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Proche-Orient

Tension militaire et reconnaissance implicite d’Israël

C'est dans ce contexte difficile que le Fatah et le Hamas sont parvenus à un accord reconnaissant implicitement l'Etat d'Israël. 

		(Photo : AFP)
C'est dans ce contexte difficile que le Fatah et le Hamas sont parvenus à un accord reconnaissant implicitement l'Etat d'Israël.
(Photo : AFP)
Israël a déployé mardi des milliers de soldats près de la bande de Gaza, en prévision d’une éventuelle opération militaire suite à l’enlèvement d’un soldat israélien (ayant aussi la nationalité française) qui a été capturé dimanche par des groupes palestiniens radicaux. Le gouvernement israélien a refusé les exigences des activistes qui demandent la libération de centaines de femmes et d’enfants palestiniens détenus en Israël. Pendant ce temps, les principaux partis palestiniens sont tombés d’accord pour reconnaître, du moins implicitement, l’existence d’Israël. Mais le gouvernement israélien manifeste son scepticisme au sujet de cette évolution.

Au moins deux mille soldats de l’armée de terre israélienne, ainsi que des troupes d’élite et des dizaines de blindés ont été déployés dans le secteur du kibboutz de Nahal Oz, en prévision d’une opération de grande envergure à l’intérieur du territoire de Gaza, suite à l’enlèvement, dimanche, d’un caporal israélien qui détient aussi la nationalité française. «Les terroristes doivent comprendre que leur action ne restera pas impunie», a déclaré le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, tout en soulignant que les interventions militaires ne peuvent pas être prises de façon irréfléchie. Mais le gouvernement du Premier ministre Ehud Olmert, qui accuse surtout le parti Hamas et le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a aussi multiplié des contacts diplomatiques pour d'obtenir par la négociation la libération du jeune caporal Gilad Shalit, âgé de19 ans. Israël a ainsi contacté plusieurs gouvernements, notamment les Etats-Unis, l’Egypte le Vatican et la France. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice avait invité lundi les autorités israéliennes à «donner un chance à la diplomatie» pour tenter d’obtenir la libération du jeune soldat. De même, le Haut représentant de la diplomatie européenne Javier Solana a appelé le gouvernement israélien à privilégier une solution négociée.

Gilad Shalit avait été enlevé lors d’une attaque revendiquée par la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, ainsi que par les Comités de la résistance populaire et par une mystérieuse Armée de l’Islam qui revendique l’établissement d’un califat islamique en Palestine. Deux soldats israéliens et deux militants palestiniens avaient été tués lors de cette attaque, présentée comme une riposte aux actions de l’armée d’Israël qui ont provoqué la mort de 14 civils palestiniens la semaine dernière. Les renseignements militaires israéliens pensent que l’opération qui a conduit à la capture du caporal Shalit a été minutieusement préparée par les Palestiniens pendant deux mois et que le jeune soldat enlevé est vivant, mais légèrement blessé.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a refusé les exigences des auteurs du rapt qui veulent obtenir la libération des femmes et des enfants palestiniens de moins de 18 ans détenus en Israël, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas ordonnait à ses forces de sécurité de tout faire pour retrouver le soldat israélien.

Une polémique a surgi en Israël au sujet de cette attaque palestinienne. Les assaillants ont utilisé un tunnel secret de plus d’un kilomètre de longueur pour atteindre le territoire israélien.

Les Palestiniens s’apprêtent à reconnaître implicitement Israël

Pendant que les Israéliens déployaient leurs troupes autour du territoire de Gaza, les principaux mouvements palestiniens se réunissaient mardi après-midi pour adopter un document qualifié d’«historique», pouvant modifier considérablement les données de la présente crise au Proche-Orient. Ainsi, contre toute attente, la plupart des partis et mouvements palestiniens (à l’exception du Jihad islamique) ont conclu un accord d’ «entente nationale» reconnaissant implicitement l’existence d’Israël. Le texte a été approuvé notamment par le parti islamiste Hamas et par le mouvement Fatah (fondé par Yasser Arafat) pour être ensuite présenté au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et au Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui sont respectivement membres du Fatah et du Hamas. Ce dernier parti, vainqueur des élections législatives du 25 janvier, s’était toujours opposé à l’existence de l’Etat d’Israël. 

Cette initiative, appelé «plan des détenus» avait été proposée par les dirigeants de plusieurs factions palestiniennes incarcérés en Israël. Le texte appelle à la création d’un Etat palestinien dans les territoires occupés par les forces israéliennes en 1967, lors de la guerre des Six-jours, ce qui revient à reconnaître implicitement l’existence d’Israël. Plusieurs semaines de négociations ont été nécessaires pour que le Fatah et le Hamas tombent d’accord notamment sur la fin des attentats en territoire israélien. Mais le Hamas disposera d’une marge de manœuvre pour rejeter certaines dispositions du texte, lequel fait appel au monde arabe dans la recherche de la paix. Cette initiative aurait pour conséquence l’abandon du projet de référendum conduit par le président palestinien et prévu pour le 26 juillet.

Dans une première réaction, le gouvernement israélien a considéré que cet accord est tout simplement une «affaire palestinienne interne». Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, interrogé par l’AFP, a souligné que la seule chose qui le préoccupe est le sort du soldat Gilad Shalit : «nous devons agir pour le libérer», a-t-il déclaré.  Les Etats-Unis se sont déclarés réservés au sujet de la reconnaissance implicite de l’existence d’Israël par les Palestiniens. La Maison Blanche a rappelé que les négociations de paix israélo-palestiniennes devaient remplir trois conditions : la reconnaissance d’Israël par le Hamas, l’abandon de la violence et la reconnaissance des accords antérieurs. En revanche, la Commission européenne a salué l’accord en espérant qu’il marquera «le début d’un processus qui verra les différentes factions s’engager sur les principes de la non violence». Il faut noter que les Etats-Unis et l’Union européenne avaient décidé de suspendre l’aide financière au gouvernement palestinien, depuis qu’il est dirigé par le parti Hamas toujours considéré comme étant une «organisation terroriste». 

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par Antonio  Garcia

Article publié le 27/06/2006Dernière mise à jour le 27/06/2006 à TU