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Timor-Est

L’Australie et le Portugal envoient des troupes

L'Australie et le Portugal vont envoyer des soldats pour participer au rétablissement de l'ordre au Timor-Est.(Photo : AFP)
L'Australie et le Portugal vont envoyer des soldats pour participer au rétablissement de l'ordre au Timor-Est.
(Photo : AFP)
Suite aux incidents de ces dernières semaines dans la capitale, Dili, le gouvernement timorais a demandé l’aide de la communauté internationale. L’Australie et le Portugal (ancienne puissance coloniale) ainsi que la Nouvelle-Zélande vont envoyer des troupes pour aider les militaires timorais à faire face aux mutins qui se sont soulevés. Au moins huit personnes ont été tués dans les affrontements entre l’armée et les mutins. Quatre ans après avoir accédé à l’indépendance, Timor-Est traverse une période difficile.

Les gouvernements de l’Australie et du Portugal ont répondu à la demande d’aide militaire formulée par le gouvernement est-timorais, suite aux incidents qui se sont produits dans la zone de la capitale, Dili, depuis bientôt un mois. L’Australie va envoyer dans les prochaines heures 1 300 soldats, l’équivalent des effectifs d’un bataillon selon le ministre des Affaires étrangères Alexander Downer. Canberra a aussi décidé de mobiliser 3 navires qui se trouvent à Darwin, dont un transporteur de troupes, ainsi que des moyens aériens. Le Portugal va envoyer 120 éléments de la Garde nationale républicaine et le Premier ministre José Socrates a souligné que son gouvernement avait décidé de faire «un geste de solidarité» vis-à-vis de son ancienne colonie du Pacifique.

Les gouvernements de Canberra et de Lisbonne ont donc été les premiers à répondre à la demande d’aide formulée mercredi matin par les autorités timoraises. Le président Xanana Gusmão avait convoqué le corps diplomatique accrédité à Dili et demandé à la communauté internationale l’envoi d’un force de sécurité multinationale pour pouvoir garantir la sécurité publique dans son pays. Les gouvernements de la Nouvelle-Zélande et de la Malaisie ont aussi été contactés par le gouvernement timorais et devraient également dépêcher des troupes à Timor-Est.

Soulèvement militaire

La situation à Dili a été jugée sérieuse par plusieurs gouvernements de la région - et même par les Etats-Unis - qui ont considéré utile de rapatrier leurs citoyens et une partie de leurs fonctionnaires diplomatiques en poste à Dili. Des incidents se sont produits dans la proche banlieue de la capitale, à Taci-Tolo, mercredi matin, où des militaires dissidents ont voulu attaquer une caserne de l’armée nationale. Des incidents identiques s’étaient produits la veille à Bécora et on déplore la mort d’au moins trois personnes et neuf blessés. 

En réalité la violence avait commencé le 24 avril, date à laquelle 595 soldats (près d’un tiers des effectifs totaux de l’armée nationale) ont déclenché des manifestations de protestation contre le commandement militaire qui a été accusé de «discriminations» au sujet des promotions. La répression d’une de ces manifestations a déclenché des incidents violents qui ont fait au moins cinq victimes.

Les soldats contestataires ont ensuite décidé d’abandonner les forces armées nationales. Des medias australiens affirment que ce soulèvement de militaires timorais inclut aussi des policiers et des civils armés. Ce mouvement est maintenant dirigé par le major Alfredo Reinaldo, un ancien combattant de la résistance contre l’Indonésie et ex-commandant de la police militaire, après l’indépendance du pays. Alfredo Reinaldo a vécu auparavant en Australie, où il a reçu de la formation militaire.

Des medias portugais ont affirmé que ces incidents sont dus à des rivalités ethniques, ce qui a été démenti à Dili, où l’on parle plutôt de «confusion entre les loro-sai et les loro-mono», c’est à dire les habitants des parties est et ouest du pays. La plupart des «rebelles», originaires de la zone occidentale, se déclarent brimés. D’autres sources, proches du gouvernement, considèrent qu’il s’agit plutôt d’une «tentative de coup d’Etat, car les militaires soulevés ont aussi exigé la démission du chef de l’état-major de l’armée ainsi que l’éloignement du Premier ministre Mari Alkatiri».

«Le pays le plus jeune mais aussi le plus jeune de l’Asie»

Depuis les incidents du 29 avril, plusieurs milliers d’habitants de Dili se sont enfuis vers les montagnes. Une situation qui rappelle les tragiques évènements de 1999, suite aux actions des milices favorables à l’Indonésie qui avaient massacré près de 1 400 personnes, après le referendum dans lequel les timorais s’étaient prononcés très majoritairement pour l’indépendance. Des troupes australiennes étaient alors intervenues pour la première fois pour rétablir le calme à Timor. 

La population de Dili espère que l’actuel climat de tension ne va pas perdurer, après l’arrivée des troupes australiennes et des gendarmes portugais. Même le major Reinaldo s’est déclaré prêt à «serrer la main» aux soldats des forces étrangères. Des Timorais que nous avons pu contacter par téléphone ont manifesté le souhait que les problèmes principaux de ce jeune pays puissent être réglés, notamment le chômage qui atteint la majorité de la population et qui est à l’origine de la violence qui touche les jeunes « du plus jeune et plus pauvre pays d’Asie». Un collaborateur du gouvernement de Dili nous a aussi déclaré que «le pays était totalement en ruines en 1999, nous avons été obligés de tout reconstruire. La population ne veut plus la guerre, mais le développement va mettre encore du temps».   


par Antonio  Garcia

Article publié le 24/05/2006 Dernière mise à jour le 24/05/2006 à 19:14 TU

Audio

Nicolas Vescovacci

Journaliste à RFI

«Le SOS du Timor-Oriental a été rapidement entendu.»

[25/05/2006]

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