel Sharon affirme que le retrait de Gaza a permis la victoire des islamistes du Hamas lors des élections législatives palestiniennes.

Le Likoud en baisse

Benyamin Netanyaou veut accréditer la thèse selon laquelle la politique menée et envisagée par Ehud Olmert se fait au détriment de la sécurité des Israéliens. Mais l’ancien chef du gouvernement peine à convaincre. Il faut dire qu’une partie des électeurs israéliens garde surtout en mémoire la politique économique appliquée par Benyamin Netanyaou alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement d’Ariel Sharon. Les coupes budgétaires drastiques infligées au secteur social ont aggravé les inégalités : 20% des Israéliens vivent aujourd’hui officiellement en dessous du seuil de pauvreté. Des Israéliens dont une majorité est sépharade c’est à dire originaire d’Afrique du Nord. Cette communauté constituait jusqu’alors un vivier électoral pour le Likoud. Cela pourrait bien changer à l’occasion de ces élections.

Alors qu’il comptait 40 députés à l’issue du scrutin de 2003, le Likoud est crédité par les sondages de 14 à 16 parlementaires. Sa situation est d’autant plus délicate qu’il est largement concurrencé sur sa droite. L’Union nationale et le parti national religieux ont décidé d’unir leurs forces avec pour programme une opposition totale à tout retrait israélien des territoires occupés et à la création d’un Etat palestinien. Cette coalition d’extrême droite est créditée de neuf sièges. Un chiffre que pourrait également atteindre le parti Israël Beteinou (« Israël est notre maison »). Dirigé par Avigdor Lieberman, un immigré de l’ex-Union soviétique, cette formation s’adresse principalement à la forte communauté russe qui, dans sa grande majorité, accordait précédemment ses suffrages au Likoud. Avigdor Lieberman fut lui-même le directeur de cabinet de Benyamin Netanyaou lorsqu’il était Premier ministre. Même s’il a nuancé son discours pour cause de campagne électorale, le chef de file d’Israël Beitenou s’est déclaré à plusieurs reprises pour le transfert, c’est à dire l’expulsion, des Palestiniens vers les pays arabes voisins de l’Etat hébreu.

La gauche recomposée

A l’opposé de l’échiquier politique, la gauche israélienne s’est également recomposée. Le parti travailliste qui, à la surprise générale, a porté à sa tête Amir Peretz, l’ancien chef de la principale centrale syndicale israélienne, a fait de la question sociale l’un de ses principaux thèmes de campagne. Après avoir quitté la coalition gouvernementale dirigée par Ariel Sharon, le parti travailliste n’a eu de cesse de dénoncer la politique économique libérale menée au détriment des plus défavorisés.

Juif d’origine marocaine, Amir Peretz espère convaincre les plus pauvres, majoritairement sépharades, de voter à gauche. Sa volonté de reprendre les négociations politiques avec l’Autorité palestinienne pourrait toutefois lui aliéner le vote de ceux qui estiment qu’il n’a aucune expérience dans le domaine militaire et sécuritaire. Deux questions qui restent primordiales pour une majorité d’électeurs. Dans ce contexte il est probable que les travaillistes acceptent d’intégrer une coalition emmenée par Kadima au sein de laquelle ils se verraient octroyer des ministères en mesure d’agir dans les domaines économiques et sociaux.

Améliorer la vie quotidienne

L’opposition de gauche resterait dans ces conditions incarnée par le seul parti Meretz. Dirigé désormais par Yossi Beilin qui fut l’un des architectes des accords d’Oslo signés entre Israël et l’OLP en 1993, le parti devrait conserver les six députés qu’il compte actuellement. Son credo demeure inchangé. Il souhaite qu’Israël revienne à ses frontières de 1967 afin de permettre la création d’un Etat palestinien viable. Contrairement à l’actuel Premier ministre par intérim, le Meretz estime que toute solution passe par la négociation avec l’Autorité palestinienne.Restent les partis religieux au premier rang desquels se trouve le Shas. La formation emmenée par Eli Ishai entend jouer comme souvent les forces d’appoint d’une future coalition gouvernementale. S’adressant à un public socialement défavorisé et très religieux, le parti entend négocier chèrement l’appui des onze députés que lui prêtent les récents sondages. Tout comme le parti travailliste, le Shas estime que la priorité doit être l’amélioration des conditions de vie des Israéliens les plus pauvres. Ehud Olmert sait  désormais qu’une inflexion de la politique économique menée ces dernières années constitue une condition indispensable pour s’assurer une majorité dans le parlement issu des élections du 28 mars.


par Franck  Weil-Rabaud

Article publié le 26/03/2006 Dernière mise à jour le 26/03/2006 à 10:56 TU

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Frank Weil-Rabaud

Envoyé spécial de RFI à Tel Aviv

«Les colons, qui estiment avoir été trahi par Ariel Sharon, devraient soutenir une coalition d’extrême droite avec en particulier le Parti national religieux.»

[27/03/2006]

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