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Népal

Le roi isolé en son palais

Pour la première fois les manifestations ont atteint la zone touristique de Katmandou.(Photo : AFP)
Pour la première fois les manifestations ont atteint la zone touristique de Katmandou.
(Photo : AFP)
Après une légère accalmie pour le nouvel an népalais, Vendredi, les manifestations ont repris de plus belle au cours de week-end pour se propager à toutes les villes du pays. Lancée le 6 avril par l’opposition, la mobilisation touche désormais toutes les couches de la société. De plus en plus isolé, le Roi continue toutefois d’ignorer la colère de son peuple.

De notre envoyé spécial à Katmandou

Après la pression de la rue, la désobéissance civique. Au douzième jour de la mobilisation contre le régime extra-constitutionnel du roi Gyanendra, l’opposition népalaise a appelé la population à ne plus payer ses impôts ni les factures relatives au services publics, hier. Les pays donateurs, aussi, sont invités à suspendre leur aide financière au pays, afin de faire fléchir le monarque qui, malgré l’ampleur qu’a pris le mouvement populaire, continue de jouer la sourde oreille

La contestation a gagné le quartier touristique de Thamel. Une grande première puisque les commerçants de cette enclave située à proximité du Palais royal avaient jusqu’ici toujours refusé de soutenir le mouvement. D’une part parce que, comme de nombreux Népalais, ils continuent de se méfier des partis politiques, qu’ils estiment inefficaces et corrompus, mais surtout parce qu’ils craignaient que cela ne porte un nouveau coup au tourisme, déjà sérieusement mis à mal, ces dernières années, par la rébellion maoïste, les grèves et les couvre-feu à répétition. Aujourd’hui, ils affirment ne plus pouvoir ignorer la situation. “La seule solution pour assurer la survie de notre secteur d’activité est le retour à la paix, or cela passe forcément par un retour à la démocratie”, résume Shiva Maharatta, propriétaire d’un petit magasin de vêtements en pashmina.

Dénoncé par son peuple comme un despote

En raison de la grève générale lancée par “l’alliance des sept”, la plupart des commerces sont à nouveau fermés à travers le royaume, et la population ne se déplace plus qu’a pied ou en vélo. A Katmandou, la pénurie de produits de première nécessité commence d’ailleurs à se faire sentir, provoquant une flambée des prix particulièrement douloureuse pour la population. Plus remontés que jamais, la plupart des habitants se disent toutefois prêts à faire des “sacrifices” pour parvenir à leurs fins. “Si les gens commencent à manquer de nourriture, ils seront encore plus nombreux à descendre dans les rues. Nous n’abandonnerons pas notre lutte contre ce roi qui nous ignore”, promet ainsi Ang Babu, étudiant à l’université de Tribhuvan.

Dénoncé par son peuple comme un despote, Gyanendra s’est aussi attiré les condamnations de la communauté internationale au grand complet depuis deux semaines. Sans aucun résultat pour l’instant. “Il semble estimer que cette pression internationale ne sera pas suivi de réelles sanctions”, explique Rajendra Dahal, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Himal Kabharpatrika.

Réfugié dans le Palais royal, le souverain a toutefois reçu hier les ambassadeurs d’Inde, de Chine et des Etats-Unis. Va-t-il enfin entendre raison? “C’est impossible de le savoir, Gyanendra est totalement imprévisible”, estime Rajendra Dahal. Selon la rumeur, le monarque envisagerait au contraire de réinstaurer l’Etat d’urgence, comme il l’avait fait pendant trois mois, l’an dernier, après s’être emparé des pleins pouvoirs en violation de la Constitution. En attendant, l’opposition a, elle, appelé à une grande manifestation à Katmandou, Jeudi prochain.


par Pierre  Prakash

Article publié le 17/04/2006 Dernière mise à jour le 17/04/2006 à 09:18 TU

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Marie Leconte

Spécialiste du Népal au CNRS

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