Irak
Carnage dans une mosquée chiite de Bagdad
(Photo : AFP)
L'attentat a visé la mosquée Bouratha, à la fin de la prière du vendredi. Ce sont trois kamikazes déguisés en femmes qui se sont fait exploser vendredi dans cette mosquée chiite du nord de la capitale irakienne. L'imam de la mosquée visée, cheikh Jalaleddine al-Saghir, a pointé du doigt des organisations sunnites, les accusant d'une campagne de désinformation contre son lieu de culte ayant justifié, à ses yeux, l'attaque sanglante.
« Le dernier bilan s'établit à 79 morts et 164 blessés », a déclaré sur la télévision publique Iraqia, un responsable du ministère de la Santé. « Au moins deux des kamikazes étaient habillés en femmes et deux des explosions ont eu lieu à l'intérieur de la mosquée », a indiqué une source de sécurité, notant que le mode de l'attaque, avec trois explosions successives, était destiné à faire le maximum de victimes.
Cheikh Saghir a quant à lui déclaré sur la chaîne satellitaire arabe Al-Arabiya que « selon les premiers éléments de l'enquête, une femme ou un homme déguisé en femme avait réussi à se faufiler jusqu'au poste de sécurité de l'entrée des femmes » dans la mosquée. « Il s'est alors fait exploser, provoquant la panique parmi les gens qui se sont rués sur les sorties, ce qui a permis aux deux autres kamikazes d'entrer dans la mosquée (…) L'un s'est dirigé vers mon bureau et l'autre vers la principale salle de prière où ils se sont fait exploser au milieu de la foule », a-t-il ajouté.
« Les terroristes aiment le vide »
Ce responsable du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), le principal parti chiite du pays, n'a pas hésité à faire porter la responsabilité de l'attaque au Comité des oulémas, la principale organisation de religieux sunnites, et à un homme politique de cette communauté, Adnane al-Doulaïmi. Selon lui, des publications liées au Comité et à Adnane al-Doulaïmi avaient affirmé que sa mosquée était un « centre de détention et qu'il y avait même des fosses communes de sunnites ». Il a également accusé des prêcheurs sunnites d'avoir tenu des propos enflammés contre ce lieu de prière, ajoutant toutefois que les chiites, tout en continuant à « lutter contre le terrorisme » n'allaient pas se laisser « entraîner dans un conflit confessionnel. »
Il s'agit de la deuxième attaque dirigée contre les chiites en 24 heures en Irak. Dix Irakiens, dont quatre femmes, avaient été tués et 42 blessés dans un attentat à la voiture piégée perpétré jeudi à Najaf, à 160 km au sud de Bagdad.
La violence fait rage alors que les négociations pour la formation du gouvernement piétinent depuis plus de trois mois. Le Premier ministre sortant, le chiite Ibrahim Djaafari, refuse de céder aux appels l’incitant à renoncer à sa succession. « Plus les choses traîneront en longueur et plus les terroristes se frotteront les mains parce que cela leur donne l'occasion de déclencher des violences et qu'ils pourront affirmer que ceci illustre l'incapacité de la classe politique irakienne à s'unir », a averti John Reid, le ministre britannique de la Défense. « Les terroristes aiment le vide », a-t-il ajouté après une rencontre à Washington avec son homologue américain, Donald Rumsfeld.
par Philippe Quillerier (avec AFP)
Article publié le 08/04/2006 Dernière mise à jour le 08/04/2006 à 10:33 TU