Israël
Courte victoire pour Kadima
(photo : AFP)
De notre envoyé spécial
Un parti des retraités jusqu’alors inconnu qui fait presque jeu égal avec le Likoud, le parti historique de la droite israélienne : c’est sans doute la surprise majeure de ce scrutin. Longtemps hégémonique au sein du camp nationaliste, le Likoud est aujourd’hui en déshérence. Quelques minutes à peine après la publication des premiers résultats. Benyamin Nétanyaou n’a pu que reconnaître que «pour la seconde fois en trois mois le parti a subi un coup sévère». Il a toutefois exclu de quitter la présidence du parti.
Sa situation s’annonce toutefois délicate d’autant que le Likoud est désormais devancé à droite par Israël Beitanou, la formation d’Avigdor Lieberman. Ce mercredi, c’est bel et bien l’ancien immigré de Moldavie qui est le nouveau chef de l’opposition. Son discours nationaliste est apparu plus convaincant que celui d’un Likoud miné par les divisions. Le Likoud a également été concurrencé à droite par l’Union nationale. Le parti des colons, hostile à tout désengagement des Territoires palestiniens, comptera 9 députés. Pour le Likoud, la leçon est dure à accepter. Le député Yuval se dit «trahi par les électeurs du camp nationalistes qui ont préféré voter pour d’autres partis de droite. Nous sommes pourtant le seul parti nationaliste de gouvernement. C’est donc un choix stupide de la part des électeurs». Son collègue Mikki Eitan reconnaît toutefois que «la punition subie est sans doute justifiée mais son ampleur est exagérée.»
Kadima + travaillistes + religieux
C’est surtout à Ariel Sharon que les militants et les cadres du Likoud réservent leur rancœur. Beaucoup n’hésitent pas à parler de trahison. Ils ne peuvent que constater les dégâts causés par la scission du parti provoquée par l’ancien Premier ministre, il y a trois mois. Le pari d’Ariel Sharon de faire de Kadima, dès sa création, le pivot d’une coalition gouvernementale a été remporté par son successeur. Mais la victoire d’Ehud Olmert s’avère moins large que prévu. Il va devoir négocier afin de former le rassemblement le plus vaste possible pour mener à bien son projet de désengagement unilatéral d’une partie des Territoires palestiniens. Fort de ses vingt députés, le Parti travailliste a bien l’intention de faire valoir son point de vue, plus particulièrement sur les questions sociales et économiques. Amir Peretz, son leader, pourrait demander le poste de ministre des Finances.
La nomination d’un homme qui a fait de la lutte contre les inégalités l’un de ses chevaux de bataille pourrait convaincre certains partis de rejoindre la nouvelle coalition. C’est le cas du parti des retraités qui, à la surprise générale, a remporté huit mandats. Sa revendication principale concerne la revalorisation des pensions des retraités largement affectées par la politique libérale menée ces dernières années. L’exigence d’une nouvelle politique économique était également l’un des thème de campagne du traditionnel parti religieux sépharade Shas. Contrairement aux prévisions, la formation emmenée par Eli Yishai est sorti renforcé du scrutin et obtient onze députés.
En échange de garanties propre à satisfaire son électorat majoritairement religieux, le Shas rejoindra probablement la future coalition. Ehud Olmert devrait donc disposer d’une majorité stable dans cette dix-septième Knesset. Mais Ehud Olmert sait que les prochains jours seront les plus difficiles. Il devra en effet tenter de satisfaire tous les partenaires potentiels de sa coalition.
par Frank Weil-Rabaud
Article publié le 29/03/2006 Dernière mise à jour le 29/03/2006 à 09:33 TU