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Pétrole

L’Opep reste inflexible, malgré la flambée des prix du brut

L’Opep souhaite le «<em>maintien des cours du brut à des niveaux justes et équitables</em>».(Photo : AFP)
L’Opep souhaite le «maintien des cours du brut à des niveaux justes et équitables».
(Photo : AFP)
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole n’a pas l’intention de modifier sa politique de production, malgré les prix élevés du baril de brut qui ont dépassé les 75 dollars vendredi dernier. Les responsables du cartel - qui se sont réunis lundi en marge du 10ème Forum international de l’énergie à Doha – n’ont pas jugé utile d’augmenter la production, considérant que le marché mondial est suffisamment approvisionné. «C’est ce marché qui fixe les prix en fonction de l’offre et de la demande», a déclaré le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi. La proposition du Koweït, pour que l’Organisation produise 2 millions de barils supplémentaires par jour, n’a pas été retenue.

Il n’y aura donc pas de changement dans la politique des onze pays membres de l’Opep qui produisent ensemble 28 millions de barils par jour, près de 40% du pétrole mondial. L’Organisation s’est néanmoins engagée à fournir «un approvisionnement de brut adéquat aux pays consommateurs». Le communiqué diffusé dans la capitale du Qatar signale que l’Opep souhaite une stabilisation du marché et le «maintien des cours du brut à des  niveaux justes et équitables». L’Opep pense que le volume actuel de brut sur le marché est supérieur à la demande globale. Mais, selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande globale atteindra cette année 85,1 millions de barils par jour, tandis que l’offre totale de pétrole (Opep et non-Opep) est légèrement inférieure, de l’ordre de 84,5 barils par jour. 

Les pays producteurs et exportateurs considèrent que l’actuelle flambée des prix du brut résulte surtout des «incertitudes géopolitiques et de la spéculation». Il est clair que les membres de l’Opep sont conscients des dangers liés à la crise entre l’Iran (membre de l’Organisation) et les Etats-Unis, à cause du projet d’enrichissement de l’uranium iranien. Washington craint que l’Iran puisse développer l’arme nucléaire et souhaite que communauté internationale intervienne, peut-être militairement. Téhéran avait menacé de fermer le détroit d’Ormuz, en cas d’attaque américaine, ce qui bloquerait 20% de la production mondiale.

Toujours à Doha, lors du Forum international de l’énergie, des voix se sont levées contre le sous-investissement en matière de prospection et extraction qui limite les capacités de production de brut, tandis que la demande des pays émergents, notamment de la Chine et de l’Inde, est en constante augmentation. Les responsables des pays producteurs reprochent aux pays consommateurs le manque d’investissements dans les raffineries de pétrole. Aucune raffinerie n’a été construite aux Etats-Unis depuis trente ans. Le dialogue est toujours difficile entre producteurs et consommateurs.

La diplomatie pétrolière chinoise

Les questions pétrolières ont aussi dominé la visite que le président chinois Hu Jintao vient d’effectuer en Arabie Saoudite où il a été reçu par le roi Abdallah. Suite à cette rencontre, des officiels chinois, cités par l’AFP, ont déclare que leur pays était disposé à stocker des réserves stratégiques de brut, mais n’ont pas donné des détails au sujet de la capacité de ces futures réserves. Il faut noter que la Chine, n’étant pas membre de l’Agence internationale de l’énergie, n’était pas obligée à se doter de réserves pétrolières. Avec ce «filet de sécurité» la Chine pourra minimiser les effets des perturbations des marchés, utilisant le pétrole en stock en cas d’urgence. L’objectif à long terme est de constituer des réserves représentant six mois de consommation. L’Arabie Saoudite a été invitée à participer à l’approvisionnement de cette réserve stratégique qui devrait être installée dans une zone côtière du sud-est de la Chine qui est, maintenant, le deuxième pays consommateur de pétrole du monde (6,4 millions de barils par jour), après les Etats-Unis et devant le Japon. L’Arabie Saoudite est déjà le premier fournisseur de brut de la Chine, avec 22,2 millions de tonnes par an, l’équivalent à plus de 400 000 barils par jour.

Hu Jintao avait reçu il y a trois mois le roi Abdallah à Pékin. La presse officielle chinoise salue cette «coopération stratégique» entre les gouvernements de Pékin et de Riyad. Les Chinois veulent attirer les pétrodollars et renforcer la coopération de l’Arabie Saoudite dans des projets d’exploration du gaz et même de prospection pétrolière ainsi que dans la construction de raffineries. La Chine va participer à l’exploitation des réserves de gaz dans le désert saoudien. Les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à 15 milliards de dollars.

Les gouvernements saoudien et chinois ont aussi conclu un accord sur la sécurité et un contrat en matière de défense. L’Arabie Saoudite cherche à prendre des distances vis-à-vis de ses partenaires américains, en s’ouvrant vers les pays émergents, comme c’est le cas de la Chine. Le président chinois le sait et il a prononcé dimanche, devant le Majlis (Conseil consultatif) un discours appelant au respect des différences entre les nations, soulignant que les «Etats du monde doivent réaliser un développement parallèle, en mettant de côté leurs querelles».

Hu Jintao va continuer son offensive diplomatique en Afrique, visitant successivement le Maroc, le Nigeria et le Kenya. Il y sera aussi question de pétrole. Pékin est aussi consommateur de pétrole produit en Angola et au Soudan.


par Antonio  Garcia

Article publié le 25/04/2006 Dernière mise à jour le 25/04/2006 à 11:17 TU

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Aurélien Colly

Journaliste à RFI

«Depuis quelques semaines, il y a une part évidente de spéculations dans ces prix.»

[24/04/2006]

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