Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Emigration

Quitter Dakar

Des opérations combinées de l'armée, de la police et de la gendarmerie sénégalaises sont menées sur des lieux d'embarquement de clandestins, notamment à Dakar et Saint-Louis.(Photo : AFP)
Des opérations combinées de l'armée, de la police et de la gendarmerie sénégalaises sont menées sur des lieux d'embarquement de clandestins, notamment à Dakar et Saint-Louis.
(Photo : AFP)
La marine sénégalaise procède à des arrestations massives d’Africains de diverses nationalités s’apprêtant à embarquer pour l’archipel espagnol des Canaries, nouvelle porte d’entrée en Europe pour les immigrés clandestins depuis le renforcement du dispositif anti-immigrés à la frontière hispano-marocaine. Ces coups de filet sénégalais accompagnent l’installation à Dakar de Miguel Angel Mazarambroz, ambassadeur spécial espagnol nouvellement investi de la mission de coordonner depuis le Sénégal la mise en œuvre d'un «Plan Afrique» destiné à juguler l’immigration clandestine vers l’Europe. Toutefois cette volonté espagnole a peu de chance d’être entendue. Reportage dans le quartier de Thiaroye-sur- mer, banlieue pauvre de Dakar.

De notre correspondant à Dakar

De la plage de Thiaroye-sur-mer, on aperçoit au loin, dans la brume,  le centre administratif de Dakar. Mais les beaux quartiers de la ville ne font  plus guère rêver les habitants de cette banlieue pauvre. Car l’eldorado est ailleurs, en Espagne. Beaucoup ont tenté le voyage en pirogue. Certains sont arrivés.  D’autres sont morts en mer. Samba Cissé, lui, a échoué : « Nous avons pris le départ mais à 200 kilomètres des Canaries nous avons rebroussé chemin à cause d’une forte tempête, raconte-t-il. Nous avons préféré rentrer plutôt que prendre le risque. On était quatre-vingt personnes à bord. C’était une grande pirogue de vingt-quatre mètres. »

De retour à Thiaroye, rien n’a changé pour Samba. Comme beaucoup d’autres, il est toujours sans emploi. Alors, il ne jette pas la pierre à ceux qui veulent partir. « Je ne vais pas leur interdire de partir. Vous avez vu leurs conditions de vie ? Comment peuvent-ils rester comme ça ? Pour parer à ça, ils tentent une aventure pour essayer de prendre en charge leur famille. Je pense que c’est sage. » Sage, mais dangereux. Des centaines d’Africains ont en effet péri en mer pendant la traversée. Mais Samba est fataliste. « Ces gens-là, si ils étaient restés, est-ce qu’ils ne seraient pas morts ici, rétorque-t-il.  Nous sommes des croyants. »

« Je n’étais pas d’accord. Il a insisté. Je l’ai laissé partir. »

En marchant dans les ruelles étroites de la ville on croise des jeunes en train de tuer le temps autour d’un thé à la menthe. Rien à faire. Pas d’argent, pas de travail. Et leurs parents sont souvent dans la même situation, au point que certains d'entre eux voudraient bien qu’un de leurs enfants parte en Espagne, histoire de soutenir la famille. « J’ai trois fils et une fille. Ils ne font rien. Ils vont jusqu’à mal me considérer, parce que je ne suis pas capable de leur donner quelque chose pour partir, explique un père qui préfère garder l'anonymat. C’est aberrant. Mais si j’avais les moyens je leur financerai le voyage, car je sais qu’ils veulent faire quelque chose pour moi. »

Un risque qu’Alioune, un jeune d’ici, a pris en février dernier. Mais il a disparu en mer. Son copain, Vieux Ndiaye, étudiant à Saint-Louis avait pourtant  tenté de l’en dissuader. « Il m’avait dit qu’il voulait y aller. Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord. Il a insisté. Je l’ai laissé partir. Quinze jours après on nous raconté que leur pirogue a disparu »

Depuis plusieurs  jours, les autorités sénégalaises multiplient les interceptions de pirogues et les arrestations de passeurs. Mais en présentant, lundi dernier, le plan anti-immigration du gouvernement, le chef d’état-major de la marine a reconnu qu’il en faudra plus pour décourager les candidats au départ.


par Christophe  Champin

Article publié le 28/05/2006 Dernière mise à jour le 28/05/2006 à 16:34 TU

Dossiers

(Conception : RFI)

Audio

Bilan de la visite du ministre espagnol des Affaires étrangères au Sénégal

«Le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangeres a précisé que Madrid est prête à renforcer son aide au développement, mais entend bien associer l'Union européenne et les autres pays partenaires au développement.»

[24/05/2006]

Cheikh Tidiane Gadio

«C'est d'un simplisme déroutant que de dire que le plus simple pour arrêter tout cela, c'est de développer nos pays, et qu'ainsi, les problèmes seront réglés.»

[24/05/2006]

Articles