Dossier Asie
Une rencontre était prévue la semaine dernière à Jakarta entre les présidents indonésien et timorais. Elle a été annulée en raison d’une controverse qui oppose les deux pays sur un rapport de la commission Accueil, vérité et réconciliation, créée par l’ONU en 2001 pour faire la lumière sur l’époque noire de l’occupation indonésienne du Timor oriental. Les conclusions du rapport mettent en lumière le rôle joué par Jakarta pendant les 24 années qu'a duré cette occupation. L’Indonésie est accusée notamment de « crimes contre l’humanité » et de « génocide ».
Le président indonésien ne cachait pas sa colère, provoquée par les conclusions de ce rapport qui a été rédigé en grande partie par des ONG spécialistes de la défense des droits de l’homme. Le texte a été dénoncé également par le ministre de la défense et par le chef d’état-major des armées, car il met en cause avant tout la TNI, c’est à dire l’armée de terre. Il est vrai que celle-ci avait transformé le Timor oriental, appelé alors la « 47e province indonésienne », en véritable camp de concentration. « Je ne suis pas convaincu que les actions des forces armées et de la police indonésienne ont fait tant de victimes », a nié le général Endriartono Sutarto lors de la publication du rapport.
Selon ce texte, les forces armées indonésiennes « ont sciemment décidé d’utiliser la privation de nourriture envers les civils comme arme de guerre ». Il énumère également des milliers d’exécutions sommaires, des tortures, des viols, des agression sexuelles et dans une moindre mesure, des cas d’esclavage. Il accuse l’Indonésie d’être responsable de la mort d’environ 183 000 personnes, un quart de la population timoraise de l’époque. Pour les défenseurs des droits de l’homme, il s’agit d’un génocide de la même ampleur que celui perpétré par les khmers rouges au Cambodge.
Ce rapport de 2 000 pages devait rester secret mais le président timorais Xanana Gusmão, après quelques jours d’hésitation, a décidé de le remettre au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. « En le rendant public, j’espère que toutes les parties auront une connaissance claire de son contenu et de ses recommandations », a-il déclaré. Cela a été perçu par le président Yudhoyono comme un camouflet. Une rencontre des deux chefs d’état a été immédiatement annulée. Mais ils vont finalement se retrouver aujourd’hui à Bali pour essayer de mettre fin à la polémique. Car ils sont conscients que toute tentative de règlement de compte ne peut que fragiliser leurs deux démocraties naissantes.
par Any Bourrier
[06/02/2006]
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