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Irak

Attaques meurtrières contre les chiites

L’explosion d’un véhicule, dans le centre-ville de Koufa, a provoqué la mort de 59 personnes. Il y a plusieurs dizaines de blessés.  

		(Photo : AFP)
L’explosion d’un véhicule, dans le centre-ville de Koufa, a provoqué la mort de 59 personnes. Il y a plusieurs dizaines de blessés.
(Photo : AFP)
Un nouvel attentat-suicide à Koufa, ville irakienne à dominante chiite, a provoqué mardi la mort de 59 personnes. Une explosion, suivie de violences : le scénario se répète depuis plusieurs jours. Le gouvernement irakien semble impuissant à maintenir l’ordre alors que la situation se tend à la frontière avec la Turquie.

L’explosion d’un véhicule, dans le centre de Koufa, a provoqué la mort de 59 personnes. Il y a 132 blessés. L’attaque-suicide s’est produite en tout début de matinée, au centre-ville. Des témoins ont raconté que, comme c’est l’habitude, des ouvriers attendaient sur cette place à la recherche d’un emploi pour la journée. Ils se sont approchés d’une camionnette dont le conducteur pouvait proposer du travail. Un témoin, blessé dans l’explosion, a raconté ce qui s’était passé. «Une voiture bleue est arrivée et des douzaines de travailleurs l’ont entourée pensant que son conducteur cherchait des ouvriers. Quelques instants plus tard, tout volait en l’air ». L’attentat s’est produit à proximité de la grande mosquée de la ville de Koufa où vivent surtout des chiites. 

A leur arrivée sur le lieu de la tuerie, les policiers irakiens ont été accueillis par des jets de pierre. Une manifestation s’est improvisée. Dans la foule, des partisans de l’imam chiite radical Moktada Sadr : « Nous voulons que l’armée du Mahdi nous protège ! Nous voulons que l’armée de Moktada nous protège ! ». Des manifestants s’en sont pris aux forces de l’ordre, les traitant d’incapables, de traîtres et d’agents à la solde des Etats-Unis. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a condamné cet attentat. Il a promis de « pourchasser ses auteurs et de les châtier ». Le gouverneur de Nadjaf, Assad Abou Kalal, a imputé cet attentat aux «criminels baasistes et aux terroristes de Mahmoudiya ».

Chaque jour un attentat

En Irak, les attentats sont quasiment quotidiens. Le dernier est l’un des plus graves depuis le début de l’année. La communauté chiite est chaque fois visée. Hier lundi, 48 personnes ont été tuées dans la ville de Mahmoudiyah, au sud de Bagdad. « Deux voitures piégées ont explosé. Ensuite, il y a eu des tirs de mortier et ensuite, des hommes armés ont ouvert le feu sur la foule, au marché », a indiqué le général Abdelaziz Mohammed au cours d’une conférence de presse. Un blessé a raconté avoir vu arriver « au moins six voitures avec à bord environ 20 hommes armés et masqués. Ils ont bloqué la rue à ses deux extrémités et ouvert le feu. Il y avait des femmes, des enfants, des personnes âgées ». Le président irakien Jalal Talabani a dénoncé cette opération indiquant que «cet acte de lâcheté est le signe de la sauvagerie de ces criminels qui se prétendent résistants ». 

Des responsables chiites se sont émus de ces attaques en série contre leur communauté. La veille (dimanche), un attentat contre un café à Touz Khormatou, à 150 kilomètres au nord de Bagdad, avait provoqué la mort de 28 personnes dont 25 chiites. Là encore, les violences sont attribuées à des fidèles de Saddam Hussein dont le régime était dominé par les musulmans sunnites.

A Bagdad, le Conseiller de la sécurité nationale Mouffak Al-Roubaye, a annoncé qu’un membre présumé d’al-Qaïda a été tué. De nationalité jordanienne, Dirar Ismail Mahmoud dit Abou al-Afghani était considéré comme le meurtrier de deux soldats américains. « C’est un coup sévère porté à al-Qaïda », a indiqué le responsable. « C’était un proche du nouveau leader d’al-Qaïda en Irak, Abou Ayyoub al-Masri (…) il a été tué il y a quelques jours par nos forces », a-t-il encore précisé. Par ailleurs quatre autres membres présumés de l’organisation terroriste ont été arrêtés. Les autorités irakiennes les soupçonnent d’être responsables d’une centaine « d’assassinats ».   

Bruit de bottes à la frontière avec la Turquie

La situation pourrait par ailleurs se détériorer dans le nord du pays. Lundi, la Turquie a appelé les Etats-Unis et l’Irak à agir contre les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Retranchés dans les montagnes du nord de l’Irak, ces rebelles ont, ces derniers jours, multiplié les incursions dans le sud-est anatolien. Durant les cinq derniers jours, ces escarmouches ont fait 15 morts du côté des forces turques. Suite à cet appel de la Turquie contre les rebelles, les Etats-Unis ont lancé un avertissement à Ankara. « Une action militaire unilatérale par delà la frontière avec l’Irak ne serait pas sage », a lancé l’ambassadeur américain en Turquie Ross Wilson, à l’occasion d’une interview télévisée. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt réagi, mettant en avant le soutien américain à l’offensive israélienne en cours au Liban et dans les Territoires palestiniens. « Le terrorisme est du terrorisme partout. Il n’est pas possible d’être d’accord avec une mentalité bienveillante à l’égard d’un pays A mais qui montre une attitude différente quand il s’agit d’un pays B », a déclaré le chef du gouvernement turc, laissant entendre que son pays se préparait à une éventuelle entrée en Irak. Depuis plus de vingt ans, tous les gouvernements turcs sont confrontés à la rébellion des indépendantistes du PKK. 

C’est dans ce contexte que les troupes japonaises ont terminé, lundi, leur retrait d’Irak. Le 20 juin dernier, le Premier ministre Junichiro Koizumi avait annoncé que les soldats de son pays allaient définitivement quitter l’Irak et la coalition internationale. Les forces japonaises ont effectué dans ce pays leur première mission à l’étranger depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.



par Colette  Thomas

Article publié le 18/07/2006Dernière mise à jour le 18/07/2006 à TU