Afghanistan
Offensive de printemps
De notre envoyé spécial dans le sud de l’Afghanistan
(Carte : C. Wissing/RFI)
L’homme en treillis couleur sable vérifie que nous n’emportons rien avec nous. Il donne des ordres rapides, puis nous invite à le suivre dans une petite pièce confortable pour « parler un peu », dit-il. Nous venons d’arriver dans le fortin des forces spéciales françaises établies à Spin Boldak, dans le sud de l’Afghanistan, à quelques encablures de la frontière pakistanaise. Une zone sous surveillance permanente, surtout depuis le printemps 2005 et le redoublement des attaques menées par les talibans et les membres d’al-Qaïda contre les forces de la Coalition. C’est là qu’ont eu lieu les combats les plus meurtriers depuis le début de l’intervention de la communauté internationale en Afghanistan, fin 2001. Ces combats ont entraîné la mort de 1 600 personnes en 2005, dont près d’une centaine de Gi’s. Ce sont les pertes les plus importantes de l’armée américaine depuis la chute des talibans. « Les extrémistes se sont réorganisés. Ils possèdent un armement plus sophistiqué qu’avant, des relais dans les villages et surtout, ils disposent de bases arrières au Pakistan », explique le colonel J.
Partis le matin même du camp américain de Kandahar, nous avons suivi un convoi de l’armée afghane, protégé par des forces spéciales de la Coalition. Quelques soldats du COS en cagoule sont installés à l’arrière d’un pick-up de l’armée afghane, au milieu de militaires afghans. En tenue de l’armée afghane, munis de kalachnikovs, ces français sont à peine reconnaissables. Le convoi roule à vive allure à travers le désert qui sépare la ville de Kandahar de Spin Boldak. Depuis juillet 2003, deux cents hommes des forces spéciales françaises ont pour mission de boucler la zone, débusquer les combattants qui cherchent à passer d’un pays à l’autre et faire du renseignement. Mais leur principale mission consiste en fait à trouver l’homme le plus recherché de la planète, Oussama ben Laden. « Par deux fois, les soldats du COS ne sont pas passés loin de lui », nous avait-on confié quelques jours avant à Kaboul. On affirme aussi dans la capitale afghane qu’ils auraient tenu ben Laden au bout de leurs fusils, avant qu’un ordre américain leur demande de ne pas tirer. Une anomalie… Depuis, on a perdu sa trace.
Un adversaire autrement plus déterminé qu’avant
Le fortin des Français se trouve au bout de l’un des innombrables chemins qui jalonnent Spin Boldak, au milieu de nulle part, dans une plaine rocailleuse balayée par des vents de poussière. Quatre tourelles permettent une surveillance de toute la zone, à des kilomètres alentours. Au loin, les montagnes qui séparent l’Afghanistan du Pakistan. Des montagnes où opèrent jour et nuit les hommes du COS. Ils partent en petits groupes et se cachent dans les endroits stratégiques repérés par la brigade des frontières. Ils attendent ensuite que les islamistes franchissent cette limite entre les deux pays pour intervenir.
(Photo : Emmanuel Razavi)
« Nous rencontrons parfois un peu de résistance. Nous faisons alors appel aux forces aériennes de
par Eric de Lavarène
Article publié le 29/03/2006 Dernière mise à jour le 29/03/2006 à 12:48 TU