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Proche-Orient

Le gouvernement Hamas en quête de fonds

Le chef de la diplomatie palestinienne Mahmoud Zahar a rencontré samedi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.(Photo : AFP)
Le chef de la diplomatie palestinienne Mahmoud Zahar a rencontré samedi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.
(Photo : AFP)
En cessation de paiement et politiquement isolé, le cabinet palestinien dirigé par le mouvement radical cherche des financements et des appuis dans les pays islamiques. Après un accueil très réservé ce week-end au Caire, le chef de la diplomatie palestinienne Mahmoud Zahar arrive ce lundi en Arabie saoudite avant de se rendre en Jordanie, à Bahreïn, au Koweït puis en Malaisie. L’Iran a annoncé dimanche un don de 50 millions de dollars.

Pour les dirigeants palestiniens, il y a urgence à renflouer les caisses. Après le gel des aides financières des Etats-Unis et de l’Union européenne (plus gros bailleur de fonds avec 500 millions d'euros par an), alors qu’Israël retient toujours, depuis fin janvier, les taxes et droits de douane perçus chaque mois au nom des Palestiniens (60 millions de dollars), avec une dette officiellement déclarée de 1,7 milliard de dollars, l’Autorité palestinienne est au bord de la banqueroute. Le gouvernement dirigé par le Hamas n’a toujours pas pu payer les fonctionnaires au mois de mars (115 millions de dollars), ce qui a déclenché, ces derniers temps, des mouvements d’humeur parmi les forces de sécurité.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont trois exigences majeures : que le Hamas reconnaisse Israël, qu'il renonce à la lutte armée et qu'il respecte les engagements des précédents gouvernements palestiniens. Pour l’instant, et malgré quelques signes contradictoires récemment, il n’est toujours nullement question d’une reconnaissance de l’Etat hébreu. « Les pressions (des Occidentaux) visent à nous faire changer nos positions politiques, à reconnaître Israël et à renoncer aux droits des Palestiniens, mais le Hamas ne cèdera pas aux pressions, ne reconnaîtra pas Israël et ne renoncera pas aux droits des Palestiniens », a affirmé samedi à la télévision iranienne Khaled Mechaal.

L’émissaire du Hamas ignoré par l’Egypte

Le chef du bureau politique du Hamas, réfugié à Damas (Syrie), était ce week-end à Téhéran, où il était l’invité d’honneur d’une conférence de soutien aux Palestiniens, la troisième du genre depuis 1991. A cette occasion, il s’est vu promettre par l’Iran une aide d’urgence. « Le gouvernement de la République islamique (…) annonce l'octroi de 50 millions de dollars pour aider le gouvernement et le peuple palestiniens », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki. Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a appelé quant à lui les pays musulmans à aider les Palestiniens « par tous les moyens ».

Jusqu’ici, l’appel du dignitaire iranien n’a guère reçu d’écho. Ainsi, tandis que Khaled Mechaal était à Téhéran, le ministre palestinien des Affaires étrangères Mahmoud Zahar effectuait au Caire sa première tournée à l'étranger visant notamment à briser l’isolement de son gouvernement. Résultat : il a été boycotté par les autorités égyptiennes, et la Ligue arabe lui a demandé de reconnaître Israël. Suite, probablement, à des pressions américaines sur l’Egypte, le chef de la diplomatie palestinienne n’a été reçu ni par son homologue égyptien, qui a invoqué un « manque de temps », ni par le président Hosni Moubarak. Il a dû se contenter d’un entretien avec le général Omar Souleimane, chef des renseignements égyptiens chargé à la présidence du dossier israélo-palestinien.

Les capitales arabes se coordonnent

Comme l’a confié l'analyste égyptien Imad Gad à l'AFP, « le Caire a ainsi adressé un message clair, signifiant qu'en plus de son isolement international, le Hamas devra faire face à un isolement arabe s'il persiste dans ses positions idéologiques et dans son refus de reconnaître Israël. » Parallèlement, la Ligue arabe enfonçait le clou. Le ministre palestinien a été reçu par Amr Moussa, le secrétaire général de l’organisation dont le siège est au Caire. Il a aussi pris part à une réunion à huis clos avec les délégués des Etats membres, lesquels l’ont engagé à adhérer à l'initiative arabe de paix, adoptée au sommet de Beyrouth en 2002, et qui implique la reconnaissance d'Israël. « Je vais transmettre ce message à mon gouvernement pour examiner la question », s’est borné à répondre le diplomate palestinien.

Mahmoud Zahar aura-t-il plus de succès à Riyad, où il est attendu ce lundi pour deux jours ? Rien n’est moins sûr. Certes, l’Arabie saoudite est traditionnellement le plus important donateur arabe aux Palestiniens. Mais dimanche, à la veille de son arrivée, le chef des renseignements égyptiens Omar Souleimane était présent dans la capitale saoudienne où il s'est entretenu avec le roi Abdallah. Selon l'agence officielle saoudienne SPA, le général a remis au souverain saoudien un message du président égyptien, Hosni Moubarak.

SPA ne donne pas d’autre précision. Il convient donc de rester prudent. Mais tout laisse à penser que les capitales arabes se coordonnent pour faire pression sur le Hamas. L’Iran, qui n’est pas un pays arabe et qui cherche à établir un front anti-occidental dans la région, suit sa logique propre en soutenant le mouvement radical palestinien. En revanche, on verrait mal la Jordanie, Bahreïn ou le Koweït, prochaines étapes de Mahmoud Zahar, ne pas se joindre au mouvement initié au Caire.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 17/04/2006 Dernière mise à jour le 17/04/2006 à 14:51 TU