Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Terrorisme

La peine de mort applicable à Moussaoui

Pour le jury du tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie), la peine de mort est applicable à Zacarias Moussaoui.(Photo: AFP)
Pour le jury du tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie), la peine de mort est applicable à Zacarias Moussaoui.
(Photo: AFP)
Estimant qu’il avait causé « directement » la mort d’au moins une des quelque 3 000 victimes des attentats du 11-Septembre, le jury fédéral américain chargé de juger le Français Zacarias Moussaoui, seul suspect poursuivi dans ce dossier, a décidé lundi qu'il pouvait être condamné à mort. S’ouvre maintenant une nouvelle phase de son procès. Après examen des circonstances aggravantes ou atténuantes, les jurés détermineront s'il doit être exécuté ou condamné à la prison à vie.

La salle d’audience était plongée dans un silence solennel lorsque la juge Leonie Brinkema a entamé la lecture de la décision du jury. Après 17 heures de délibéré, les 12 jurés du Tribunal d’Alexandria (Virginie) ont estimé que Zacarias Moussaoui, sans avoir lui-même tué quiconque, avait menti aux enquêteurs du FBI, lors de son arrestation au mois d’août 2001, trois semaines avant les attentats. Ses mensonges ont, selon eux, empêché de déjouer le complot et provoqué « directement » la mort d’au moins une des 3 000 victimes des attaques.

« Vos conclusions signifient que nous passons à la phase deux, lors de laquelle le jury (…) décidera au bout du compte la peine qui sera infligée », à enfin déclaré la juge, avant de lever la séance. « Vous n’aurez jamais mon sang ! Que Dieu vous maudisse tous ! », a hurlé Moussaoui à l’issue de la lecture du texte, alors que la cour était déjà sortie.

Le responsable de l’information auprès du tribunal a expliqué après l’audience : « Par ce verdict, le jury a estimé que le peine de mort était applicable dans cette affaire », avant qu’un haut responsable du ministère américain de la Justice ne se félicite : « Nos efforts au nom des victimes du 11-Septembre continueront avec la prochaine phase du procès. »

« Nous savons qu’il est coupable »

A l’annonce de la décision du jury du tribunal, les proches des victimes étaient partagées. Certains ont estimé que le jihadiste français ne devrait pas être condamné à la peine capitale, voyant en lui « un bouc émissaire », comme cette femme membre du groupe des « veuves du New Jersey », qui milite depuis les attentats pour une vaste enquête sur les responsabilités. « Je ne savais pas que cacher une information pouvait vous rendre passible de la peine de mort (…) Le CIA a refusé des informations au FBI… »

D’autres ont approuvé. Ainsi Rosemary Dillard, qui a perdu son mari dans l’effondrement du World Trade Center : « Le jury a pris son temps et a fait du bon boulot. Nous ne pouvions pas avoir une meilleure décision (…). Nous savons qu’il est coupable. »

Sur ordre d’Oussama ben Laden

C’est jeudi que débutera la seconde partie du procès. Elle se déroulera à quelques kilomètres du Pentagone, l’un des bâtiments frappés le 11-Septembre. Elle pourrait durer plusieurs semaines et devrait se concentrer sur les témoignages des proches des victimes : une quarantaine de témoins ont déjà été convoqués à la barre par le procureur. Elle consistera pour l’essentiel à déterminer si Moussaoui bénéficie de circonstances atténuantes, ou s’il pâtit de circonstances aggravantes.

Son attitude provocatrice durant le procès, son absence de repentir, l’aveu de sa satisfaction lors des attentats (« J’étais ravi ») joueront contre lui, de même que sa récente volte-face lorsque, le 27 mars dernier, il a contredit ses déclarations précédentes et a finalement revendiqué un rôle dans la préparation des attaques, expliquant qu’il aurait dû se trouver, sur ordre d’Oussama ben Laden, aux commandes d’un avion lancé contre la Maison Blanche.

« Nous ferons tout pour lui éviter une condamnation à mort », a assuré à l’AFP Me François Roux, l’avocat français qui travaille avec les défenseurs américains de Zacarias Moussaoui. De leur côté, les autorités françaises disent avoir reçu l'assurance de Washington que les informations fournies par Paris sur l'affaire Moussaoui dans le cadre d’un coopération judiciaire ne seraient pas utilisées pour faire condamner à mort le Français. « Nous sommes opposés à la peine de mort en tous lieux et en toutes circonstances. Nous avons des assurances des Etats-Unis - même des assurances écrites des Etats-Unis - que les informations ne seront pas utilisées à l'appui d'une peine de mort », a expliqué Jean-Baptiste Mattéi, le porte-parole du Quai d'Orsay.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 04/04/2006 Dernière mise à jour le 04/04/2006 à 17:03 TU