Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sri Lanka

Oslo menace d’abandonner les belligérants

Erik Solheim, ministre norvégien du Développement international, a confirmé vendredi 8 juin l'échec de la rencontre des représentants du gouvernement sri lankais et des Tigres de l'Eelam tamoul à Oslo. 

		(Photo : AFP)
Erik Solheim, ministre norvégien du Développement international, a confirmé vendredi 8 juin l'échec de la rencontre des représentants du gouvernement sri lankais et des Tigres de l'Eelam tamoul à Oslo.
(Photo : AFP)
Le gouvernement norvégien exige des garanties des autorités sri lankaises et des séparatistes tamouls pour que les conversations de paix puissent se poursuivre, suite aux violations du cessez-le-feu signé en 2002. Les rebelles ont mis en cause la position de l’Union européenne qui les accuse d’être des « terroristes ». Le conflit sur l’île de Ceylan, qui dure depuis plus de vingt ans, a provoqué près de 65 000 morts.

Les conversations de paix d’Oslo sont bloquées. Le gouvernement norvégien a envoyé des messages très fermes au président sri lankais Mahinda Rajapakse et au chef du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) leur posant cinq questions sur leurs intentions réelles dans le processus de paix. La Norvège veut savoir si les deux parties en conflit veulent effectivement que la mission d’observateurs européens (SLMM) puisse continuer ses activités au Sri Lanka. Pour cela, il faudra que le gouvernement de Colombo et les Tigres tamouls donnent des garanties quant à la sécurité des 57 éléments de cette équipe d’observateurs nordiques (norvégiens, islandais, suédois, danois, et finnois).

Les deux parties sont surtout invitées à respecter l’accord de cessez-le-feu conclu le 22 février 2002, mais maintes fois violé depuis. Les observateurs ont dénoncé, à plusieurs reprises, les agissements des forces paramilitaires sri lankaises, soupçonnées de tueries «extra-judiciaires», ainsi que les rebelles pour leurs attaques contre la population civile et contre les militaires en fonction. Les séparatistes tamouls ont aussi été accusés d’avoir mobilisé de force des enfants-soldats. 

Les rebelles tamouls ne veulent plus d’observateurs des pays de l’UE

Les discussions qui devaient avoir lieu dans la capitale norvégienne jeudi ont été suspendues, car les médiateurs n’ont pas réussi à faire asseoir à la même table la délégation du gouvernement sri lankais et celle des rebelles tamouls. Cette rencontre devait être dominée par des discussions concernant la sécurité des observateurs, mais les séparatistes n’ont pas voulu discuter directement avec la délégation du gouvernement de Colombo et ont mis en cause la composition de la Mission de surveillance du cessez-le-feu (SLMM). Les Tigres tamouls ont exigé, notamment, que les observateurs suédois, danois et finnois – c’est à dire, ceux des pays de l’Union européenne - soient dorénavant exclus de la mission qui serait ainsi limitée aux vingt observateurs norvégiens et islandais. Cette exigence ne pourra pas être satisfaite, pour des raisons pratiques, selon les médiateurs. 

En demandant le retrait des observateurs de l’UE, les rebelles sri lankais réagissaient à la décision prise en mai par la commission de Bruxelles d'inscrire le LTTE sur la liste des organisations terroristes, une décision identique à celle qui avait été prise envers le parti islamiste palestinien Hamas. Les Etats-Unis avaient appelé l'UE à mettre les Tigres tamouls sur cette liste, estimant qu'il fallait interrompre leurs circuits financiers et leur approvisionnement en armes. Les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l'Allemagne avaient déjà pris des mesures similaires qui interdisent aux Tigres ou à tout intermédiaire de chercher des financements auprès de la diaspora tamoule. Cette décision, qui a été critiqué par les médiateurs norvégiens, a été prise à la suite des violations répétées du cessez-le-feu par les rebelles. Elle prévoit aussi le gel des finances des dirigeants des LTTE qui pourront être interdits de fouler le sol des Etats de l’UE.

Un conflit qui risque de s’éterniser

Le ministre norvégien chargé du Développement international, Eric Solheim, a lancé un appel à la reprise des négociations, «ce qui permettrait de sauver beaucoup de vies». Le gouvernement d’Oslo attend donc les réponses définitives des autorités de Colombo et des rebelles du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), avant de prendre une décision au sujet de la poursuite des conversations de paix. Le Sri Lanka risque de continuer a subir les effets d’une guerre civile qui a provoqué près de 65 000 victimes, dont 375 tués depuis avril dernier. L’explosion de deux mines a provoqué, jeudi, la mort de deux civils et d’un officier de l’armée dans la partie orientale du pays.

Le conflit au Sri Lanka a commencé en 1983. Le mouvement séparatiste qui contrôle une grande partie du nord et de l'est du Sri Lanka, notamment la péninsule de Jaffna, réclame l'autonomie de ces régions à majorité tamoule où vivent 3,2 millions de personnes. La communauté cinghalaise, majoritaire dans l’ensemble du territoire de l’île de Ceylan, est évaluée à 14 millions d’habitants.

   



par Antonio  Garcia

Article publié le 09/06/2006Dernière mise à jour le 09/06/2006 à TU