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Immigration

« Non aux expulsions »

Partout en France, des parents, des élèves, mais aussi des élus se sont rassemblés pour soutenir des enfants dont les parents sont menacés d'expulsion du territoire français. 

		(Photo : AFP)
Partout en France, des parents, des élèves, mais aussi des élus se sont rassemblés pour soutenir des enfants dont les parents sont menacés d'expulsion du territoire français.
(Photo : AFP)
Plusieurs milliers d’enfants avec ou sans papiers accompagnés de leurs familles respectives, parrains et marraines républicains, instituteurs, professeurs et directeurs d’école ont défilé samedi à Paris, de la place de la Bastille à Bercy pour soutenir les immigrés en situation irrégulière.

« Non à la chasse aux enfants ! », arboraient les pancartes des manifestants réunis, samedi, sous la houlette de Réseau éducation sans frontières (Resf), en pointe dans le mouvement de défense des enfants scolarisés sans papiers et de leurs parents, et du Collectif uni(es) contre une immigration jetable. Ce 1er juillet marquait à la fois la date de fermeture officielle des établissements scolaires pour la période d’été, et la fin d’un délai accordé par Nicolas Sarkozy aux enfants scolarisés en France mais en situation irrégulière. Au-delà de cette date limite, avait annoncé Nicolas Sarkozy, les familles de ces enfants résidant en France dans l’illégalité devront alors choisir entre accepter une aide au retour dans le pays d’origine, ou faire le parcours du combattant pour défendre leur dossier de demande de régularisation.

En tête du cortège, plusieurs personnalités politiques de gauche et d’extrême gauche, telles que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn (PS), Olivier Besancenot (LCR) et Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), sont venues apporter leur soutien aux manifestants. Les déclarations du médiateur national n’ont pas empêché la « mobilisation et la ferveur » des manifestants, selon les déclarations d’un des adhérents de Resf. Vendredi, en effet, l’avocat Arno Klarsfeld, nommé par le ministre de l’Intérieur, avait fait savoir qu’il n’y aurait « pas d’expulsion cet été », mais la précision sous-entendait qu’il ne s’agissait là que d’une date différée. L’annonce surprise n’a donc pas suffi à calmer les esprits.

Selon la dernière circulaire du ministre de l’Intérieur, les candidats à la régularisation ont jusqu’au 13 août pour déposer un dossier attestant que leurs enfants ont « des attaches fortes » avec la France. Quelque 1 750 rendez-vous ont déjà été fixés à la préfecture de police pour des parents d’élèves qui tentent d’obtenir une carte de séjour. « L’examen des dossiers se fera au cas par cas, en application stricte de la circulaire du ministre de l’Intérieur », a soutenu Patrick Pincet, le sous-préfet. « La période des rendez-vous est prévue pour durer jusqu’à la rentrée scolaire, a-t-il précisé, soit dans les premiers jours de septembre, alors que certains élèves auront repris le chemin de l’école. ». Arno Klarsfeld a dénoncé « la grande démagogie des associations de soutien aux familles », évoquant un « levier politique pour dire que Nicolas Sarkozy est un chasseur d’enfants, alors que la circulaire (du 13 juin) est généreuse et son discours au sénat humaniste ».

« Abandonner les poursuites (…) au nom de la fraternité »

Le vice-président de SOS-Racisme, qui tient pendant le week-end son université d’été, assure que « l’idée de flux migratoires incontrôlés est un fantasme (…) » et que « ces familles ne constituent pas une menace dans un pays où l’immigration a baissé », considérant au final que « la France est tout à fait en mesure de les accueillir ». L’ex-Garde des sceaux, Elizabeth Guiugou, a affirmé que Arno Klarsfeld « se laisse embarquer dans des opérations de communication » de Nicolas Sarkozy, et estimé qu’« il n’est pas possible que des jeunes qui font leurs études chez nous ne retrouvent pas les bancs de l’école à la rentrée ». Le Parti radical, formation associée à l’UMP, co-présidée par le ministre de l’Emploi Jean-Louis Borloo et André Rossinot, a appelé samedi le gouvernement à « abandonner les poursuites contre les parents des enfants scolarisés menacés d’expulsion au nom de la fraternité (…). Nous pensons que ce dossier ne relève pas uniquement de la médiation, mais également d’une décision politique ». Les parents d’élèves sans-papiers représente moins de 10 000 personnes, d’après SOS-racisme.



par Dominique  Raizon

Article publié le 01/07/2006Dernière mise à jour le 01/07/2006 à TU