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Irak

L'otage américaine menacée de mort

Capture d’écran de la vidéo diffusée sur la chaîne Al-Jazira montrant la journaliste américaine Jill Carroll menacée de mort par ses ravisseurs.(Photo : AFP)
Capture d’écran de la vidéo diffusée sur la chaîne Al-Jazira montrant la journaliste américaine Jill Carroll menacée de mort par ses ravisseurs.
(Photo : AFP)
Enlevée depuis le 7 janvier à Bagdad par des hommes armés la journaliste américaine Jill Carroll, 28 ans, est apparue mardi dans une vidéo diffusée par ses ravisseurs sur la chaîne arabophone la télévision qatarie Al-Jazira. Ces hommes qui assurent être membres du mouvement « les Brigades de la vengeance » menacent de la tuer - dans 72 heures - si les Irakiennes qui sont détenues dans les différentes prisons du pays n’étaient pas libérées. Mardi, la famille de Caroll installée à Boston au nord-est des Etats-Unis a appelé les ravisseurs à libérer la journaliste « une personne honnête dont l’amour pour l’Irak et le peuple irakien se ressentaient dans ses articles ». Le porte-parole du département d’Etat, Sean Mc Cormack, a indiqué pour sa part que Washington ferait tout pour obtenir la libération de la reporter.

Dix jours après son enlèvement, la journaliste Jill Carroll, 28 ans, du Christian science Monitor (CSM), un journal américain fondé en 1908 à Boston et non religieux, est apparue sur les écrans de la télévision Al-Jazira. Visiblement pâle, les cheveux à demi-attachés et vêtue d’un sweat-shirt gris clair, la journaliste a parlé dans la brève séquence diffusée sans pour autant être entendue.

Les ravisseurs, auteurs de la vidéo, qui disent appartenir à un mouvement jusqu’ici inconnu en Irak « les brigades de la vengeance », ont exigé la libération des irakiennes emprisonnées dans le pays assortie d’un ultimatum. Ils « ont fixé au gouvernement américain un délai de 72 heures pour la libération des détenues irakiennes », menaçant de tuer Jill Carroll, si cette exigence n’était pas satisfaite, annonce Al-Jazira.

Le 7 janvier, alors que Jill Carroll se rendait à un rendez-vous chez le dirigeant sunnite Adnan al Doulaimi pour une interview, elle a été enlevée dans le quartier de Adl dans l’Ouest de Bagdad. Quelques heures plus tard, son interprète a été retrouvé mort par balle.

« Jill est l’amie et la sœur de nombreux irakiens »

La famille de la jeune journaliste qui avait effectué ces trois dernières années de nombreux reportages au Moyen-Orient pour des titres italiens et jordaniens, a immédiatement appelé à la clémence des ravisseurs.

Dans un communiqué publié sur le site de CSM, les proches de l’otage demandent « respectueusement (aux ravisseurs d’accorder leur) clémence (à la journaliste) et de lui permettre de rentrer chez elle auprès de sa mère, de sa sœur et de sa famille ».

Souhaitant naturellement « le retour rapide » de leur « fille et sœur adorée », les membres de la famille relèvent que « Jill (Carroll) est une journaliste honnête dont l’amour pour l’Irak et le peuple irakien se ressentaient dans ses articles. Elle a été reçue dans les familles de nombreux Irakiens ». Le texte conclu que la journaliste comprend « la souffrance » quotidienne des Irakiens, c’est pourquoi elle « s’attachait à rapporter la vérité de la guerre en Irak au monde ».

A Washington, le porte-parole du département d’Etat, Sean Mc Cormack, a affirmé de son côté, que son pays fera « tout en coopération avec les Irakiens pour la ramener saine et sauve le plus vite possible ».

Cette prise d’otage porte à 31 le nombre de représentants de la presse enlevés en Irak depuis le déclenchement de la guerre dans le pays en mars 2003, souligne l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF). Par ailleurs quatre pacifistes chrétiens, un Britannique, un Américain et deux Canadiens, sont toujours aux mains de ravisseurs.

Ambiance chaotique persistante

Outre cet enlèvement, différentes attaques ont été perpétrées dans plusieurs villes du pays. Douze Irakiens, trois policiers et sept employés d’une société travaillant avec l’armée irakienne ont été tués. A Kirkouk au nord de l’Irak, trois membres de l’Union patriotique du Kurdistan ont aussi été assassinés.

Le commandant des gardes-frontières irakiennes du secteur du Chatt al-Arab, à la frontière irako-iranienne, Abbas al-Moussaoui, a rapporté mardi que des gardes-côtes irakiens avaient été interceptés et enlevés par les forces iraniennes, un soldat irakien a été « grièvement » blessé huit autres dont un officier capturés.

Parallèlement, près de la ville sainte chiite de Najaf (centre), les restes de deux-vingt personnes ont été découverts. Ces restes, selon des sources de sécurité, appartiendraient aux victimes chiites qui s’étaient soulevées contre le régime de Saddam Hussein en 1991.

Résultats des législatives et procès de Saddam Hussein attendus

En attendant le pays retient à nouveau son souffle dans la perspective de la publication des résultats définitifs des législatives du 15 décembre et de la reprise du procès de Saddam Hussein.

Lundi, la Commission électorale indépendante irakienne a annulé les bulletins de 227 urnes sur 31 500, suite à la plainte déposée par les partis sunnites qui au lendemain du scrutin avaient dénoncé des fraudes qui auraient émaillé le vote. Mais dans la pratique cette annulation ne devrait pas modifier profondément les résultats globaux des élections dont les chiffres préliminaires donnent un avantage confortable aux partis chiites conservateurs.

Le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, 72 ans, a lui, estimé lors d’une conférence de presse, que les quelques « fraudes constatées », ne remettaient pas en cause la bonne tenue du scrutin et du « résultat définitif ». La Commission électorale a d’ailleurs annoncé pour « la fin de la semaine », la publication des résultats « définitifs, mais non certifiés ».

Dans le même temps les Irakiens sont très inquiets et seront aussi attentifs à la reprise le 24 janvier du procès de l’ancien président Saddam Hussein et ses sept coaccusés. Ceux-ci comparaîtront pour le massacre de près de 150 villageois chiites après une attaque contre le convoi de l’ex-Raïs en 1982 à Doujaïl un petit bourg situé au nord de Bagdad.

D’ores et déjà, le Haut Tribunal pénal irakien a remplacé son président démissionnaire le kurde Rizkar Amine. Ce dernier qui reste toujours juge, avait rendu son tablier dimanche pour dénoncer les virulentes critiques formulées à son endroit par le gouvernement et des hommes politiques irakiens chiites qui lui reprochaient sa méthode « jugée molle » de conduire le procès de l’ex-président. Il a été remplacé par un intérimaire, le juge Saïd al-Hamachi, un ancien avocat chiite originaire de Bagdad « je suis prêt à présider la prochaine audience », « peu m'importe qui se trouve devant moi, un ancien président ou autre. Ce qui m'intéresse, c'est que justice soit faite », avait-il déclaré au quotidien Asharq al-Awsat. Le procureur général Jaafar al-Moussaoui, avait d’ailleurs confirmé mardi la démission du juge Rizkar Amine et avait indiqué que le choix s'était porté sur Saïd al-Hamachi pour diriger les prochaines audiences du procès.

par Muhamed Junior  Ouattara

Article publié le 18/01/2006 Dernière mise à jour le 18/01/2006 à 12:59 TU

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Luca Niculescu

Correspondant en Roumanie

«Depuis une dizaine de jours en gros on ne voit pas un élan de solidarité comme on peut le voir en France.»

[15/04/2005]

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