Soudan
Washington veut des casques bleus au Darfour
(Photo : AFP)
La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice a plaidé mardi à New York, devant les ministres de Affaires étrangères des pays membres du Conseil de sécurité, pour l’adoption d’une résolution ferme prévoyant l’envoi de casques bleus pour mettre un terme au «génocide » dans cette province occidentale du Soudan. Condoleezza Rice a considéré que cette résolution permettra de mettre en application l’accord de paix conclu vendredi à Abuja, entre le gouvernement du Soudan et une des trois factions rebelles du Darfour, le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM). Il s’agit, selon la secrétaire d’Etat, d’une occasion unique pour faire cesser le «long cauchemar» qui s’est abattu sur les populations de cette province soudanaise.
Selon les estimations de Washington la guerre civile au Darfour a provoqué directement et indirectement près de 200 000 morts et plus de 2 millions de réfugiés, depuis trois ans. Les milices arabes janjawids, appuyées par le gouvernement soudanais, sont accusées de massacres contre les populations de cette province presque désertique, qui se sont révoltées depuis février 2003 contre le pouvoir central accusé de les avoir marginalisées.
Force des Nations unies intégrant des troupes africaines
George Bush a déclaré le 8 mai à la Maison Blanche que les Etats-Unis et d’autres gouvernements doivent agir rapidement pour renforcer la sécurité au Darfour : «à court terme les forces de l’Union africaine ont besoin de meilleures capacités. En conséquence, les Etats-Unis sont en train de voir avec leurs alliés de l’OTAN comment apporter une assistance immédiate sur le plan de la planification, de la logistique et du renseignement». Pour le président américain, «les troupes de l’Union africaine doivent constituer, à long terme, le noyau d’une force militaire plus mobile et plus capable, susceptible de rassembler de meilleurs renseignements et dotée d’un mandat clair de protection des civils ».
Le Premier ministre conservateur du Canada, Stephen Harper, a évoqué des consultations réalisées avec des gouvernements alliés sur l’aide qui pourrait être fournie aux Nations unies concernant les initiatives de paix au Darfour. Mais Harper n’a pris aucun engagement sur l’éventuel envoi de militaires canadiens : «nous nous attendons à des demandes d’assistance humanitaire. Il ne semble pas actuellement qu’il y ait besoin de troupes occidentales au Soudan ».
En attendant la création de cette nouvelle mission de l’Onu, les Etats-Unis proposent d’étendre au Darfour le mandat des quelque 7 000 casques bleus déjà présents dans le Sud du Soudan, dans le cadre du cessez-le-feu conclu entre le gouvernement de Khartoum et les anciens rebelles sudistes, en janvier 2005.
Les autorités soudanaises manifestent des réticences au sujet de l’envoi de troupes de l’Onu dans leur province occidentale. Ainsi le ministre des Affaires étrangères, Lam Akol, a déclaré que cette question était «dépassée», après la signature de l’accord de paix à Abuja. Khartoum aimerait être consulté préalablement au sujet des besoins d’assistance de forces étrangères.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, a demandé mercredi l’application ferme de l’accord de paix d’Abuja : «il n’y a pas de solution militaire au conflit. Les mouvements (rebelles) ne peuvent pas gagner la guerre comme le gouvernement du Soudan ne peut pas régler cette question ». Konaré a confirmé que l’UA sera présente politiquement et qu’il y aura des soldats africains dans la mission de l’Onu.
Malgré Abuja la paix n’est pas garantie
Outre les réticences du gouvernement soudanais, les forces de Nations unies devront faire face à une situation très délicate, voire même dangereuse, étant donné que certains chefs rebelles n’ont toujours pas signé l’accord de paix, notamment le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et une faction du SLM, dirigée par Abdel Al-Nour. Ce qui a amené Kofi Anan à déclarer que le Darfour est un des plus grands défis de l’Onu, car ce territoire est «encore loin d’être en paix». L’objectif immédiat de l’Onu est celui de garantir la sécurité aux équipes des organisations non gouvernementales humanitaires dans cette province martyrisée, où des centaines de milliers de personnes restent privées de tout, selon un rapport de l’organisation Human Rights Watch publié lundi.
Le Conseil de sécurité a réclamé la tenue d’une conférence des donateurs pour faire face à la crise humanitaire et aider la force africaine au Darfour. Koffi Anan souhaiterait que cette conférence puisse avair lieu à Bruxelles début juin et il a appelé les donateurs à être «très généreux, dès maintenant».
par Antonio Garcia
Article publié le 10/05/2006 Dernière mise à jour le 10/05/2006 à 19:12 TU