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Soudan

Darfour : tension entre l’ONU et Khartoum

Hier à Khartoum, des partisans du parti au pouvoir ont manifesté contre le déploiement d'une force de l'ONU au Darfour. 

		(Photo : AFP)
Hier à Khartoum, des partisans du parti au pouvoir ont manifesté contre le déploiement d'une force de l'ONU au Darfour.
(Photo : AFP)
Le gouvernement soudanais est revenu lundi sur sa décision annoncée dimanche d’arrêter immédiatement les opérations des agences des Nations unies au Darfour, à l'exception du Programme alimentaire mondial et de l' UNICEF. Le gouvernement soudanais affirme qu’un chef rebelle dissident du Darfour a voyagé à bord d'un des hélicoptères de l'ONU. Le gouvernement de Khartoum ne veut pas que l’organisation internationale remplace les forces de maintien de la paix de l’Union africaine, qui essaient difficilement de faire respecter le cessez-le-feu dans la province occidentale soudanaise, où près de 300 000 personnes ont été tuées depuis trois ans.

Les autorités soudanaises avaient accusé dimanche les Nations unies d’avoir transporté un chef rebelle dans un hélicoptère de l’organisation internationale entre Al-Facher au nord du Darfour et Kadougli dans le sud de cette province. Il s’agit de Souleimande Jamous membre d’une faction dissidente du Mouvement de libération du Soudan (SLM) qui s’était opposé à la signature de l’accord de paix conclu à Abuja le 5 mai entre plusieurs factions du Darfour et le gouvernement soudanais.

Le gouvernement de Khartoum a accusé les Nations unies d’avoir pratiqué une «violation flagrante» de la souveraineté du Soudan, tout en soulignant que les mesures prises à l’encontre de l’ONU ne concernaient pas les activités de l’Unicef (le Fonds mondial pour l’enfance) ni celles du Programme alimentaire mondial (PAM). Ces deux agences de l’ONU sont très actives au Soudan, où elles se chargent notamment de l’assistance alimentaire à près de 2,5 millions de déplacés originaires de la province du Darfour.

Les autorités soudanaises ont prié lundi le Haut représentant des Nations unies à Khartoum, Jan Pronk, de leur fournir des explications au sujet du transport en hélicoptère du chef rebelle dissident. Les explication ont probablement été suffisantes car, suite à cet entretien, le gouvernement de Khartoum a finalement décidé de suspendre les sanctions qui avaient été prises à l’encontre de l’organisation internationale, selon des déclarations à RFI de Jamal Mohamed Ibrahim, porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères.

Le président soudanais ne veut pas de Casques bleus

Les autorités de Khartoum restent néanmoins opposées au déploiement de forces de paix des Nations unies sur le territoire national, et tout particulièrement dans la province martyrisée du Darfour, en remplacement de l’actuel contingent de l’Union africaine. Le président soudanais Omar al-Béchir a manifesté à plusieurs reprises son opposition au remplacement des 7 000 soldats de l’Union africaine par des Casques bleus des Nations unies, considérant qu’il s’agirait d’une intervention nuisible à son pays. Al-Béchir a déclaré que le Soudan courrait même le risque d’être «re colonisé». La radio d’Etat soudanaise a confirmé lundi que le président refuse que les Casques bleus remplacent les forces de l’Union africaine au Darfour en affirmant que le Soudan «est capable de reprendre le processus de paix, au cas où l’UA abandonne ou renonce au mandat que lui a été accordé par le gouvernement national soudanais».

Slogans anti-américains

Près de 5 000 jeunes militants du parti du Congrès du président soudanais ont manifesté dimanche à Khartoum, avec des mots d’ordre contre les Etats-Unis et contre l’ONU tels que «Nous ne serons pas gouvernés par la CIA». Suite à la signature des accords d’Abuja le gouvernement américain avait demandé au Conseil de sécurité l’adoption d’une résolution prévoyant l’envoi de Casques bleus pour mettre un terme au conflit au Darfour. Washington affirme que cette province soudanaise est en train de subir un «génocide». Les milices arabes janjawids sont accusées de massacres contre les populations du Darfour qui s’étaient soulevées en février 2003 contre le pouvoir central du Soudan.

En réalité, ce sont les Nations unies qui cherchent à convaincre les autorités de Khartoum de donner leur accord pour que ces troupes africaines mal équipées et mal payées puissent être remplacées par une force de maintien de la paix plus opérationnelle. L’Union africaine avait même demandé à l’ONU de prendre le relais au Darfour, malgré le refus du président soudanais. Les Nations unies et notamment le secrétaire général Kofi Annan considèrent qu’il est absolument nécessaire de déployer une force internationale pour garantir l’application de l’accord de paix sur le Darfour, conclu il y a deux mois environ. Cette option est aussi soutenue par la faction majoritaire des opposants du Mouvement de libération du Soudan (SLM) qui a envoyé une délégation à Khartoum. Deux autres groupes rebelles refusent toujours de signer le protocole de paix d’Abuja. 



par Antonio  Garcia

Article publié le 26/06/2006Dernière mise à jour le 26/06/2006 à TU

Audio

Djamal Mohamed Ibrahim

Porte-parole du ministère des Affaires étrangères soudanais

«Le représentant adjoint aux Nations unies au Soudan a confirmé que la mission souhaitait préserver ses relations avec le gouvernement soudanais.»

[26/06/2006]

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