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Nigeria-Cameroun

Compromis final sur Bakassi

Kofi Annan (au centre) applaudit le Président nigérian Olusegun Obasanjo (droite) et son homologue camerounais Paul Biya (gauche). 

		(Photo : AFP)
Kofi Annan (au centre) applaudit le Président nigérian Olusegun Obasanjo (droite) et son homologue camerounais Paul Biya (gauche).
(Photo : AFP)
Les gouvernements nigérian et camerounais ont conclu, lundi 12 juin, un accord qui met fin au différend concernant la souveraineté de la péninsule pétrolière de Bakassi. Le Nigeria devra retirer ses troupes dans un délai de soixante jours.

Les présidents Obasanjo du Nigeria et Paul Biya du Cameroun ont conclu lundi à Manhasset (dans la banlieue de New York) un accord qui permettra de régler le différend territorial entre les deux pays qui dure depuis bientôt quatorze ans, concernant la souveraineté de la péninsule pétrolière de Bakassi. Les deux chefs d’Etat ont paraphé le traité en présence du secrétaire général des Nations unies, au terme d’intenses consultations. Kofi Annan a pu annoncer que «les troupes du Nigeria vont se retirer de Bakassi dans un délai de soixante jours», tout en admettant que les Nations unies pourront accorder un délai supplémentaire d’un mois au cas où des problèmes surgiraient pendant ce retrait militaire. Le secrétaire général de l’ONU a ajouté que plusieurs milliers de Nigérians qui habitent cette péninsule pourront, en principe, y rester ou être relogés au Nigeria. Kofi Annan a salué les deux présidents, soulignant que «ces deux hommes d’Etat ont démontré avoir de la patience, ténacité, flexibilité et modération, ce qui leur a permis d’atteindre ce but».

Le différend entre le Nigeria et le Cameroun concernant ce territoire frontalier durait depuis 1993 et avait même provoqué des incidents armés entre les deux pays, entre 1998 et 2000, date à laquelle un premier accord de paix avait été signé mais qui n’a jamais été vraiment appliqué. En octobre 2002 la Cour internationale de justice avait attribué au Cameroun la souveraineté sur Bakassi et sur plusieurs îles du lac Tchad, mais le Nigeria a refusé d’appliquer la sentence poursuivant son occupation militaire. Les gouvernements des deux pays avaient néanmoins décidé de créer une commission mixte sous l’égide des Nations unies pour démarquer le tracé de leur frontière commune sur une longueur de 1 700 kilomètres.

Les discussions ont été interrompues à cause de la délicate question de la frontière maritime et les Nigérians ont reporté le retrait de leurs deux mille soldats stationnés dans cette péninsule qui a une surface d’environ 1 000 kilomètres carrés. Il a donc fallu quatre ans aux diplomates des Nations unies pour convaincre les autorités d’Abuja et de Yaoundé de conclure un traité définitif.  

Le président camerounais Paul Biya a déclaré lundi que cet accord devra ouvrir «une nouvelle ère de confiance, de paix et de coopération entre les deux voisins», tandis que le président nigérian Olusegun Obasanjo soulignait l’importance d’un «modèle pour la résolution de conflits similaires en Afrique et dans le reste du monde». Obasanjo s’est aussi adressé jeudi à la nation appelant aux Nigérians, notamment à ceux qui habitent Bakassi, d’accepter le traité qui va être «scrupuleusement appliqué». Mais, selon la presse de Lagos, plusieurs personnalités de cette péninsule se sont manifestées contre le handover, le processus de transfert de souveraineté.  

Le gouvernement français a salué jeudi l’accord entre le Cameroun et le Nigeria. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a souligné que «la France, témoin de la signature de l’accord au même titre que l’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, accompagnera les parties en vue d’une mise en œuvre de l’accord dans un climat de confiance mutuelle, notamment à travers la Commission de suivi qui est instituée par cet accord».

Selon les Nation unies, la population de Bakassi varie de 25 000 à 250 000 habitants, étant donné qu’il s’agit pour la plupart de pêcheurs qui n’ont pas de domicile fixe dans cette péninsule. Plusieurs compagnies pétrolières sont intéressées par la prospection des hydrocarbures dans cette zone et participent déjà à des projets offshore opérés par des Nigérians.  

           



par Antonio  Garcia

Article publié le 15/06/2006Dernière mise à jour le 15/06/2006 à TU