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Santé

Susciter le don d’organe

Le personnel médical du centre hépato-biliaire de l'hôpital Paul Brousse de Villejuif effectue, le 22 juin 2000, une transplantation hépatique. 

		(Photo : AFP)
Le personnel médical du centre hépato-biliaire de l'hôpital Paul Brousse de Villejuif effectue, le 22 juin 2000, une transplantation hépatique.
(Photo : AFP)
Parce que « tout ce qui n’est pas donné est perdu », comme l’explique le professeur Christian Cabrol, la fédération des associations pour le don d’organes et de tissus humains (France Adot) a organisé, jeudi, une campagne de sensibilisation en faveur des prélèvements d’organes. Plus de 4 200 greffes ont été réalisées en 2005 en France grâce à des prélèvements sur des donneurs en état de mort cérébrale, mais la liste s’est encore allongée, avec près de 7 000 personnes inscrites à la fin de l’an dernier, en attente d’un rein, d’un foie, d’un poumon ou de moelle osseuse. Malgré la progression du nombre de donneurs en 2005 par rapport à 2004 (+ 6,2%), la pénurie persiste. Variable selon l’organe concerné, le délai d’attente peut atteindre plusieurs années, plusieurs années pendant lesquelles des patients restent parfois entre la vie et la mort. La 6e journée nationale de réflexion sur le don d’organe invite chacun a dire à ses proches s’il accepte ou non le prélèvement en cas de décès brutal.

Vous êtes mort, accidentellement. Mais vous vous étiez inscrit sur le registre national des personnes refusant le prélèvement d’organes (RNR) : votre famille ne sera pas sollicitée. En revanche, faute d’être inscrit dans ce registre, vos proches seront contactés par le médecin afin de donner leur accord : une épreuve qui ajoutera à leur douleur si elles ne connaissent pas vos dernières volontés sur ce chapitre. Ainsi, « chaque année, des familles touchées par le deuil d’un être cher, décédé de façon brutale, se retrouvent dans la situation difficile (…). Il est donc important d’en parler en famille », souligne l’Agence de la biomédecine qui invite à lever le tabou. Dans 70% des cas, la famille s’estime en mesure de donner son feu vert, mais bien souvent elle est démunie. Or, en parler avant n’a jamais fait mourir.

En 2005, des prélèvements ont été effectués sur un total de 1 371 donneurs en état de  mort cérébrale, chacun ayant pu faire don de plusieurs organes. Ce chiffre, en hausse de 6,2% par rapport à 2004, représente un taux de 22 prélèvements par million d'habitants, selon  l'Agence de la biomédecine. Malgré cette progression, la situation de pénurie persiste : près de 12 000 personnes (en liste d'attente fin 2004 ou inscrites en 2005) ont eu besoin d'une greffe l'an dernier et 186 patients sont décédés faute de greffon. Les accidents de la circulation ayant continué à diminuer en 2005, le nombre de prélèvements n'a pu progresser que grâce à un meilleur recensement des donneurs décédés d'un accident vasculaire cérébral -ou « attaque ».

« Consentement présumé, gratuité du don et anonymat »

Que dit la loi ? La loi de la bioéthique de 1994 révisée en 2004 s’appuie sur trois critères : « le consentement présumé, la gratuité du don et le principe de l'anonymat. ». Tout citoyen est donneur d’organe potentiel -c’est la règle du consentement présumé- à moins qu’il n’ait exprimé son opposition de son vivant en se faisant inscrire sur le RNR. Pour les mineurs, l’autorisation écrite des deux parents ou du représentant légal est exigée. C’est l’agence de la biomédecine (ABM) qui assure la gestion de la liste d’attente, la coordination nationale des prélèvements et la répartition des organes. Pour les dons de cornées ou d’os, l’âge importe peu. Concernant les organes, c’est l’état physique du donneur plus que son âge qui est déterminant. Ce sont les médecins qui décident s’il est possible de les utiliser.

Comment s’effectue le prélèvement ? Lorsque la destruction irréversible de l’encéphale du donneur est confirmée (c'est ainsi qu'est définie la mort), que cette destruction est constatée par les tests effectués par deux médecins différents, de façon indépendante, et par deux encéphalographies cérébrales à quatre heures d’intervalle, alors seulement le prélèvement a lieu au bloc opératoire, dans l’hôpital où le donneur est décédé, et l’apparence externe du donneur est respectée. « Nous devons prendre conscience que nous sommes les seules sources d’organes et que notre corps est une richesse fabuleuse. Ne pas en faire profiter les autres est comparable à se faire enterrer avec tous ses trésors .» insiste le professeur Cabrol qui plaide en faveur du don d’organes.

Sur le modèle du RNR, la fédération des associations pour le don d’organes et de tissus humains (France Adot) réitère sa demande de mise en place d’un fichier national ou de tout autre moyen permettant aux personnes favorables au don d’organes d’obtenir l’assurance que leur volonté de faire don de tout ou partie de leurs organes après leur décès, sera respectée. Mais le public évacue encore trop souvent l’éventualité de prélèvements sur son corps ou bien fait part d’appréhensions faute d’information. Difficile de se projeter mort lorsqu’on aime la vie, difficile d’imaginer que l’on puisse par exemple « donner sa cornée » car, comme l’explique le docteur Benjamin Jany, ophtalmologiste au CHU d’Amiens « l’œil c’est l’âme ». Pourtant dans ce cas précis, il y a bien réticence liée à un manque d’information : en cas de greffe de cornée, les globes oculaires des donneurs sont préservés.



par Dominique  Raizon

Article publié le 22/06/2006Dernière mise à jour le 22/06/2006 à TU

Pour en savoir plus :

- www.france-adot.org

- Un guide, Donneur ou pas... Pourquoi et comment je le dis à mes proches, est distribué dans les pharmacies et les hôpitaux  français ainsi que par l'intermédiaire de l'Union nationale des  associations familiales (Unaf) et de la Mutualité française.

Audio

Professeur Christian Cabrol

«Sur les 10 000 personnes qui chaque année en France auraient besoin d’une greffe on en greffe que 4 ou 5 mille au maximum.»

[22/06/2006]

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