Irak
La journaliste américaine Jill Caroll est libre
(Photo : AFP)
L’interprète de Jill Carroll a été tué par balles pendant l’enlèvement. Pour sa part, la jeune journaliste - elle est âgée de 28 ans - s’est déclarée «en bonne forme» mais pressée de retrouver sa famille lors de sa réapparition télévisée, dans le bureau de Tarek al-Hachémi où elle était filmée revêtue d’une robe ample et la tête couverte par un foulard. «Ils m'ont bien traitée», a-t-elle assuré, indiquant toutefois que ses ravisseurs l’ont «autorisée une seule fois à lire un journal et une seule fois à voir la télévision, ce qui n'était pas suffisant pour avoir une idée de ce qui se passait dans le monde» et qu’elle ne pouvait se déplacer «qu'entre la chambre et les toilettes».
«Un moment historique pour le Parti islamique»
Les ravisseurs de Jill Carroll, un groupe armé jusqu'ici inconnu, les Brigades de la vengeance, menaçaient de la tuer et exigeaient la libération des prisonnières irakiennes en échange de la journaliste. Reste à savoir si les appels de sa sœur jumelle, relayés par différents chefs de file irakiens, le sunnite Adnane Doulaïmi en tête, ont suffi à faire changer d’option les preneurs d’otages. En tout cas, à l’issue de la prestation télévisée de Jill Carroll, Tarek al-Hachémi lui a remis solennellement les armoiries de son parti et un exemplaire du coran, tenant sa libération pour «une expression de ce qu'est le véritable islam» et «un moment historique pour le Parti islamique». Cette bonne nouvelle tombe une semaine après une opération musclée de la Force multinationale qui a permis la libération de trois humanitaires occidentaux, des membres de l’organisation Christian Peacemaker Teams enlevés à Bagdad le 26 novembre dernier.
Une quarantaine d’étrangers et des centaines d’Irakiens restent pris en otages en Irak, où les enlèvements se sont multipliés depuis avril 2004. D’autres sont portés disparus ou ont été exécutés, comme l’Américain Ronald Schulz, le 8 décembre dernier, selon les auteurs de son rapt qui se réclament de l'Armée islamique en Irak. C’est d’ailleurs ce groupe que le ministre irakien de l'Intérieur, Bayane Jabr Soulagh, avait incriminé dans l’enlèvement de Jill Carroll, le 28 février dernier, assurant même qu’il avait localisé son lieu de détention. Enfin, pour les journalistes, l’Irak reste hautement dangereux comme en témoigne le rapport 2005 publié ce 30 mars à Vienne (Autriche) par l’Institut international de la presse (IPI) . Sur les 65 journalistes tués dans l’exercice de leur métier, 23 sont tombés en Irak l’année dernière. Parmi eux, un seul Occidental, Steven Vincent, qui travaillait à Bagdad, lui-aussi pour le Christian Science Moniteur, ainsi que pour le New York Times.
Article publié le 30/03/2006 Dernière mise à jour le 30/03/2006 à 16:34 TU