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Sri Lanka

Plus proche de la guerre civile

Le Premier ministre, Mahinda Rajapakse. Les autorités de Colombo s'attendait à un attentat aujourd'hui après le fiasco de la rencontre à Oslo la semaine dernière. 

		(Photo: AFP)
Le Premier ministre, Mahinda Rajapakse. Les autorités de Colombo s'attendait à un attentat aujourd'hui après le fiasco de la rencontre à Oslo la semaine dernière.
(Photo: AFP)
Soixante-quatre personnes ont péri dans un attentat attribué aux rebelles tamouls qui démentent cette attaque. L'attaque, commise dans la province d'Anuradapura située dans le centre-nord du pays, est la plus meurtrière depuis le cessez-le-feu de 2002. La succession des attentats, à un rythme accéléré, évoque une reprise de la guerre civile, malgré une trêve de plus en plus théorique.

De notre correspondant à Colombo

« Il s'agit de l'acte terroriste le plus barbare commis par les Tigres. Le bus était bondé de civils. Il y a beaucoup de morts, beaucoup de blessés dont de nombreux enfants », déclare Prasad Samarasinghe, porte parole de l'armée sri lankaise. Selon les témoins sur place, l'explosion a littéralement soufflé le bus et propulsé les corps à plus de 20 mètres aux alentours. Sur la route: du sang et des débris de verre.

L'attentat a eu lieu vers 8h du matin, à une heure où les transports en communs sont bondés. Cinquante-huit personnes sont décédées sur le coup. Six ont succombé à leurs blessures à l'hôpital d'Anuradhapurah, dans le centre-nord de l'île. Et pour être sûr de ne pas rater leurs cibles, les auteurs du carnage ont même placé deux mines, ne laissant aucune chance à ces villageois cinghalais vivant à quelques kilomètres seulement des zones contrôlées par la guérilla séparatiste tamoule.

Démenti de la rébellion

Par la voix de leur plus haute instance en faveur de la paix, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont fermement démenti cette agression. « Les LTTE condamnent cet attentat contre un car civil à Kebitigollewa. C'est le gouvernement qui joue avec la vie de ses habitants ! », a indiqué S. Puleedevan, à rfi.fr. Mais pour les autorités, il n'y pas l'ombre d'un doute. La rébellion séparatiste est derrière cette agression meurtrière. Une position renforcée par le fait que les Tigres ne revendiquent jamais leurs actions et, surtout, par le fait que la délégation des rebelles vient à peine de rentrer d'Oslo.

« Vu le fiasco de la rencontre à Oslo la semaine dernière, on s'attendait à un attentat aujourd'hui. Les Tigres devaient attendre le retour de leur délégation dans le Vanni (ndlr: zone contrôlée par la guérilla séparatiste) », confie un diplomate occidental, en poste à Colombo. La rencontre en Norvège a en effet tourné au vinaigre puisque la délégation tamoule a tout simplement refusé de rencontrer la délégation sri lankaise. De plus, les Tigres tamouls ont imposé de nouvelles exigences : ils ne souhaitent plus voir participer les membres des pays de l’Union européenne dans la mission de surveillance de la trêve. Une décision qui fait suite au classement du LTTE sur la liste des organisations terroristes par l'UE le mois dernier.

Exaspéré par le comportement des deux belligérants, l'intermédiaire norvégien a demandé des garanties aux deux parties. Le gouvernement sri lankais vient de répondre favorablement. Pour l'heure, la rébellion n'a pas encore rendu sa copie. « Nous venons juste de rentrer d'Oslo, nous allons répondre à la Norvège dans les délais », indique S. Puleedevan.

Représailles

Immédiatement après avoir qualifié l'attentat d’acte « inhumain et barbare », l'armée sri lankaise a bombardé des zones contrôlées par les Tigres tamouls au nord-est du pays. « Le gouvernement a décidé de procéder à des raids aériens sur la grosse base militaire de Mullaïttivu et de lancer des tirs d'artillerie à Sampur », dit Palitha Kohona, secrétaire général chargé de la paix et conseiller du Président. Selon lui, malgré ces représailles, le gouvernement du Sri Lanka est toujours ouvert à des négociations avec le LTTE.

Bien qu’un cessez-le-feu ait été signé en février 2002, les violences se poursuivent à un rythme accéléré au Sri Lanka. Plus de 400 personnes sont mortes depuis le début de la dernière vague de violence, au mois avril, parmi lesquelles une vingtaine, rien qu’au cours de la semaine dernière. Les civils ne sont pas épargnés et sont souvent les premières victimes de cette guerre cachée. L'attentat d'aujourd'hui menace de faire retomber l'ancienne île de Ceylan dans la guerre civile ouverte.

En près de 30 ans, le Sri Lanka totalise plus de 60 000 morts. Les rebelles tamouls réclament une large autonomie dans les régions au nord et à l'est du pays où vit une importante communauté tamoule dans un pays majoritairement cinghalais.



par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 15/06/2006Dernière mise à jour le 15/06/2006 à TU