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Guinée

Grève massive, incidents meurtriers

Plusieurs villes de Guinée ont été touchées par la grève générale. 

		(Carte : DK/RFI)
Plusieurs villes de Guinée ont été touchées par la grève générale.
(Carte : DK/RFI)
Au moins dix personnes ont été tuées lors des incidents qui ont opposé lundi des jeunes manifestants aux forces de l’ordre à Conakry et dans d’autres villes guinéennes. Le gouvernement a regretté les pertes humaines et a accusé l’opposition, tandis que la grève générale se poursuivait dans le pays.

Des incidents violents ont éclaté à Conakry et dans plusieurs autres villes entre jeunes manifestants et forces de l’ordre. Ces incidents ont provoqué au moins dix morts, alors que la grève générale était très suivie, notamment dans les banques, les commerces, les écoles et l’administration. Le gouvernement a ainsi décidé d’annuler les épreuves du baccalauréat, ce qui a déclenché des mouvements de protestation des jeunes lycéens qui ont dégénéré. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène contre les jeunes qui avaient érigé des barricades et jeté des pierres. Ces incidents ont touché mardi plusieurs quartiers populaires de la capitale : Hamdalaye, Gbessia, Simbaya et Taouiyah.

Les incidents les plus graves s’étaient produits lundi à Enta, dans la banlieue sud de Conakry, quand un militaire de la garde présidentielle a tiré sur la foule tuant cinq personnes selon des témoins cités par l’AFP. De même source trois étudiants ont été abattus par des militaires dans la ville de Labé, située à 400 kilomètres au nord de la capitale.

Des incidents ont été aussi signalés à Nzerekore, à 970 kilométres au sud-est de Conakry, où selon Reuters un commissariat de la police a été attaqué par les étudiants qui ont libéré des détenus. A Conakry les forces de l’ordre étaient intervenues lundi pour disperser une manifestation d’étudiants qui ont tenté de gagner le centre-ville, se dirigeant vers le palais du président Lansana Conté.

Le porte-parole du gouvernement, Moussa Solano, a déclaré mardi que «le gouvernement regrette les incidents et les pertes en vies humaines», mais il a accusé l’opposition d’avoir «financé et armé des manifestants». Un des principaux dirigeants de l’opposition, Jean-Marie Doré, secrétaire général de l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée) a qualifié cette déclaration de « diversion » et de «manipulation», soulignant qu’ «il n’ y a eu qu’un ras-le-bol de la population éprouvée par toutes sortes de misères». Huit militants d’un autre parti de l’opposition - l’UFR (Union des Forces Républicaines) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré - ont été arrêtés dans la nuit de lundi à mardi à Conakry.

Dans un communiqué diffusé à Paris, mardi, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) affirme que les forces de l’ordre guinéennes «ont tiré à balles réelles sur de jeunes manifestants faisant au moins 15 morts et plusieurs dizaines de blessés à travers le pays ». La FIDH considère que cette répression est «manifestement excessive et disproportionnée» et demande l’ouverture immédiate d’une enquête impartiale.

Crise sociale liée aux augmentations des prix des carburants

Les incidents enregistrés dans plusieurs villes guinéennes sont une conséquence de la crise sociale avec une grève générale très suivie qui paralyse le pays depuis cinq jours. Les deux principales centrales syndicales exigent de fortes augmentations de salaires, notamment des fonctionnaires de l’éducation nationale, ce qui a entraîné le report sine die des épreuves du baccalauréat. La Féderation syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE) et le Syndicat libre des enseignants et chercheurs (SLECG) sont très actifs au sein de l’Intercentrale guinéenne qui accuse le gouvernement «d’ignorer systématiquement la misère de la population». Les centrales syndicales exigent le quadruplement des salaires des fonctionnaires et une baisse du prix des carburants.

Les syndicats guinéens protestent depuis le jeudi 8 juin contre la hausse de 30% des prix des carburants qui avait été appliquée il y a un mois environ. Un litre d’essence coûte maintenant 1,20 dollar en Guinée, où plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Le président Lansana Conté, toujours souffrant, a reçu lundi soir les dirigeants de l’Intercentrale. Il leur a demandé de «travailler sur les revendications».

En marge de la grève générale en cours en Guinée, des violents heurts entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont provoqué une dizaine de morts.  



par Antonio  Garcia

Article publié le 13/06/2006Dernière mise à jour le 13/06/2006 à TU