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Sommet UE/Etats-Unis

Conforter la relation transatlantique

Une manifestation contre la venue de George Bush à Vienne est organisée pour le 21 juin. Selon un sondage Gallup, 72% des Autrichiens voient en président Bush un «<em>danger pour la paix dans le monde</em>». 

		(Photo : AFP)
Une manifestation contre la venue de George Bush à Vienne est organisée pour le 21 juin. Selon un sondage Gallup, 72% des Autrichiens voient en président Bush un «danger pour la paix dans le monde».
(Photo : AFP)
George Bush participe mercredi à Vienne au sommet Etats-Unis - Union européenne dominé par l’apaisement des relations transatlantiques. Le président américain sait que les européens s’opposent toujours aux options de la Maison Blanche vis-à-vis de l’Irak, malgré l’identité de vues concernant le programme nucléaire de l’Iran et le Proche-Orient.

C’est en tant que président en exercice de l’Union européenne que l’Autriche organise le sommet transatlantique à Vienne. Ce sommet va être dominé par 4 thèmes fondamentaux : la politique extérieure (Iran et le Proche-Orient) ; la coopération en matière d’énergie ; l’économie et le commerce; et les «défis globaux» tels que le réchauffement du climat. George Bush va rencontrer le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, lequel a déclaré que, depuis 2005, les relations entre les Etats-Unis et l’UE «se sont considérablement renforcées». Le président américain est accompagné par la secrétaire d’Etat Condolezza Rice. Le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, Javier Solana, et le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, vont aussi participer au sommet dans la capitale autrichienne.

Divergences au sujet de l’Irak et de Guantanamo

Les relations entre Washington et les partenaires européens se sont effectivement améliorées, mais des désaccords considérables persistent, notamment, au sujet de la guerre en Irak et du camp de prisonniers de Guantanamo ouvert en 2002. Le chancelier autrichien devra réclamer purement et simplement la fermeture de ce centre de détention américain situé sur l’île de Cuba, où se trouvent 460 prisonniers. Le Parlement européen a voté, mardi 13 juin, une résolution demandant au gouvernement des Etats-Unis de fermer ce camp de prisonniers de Guantanamo Bay. Le suicide de trois détenus, la semaine dernière à Guantanamo, a provoqué une vive émotion chez les Européens qui se déclarent toujours méfiants au sujet de l’ensemble du dossier américain de la «guerre contre le terrorisme dans le monde» et tout particulièrement en ce qui concerne l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak. Cette dernière question avait provoqué une véritable crise diplomatique transatlantique en 2003, mais elle a été réglée depuis.

George Bush aura aussi des explications à donner aux partenaires européens au sujet du survol du territoire de l’UE par des avions de la CIA transportant des prisonniers. Les responsables de Bruxelles signalent qu’il n’y a pas de divergences concernant la nécessité de combattre le terrorisme, mais que cela ne doit pas nuire à la démocratie et à l’état de droit.

Des accords concernant l’Iran et la Palestine

Les Etats-Unis et l’Union européenne semblent par ailleurs sur la même longueur d’onde au sujet de la délicate question du programme nucléaire iranien. Il s’agit d’une sorte de «front commun» que Bush va essayer de renforcer à Vienne, malgré l’absence des dirigeants des trois pays européens qui sont en contact direct avec Téhéran, notamment l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. L’UE, tout comme les Etats-Unis, attendent que les Iraniens donnent une réponse le 29 juin sur l’offre de coopération européenne, en échange d’un arrêt du programme d’enrichissement de l’uranium. L’Iran a manifesté le souhait de pouvoir s’équiper de centrales nucléaires pour la production d’énergie en utilisant de l’uranium enrichi. Mais les pays occidentaux, des deux rives de l’Atlantique, craignent que Téhéran n’utilise cette technologie pour se doter d’armes atomiques.

Les Etats-Unis et les partenaires européens sont aussi d’accord au sujet de la politique au Proche-Orient. L’UE et Washington refusent d’aider l’actuel gouvernement palestinien dominé par le mouvement islamiste Hamas. Ce parti figure sur les listes noires (américaine et européenne) des organisations soupçonnées de fournir de l’aide au terrorisme. Mais l’administration Bush est d’accord avec Bruxelles pour que l’aide au peuple palestinien puisse être distribuée sans passer par le gouvernement de l’autorité. L’UE devra fournir 126 millions de dollars d’aide aux palestiniens, par le biais de la Banque mondiale. 

La coopération stratégique en matière d’énergie va être aussi évoquée à Vienne, où l’on s’attend à un accord concernant la garantie des fournitures de gaz produit notamment par la Russie. Les «énergies propres» sont aussi au programme, mais les européens maintiennent leurs critiques à l’égard de l’administration américaine qui refuse toujours de ratifier le Protocole de Kyoto.

L’UE va demander à Washington une attitude plus flexible concernant le secteur agricole, notamment sur la question des subventions. Ce dossier va être discuté à fond lors de la prochaine conférence de l’Organisation mondiale du commerce à Genève, le 27 et 28 juin. Les Européens et les Américains sont souvent critiqués par les pays pauvres qui demandent un accès plus facile aux marchés. L’Union va aussi demander aux Etats-Unis une normalisation en matière de demandes de visas qui ne sont plus exigés à la plupart des citoyens européens qui débarquent en Amérique du Nord, sauf aux Grecs et aux nationaux des nouveaux pays membres de l’UE.

La mauvaise image des Américains en Europe

La visite de George Bush a mobilisé d’importantes forces de sécurité à Vienne, où le président américain ne suscite pas une grande sympathie, tout au contraire. Un sondage Gallup signale que pour 72 % des Autrichiens le président américain est «un danger pour la paix dans le monde». D’une façon générale, les Etats-Unis soufrent actuellement d’une mauvaise image en Europe, à cause de l’Irak, même dans des pays qui ont connu des attentats meurtriers comme l’Espagne. Selon d’autres sondages réalisées par l’institut de recherches Pew l’opinion publique du Vieux Continent se montre particulièrement critique vis-à-vis de la politique américaine, sauf en Grande-Bretagne. Ainsi en France, en Allemagne et en Espagne les opinions favorables aux Etats-Unis sont inférieures à 40%, même si la majorité de la population dans ces trois pays peut manifester des positions semblables à celle des Américains concernant certaines questions géopolitiques, comme pour le cas de l’Iran.     



par Antonio  Garcia

Article publié le 20/06/2006Dernière mise à jour le 20/06/2006 à TU

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Daniel Desesquelle

Journaliste à RFI

«Aujourd'hui, les Américains ne jouent plus sur la division de l'Europe.»

[21/06/2006]

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