Economie
D’abord des routes pour l’Afrique
(Photo : Carine Frenk/RFI)
La Commission européenne a décidé de financer des infrastructures en Afrique à hauteur de 5,6 milliards d’euros. Le plan présenté par le commissaire au Développement Louis Michel s’inscrit dans la stratégie de l’Union européenne pour l’Afrique. En décembre dernier, les chefs d’Etat et de gouvernements des 25 avaient adopté cette politique pour essayer d’atteindre les Objectifs du millénaire fixés par les Nations unies. Il s’agit de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015.
Bruxelles a donc l’intention de financer les « liens manquants » qui empêchent le développement économique de l’Afrique. « Ce partenariat permettra à l’Afrique de se doter des infrastructures essentielles, indispensables pour qu’il y ait un vrai décollage économique. Vertébrer l’Afrique est un préalable à la croissance économique, au commerce, à l’intégration régionale et à la lutte contre la pauvreté », a expliqué le commissaire au Développement Louis Michel.
Les trous dans la continuité transfrontalière africaine ont été identifiés en travaillant avec les pays concernés. Les réseaux dont la réalisation est prévue à l’aide de financements européens seront ceux qui n’ont pas trouvé de financement dans le cadre du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Cette organisation, lancée en 2001 par plusieurs pays africains, peine à trouver des investisseurs privés.
Favoriser les échanges
Les transports routiers sont la priorité des priorités du financement européen. Huit couloirs sont ciblés. Les routes manquantes seront construites pour donner une continuité à ces couloirs.
(Carte : S.Bourgoing/RFI)
Ces 8 axes de transport sont :
Dakar-N’Djamena
Khartoum-Djibouti
Nouakchott-Lagos
Lagos-Mombassa
Khartoum-Gaborone
N’Djamena-Windhoek
Beira (Mozambique)-Lobito (Angola)
Dar es-Salam-Bujumbura-Kigali
La démarche de l’Union européenne pour le renforcement des infrastructures africaines s’est déjà concrétisée sur le terrain grâce à des financements provenant du précédent programme du Fond européen de développement (FED). Récemment, la Commission a versé 30 millions d’euros à la Tanzanie pour un programme de modernisation de ses routes. Il s’agit d’améliorer les transports entre Dar es-Salam et Mwanza, la deuxième ville du pays, située au nord-ouest, à l’intérieur des terres. Comme n’importe où ailleurs dans le monde, circuler plus rapidement permettra de réduire les coûts du transport de marchandises. Le commerce bénéficiera aux deux villes, ainsi qu’aux localités le long de cet axe. Ce financement européen est également en train d’améliorer des tronçons de route entre d’autres villes tanzaniennes situées sur un couloir estimé vital pour les échanges en Afrique de l’Est. L’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Kenya devraient profiter de cette amélioration des transports routiers sur le réseau tanzanien.
Une fois que les infrastructures routières auront été réalisées pour fluidifier le commerce dans ces 8 couloirs, il sera ensuite relativement simple de créer des réseaux électriques. Les lignes seront installées le long de ces tranchées créées par les axes routiers. Restera ensuite à trouver de l’électricité. Bruxelles a prévu de financer la construction d’une centrale hydroélectrique sur le fleuve Sénégal, à Felou, au Mali.
Les organisateurs de la conférence sur les migrations qui s’est déroulée en début de semaine à Rabat l’avaient annoncé avant le déroulement des travaux : il n’était pas question d’augmenter l’aide au développement. Deux jours après cette réunion, l’Union européenne lance un programme de travaux publics à grande échelle sur le continent.
Ensuite, l’électricité
Des organisations internationales comme l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) mettent en avant depuis longtemps le manque cruel d’infrastructures en Afrique. Pour l’OCDE, il est évident que « le développement de projets d’infrastructures régionaux concourt à l’élargissement des marchés, permettant ainsi la création d’économies d’échelle. Les investissements privés sont favorisés et permettent à leur tour le développement des transports, des télécommunications, de l’offre d’énergie et des marchés susceptibles de soutenir un secteur privé en expansion. Finalement, le développement des infrastructures contribue à la réduction de la pauvreté en améliorant les perspectives de commerce et d’emploi ».
par Colette Thomas
Article publié le 13/07/2006Dernière mise à jour le 13/07/2006 à TU